Philippe Pernet Balson est un photographe populaire de Troyes (Aube). On lui doit de nombreux clichés de cette cité historique, au patrimoine renommé. Depuis le lundi 1er décembre 2025, il republie ses photographies, où il a greffé des scènes historiques ou de vie du passé grâce à l’intelligence artificielle (IA).

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Vous ne pouvez plus croiser un tailleur de pierre dans les rues, travaillant sur les belles statues de Saint-Pantaléon ou de Saint-Pierre Saint-Paul. Il s’agit de riches édifices religieux qui ont fait la renommée de Troyes (Aube), l’une des plus importantes cités marchandes du Moyen Âge et de la Renaissance.

Philippe Pernet Balson, photographe local bien connu, est un amoureux des vieilles pierres et des maisons à pans de bois de Troyes. France 3 Champagne-Ardenne avait eu l’occasion de partager ses ravissantes photographies de jonquilles, étalées en centre-ville.

Depuis le lundi 1er décembre 2025, le photographe et ancien gérant de sociétés de communication a entamé une nouvelle démarche présentée au public : Mise en Seine. Un véritable calendrier de l’Avent (c’est son premier) permettant d’effectuer un retour sur ses plus beaux clichés. Leur spécificité et signature, c’est qu’on n’y voit jamais personne, ni voiture, ni affichage qui risqueraient d’identifier leur époque. Ainsi, ils semblent intemporels.

Mais cette fois, Philippe Pernet Balson, féru de nouvelles technologies (il suivait déjà les prémices d’Internet à l’époque), a utilisé l’intelligence artificielle (IA) dont on parle tant. Un outil qu’il juge de plus en plus « bluffant ». Il en a fait usage afin de peupler ses clichés (qui eux sont bien de lui et ne sont pas générés par IA). On y retrouve des figures de légendes médiévales, des artisans de l’ancien temps, ou encore des scènes qui ont fait l’histoire de Troyes (en voir une via la photographie Facebook ci-dessous).

Sollicité à nouveau par France 3 Champagne-Ardenne, Philippe Pernet Balson explique qu’il profite de sa récente retraite (mois de novembre) pour se consacrer un peu plus à la dimension artistique de sa passion photographique. Étant « curieux », il s’intéresse à l’IA comme outil. Son beau-fils travaille dans ce domaine (notamment ses applications pour l’artisanat et l’industrie) à Oxford (comté anglais de l’Oxfordshire, au Royaume-Uni. « Il m’en parle depuis pas mal de temps. Je me suis aperçu qu’il ne fallait pas en avoir peur. » Et qu’on pouvait s’en servir de manière « intelligente ».

Ce qu’il a fait. « Étant donné que Troyes est une ville moyenâgeuse, j’ai essayé, à l’intérieur de mes propres photos, de raconter des scènes, des histoires. » Il a fait usage de l’outil de génération d’image Nano Banana (pro, payant), proposé par l’intelligence artificielle Gemini de Google. « Sa puissance est exceptionnelle. Il permet d’avoir des graphismes sophistiqués, sans attendre plus de 30 secondes. » Bien sûr, ce qu’on appelle le prompt (instruction) prend plus de temps à faire. Plus c’est détaillé, plus le résultat est susceptible de correspondre aux attentes. « Il est capable d’analyser [la] scène, [corriger]. De surcroît, il décrit son raisonnement. Au moment de composer une scène, il est capable de se poser une question, et [d’émettre des suggestions que l’on peut choisir d’utiliser]. »

« Sur une de mes photos en public, il a trouvé qui j’étais alors que mon nom n’y était pas cité. Comme je lui avais déjà transmis une photo de moi, il savait très bien quel visage je pouvais avoir. » Autre exemple : « je voulais un soleil couchant, mais il indiquait que les ombres, l’ensoleillement n’allaient pas être cohérents. Il m’a proposé de changer ça. C’est vraiment un outil avec lequel on n’oubliera bientôt plus [aucun détail] dans une photo pour la rendre plausible. » Ses échanges avec Gemini lui ont aussi permis de découvrir que l’écrivain médiéval Chrétien de Troyes avait une comparse mois connue, la poétesse Marie de France, dont il n’avait jamais entendu parler malgré son érudition.

Concernant les métiers, du cordonnier (qui officiait encore dans son vieux bâtiment à pans de bois vers 1950) au tailleur de pierres, en passant par les ouvrièr(e)s des bonneteries, il avait une grande envie de pouvoir « les illustrer. J’invente mes histoires en fonction de ce que je veux réunir : je vais essayer de trouver un fil conducteur. »

Une photographie de la Bourse du travail et d’une ancienne usine (GL Outillage, ex-Lebocey Industrie et Vallée Gautier) permet ainsi d’opérer un véritable voyage dans le temps. Il a pu en profiter grâce à l’un de ses amis qui en possède les clés : autrefois, Philippe Pernet Balson a eu l’occasion d’y photographier des modèles (une autre de ses spécialités). « Quand j’ai parlé de l’industrialisation de Troyes, je n’ai jamais eu autant de [retours de] personnes qui travaillaient dans les entreprises dont je citais les dirigeants, et qui n’ont jamais su tout ça. » Il rappelle qu’à Troyes, on employait les hommes et les femmes, permettant à certains ménages d’avoir deux salaires pour subvenir à leurs besoins (contempler la photographie Facebook ci-dessous).

Ce calendrier de l’Avent pas comme les autres rencontre un grand succès. « Les commentaires sont très nombreux. C’est la première fois que j’en reçois autant, et sur chacune des publications. J’en ai rarement eu autant. Ce sont des remerciements pour cette idée originale, cette façon que j’ai de [proposer] des anecdotes qui intéressent le public. De raconter une petite histoire, sachant que je ne suis qu’un historien d’opérette : je n’ai fait que picorer les renseignements de mes amis, [eux] véritables historiens que je connais de longue date. » (voir Troyes sur la carte ci-dessous)

Le photographe a déjà d’autres idées du même acabit pour après décembre, par exemple des représentations de ce qui aurait pu être dessiné ou peint, à partir de ses photographies de Troyes, par les artistes qu’on expose au musée d’art moderne (comme l’incontournable Renoir, dont l’épouse est née à côté, à Essoyes, une localité qui l’inspirera). « Comment auraient-ils pu peindre ces endroits ? Et pourquoi ne l’ont-ils pas fait ? » Le public n’a donc pas fini de redécouvrir la cité tricasse.