« Ici, on flâne. » Et l’œil vagabonde. Voltigeant d’une étagère à une table basse, d’une console à un bout de mur, il s’arrête sur de mini-portraits d’animaux, rebondit sur un tableau, s’attarde sur un soliflore de bois aux lignes aussi élégantes qu’épurées puis sur un éclat de verre qu’une main inspirée a fait objet.

La main est passée maîtresse, ici. La main et son intelligence, à l’œuvre autour de matières aussi diverses que le bois, la résine, la céramique, la peinture, ou encore le cuir, le papier mâché, le verre ou le graphite… La main qui crée des objets en même temps qu’elle révèle des sensibilités artistiques.

Ils sont une vingtaine à avoir donné corps à leurs idées par l’intercession de leur main. Une vingtaine d’exposants, artistes créateurs, tous réunis depuis cet automne dans la même galerie et sous la même enseigne : Les Mordus.

« Mordus parce que ce sont tous des passionnés et que je suis tenace », avance Pascal Vautrin, l’un des fondateurs du lieu. « Voire têtu », renchérit Jeannet, cofondatrice, dans un large sourire. « Très têtu, c’est vrai », concède l’intéressé. « Quand j’ai une idée en tête, je suis un vrai mordu. »

Et sa dernière idée a pris ses quartiers au 19, Grande Rue, sous forme d’une galerie d’objets d’art et d’artisanat. Une adresse pérenne, choisie dans le plus touristique des quartiers de la Ville.

Formule en souplesse

« C’est ce qui nous a décidés », reconnaît Jeannet. « Une rue piétonne, dans le cœur historique, où les gens prennent le temps de flâner. Et donc de s’arrêter quand ça leur plaît. »

Quant à la formule, elle permet à des créateurs, toujours un peu en mal de visibilité, de montrer leur travail sur la durée. « D’habitude, d’ailleurs, je m’exposais plutôt sur des salons, des événements temporaires », témoigne la maroquinière Juliette Wolff. « Mais j’avais envie d’un peu plus de calme, une solution plus posée. Alors je teste ! »

Et si elle peut tester, c’est que l’engagement lui en laisse la souplesse. « Les exposants adhèrent par contrat pendant des périodes définies, renouvelables, sans limite », précise Pascal. « Des contrats qui incluent ou non d’assurer des permanences, selon leurs envies et leurs disponibilités. Mais c’est pas mal de pouvoir expliquer son travail en direct. »

Sélection collégiale

En outre, l’association Cez’arts, support de l’initiative, perçoit une commission sur les pièces à tarif élevé. « Étant entendu qu’on n’a pas vocation à faire de bénéfice. Il faut juste faire en sorte que le dispositif fonctionne. De notre part, c’est du bénévolat pur et simple. »

Quant à la sélection, elle s’opère de façon collégiale. Les candidats n’ont d’ailleurs pas tardé à frapper à la porte. Sachant qu’en plus, ici, on ne leur réclame par l’exclusivité. La main créative peut donc simultanément montrer ailleurs de quoi elle est capable !

Les Mordus, 19 Grande-Rue, les mercredi et jeudi de 14 h à 18 h 30 ; les vendredi et samedi de 10 h à 19 h.