C’est une première victoire en justice pour Nolwenn et Olivier Saget. Fin 2016, le couple a créé un bassin de natation… dans son jardin, au 5 boulevard Albert Ier, dans le quartier de Bréquigny à Rennes. Ensemble, ils ont fondé la société BlueNat pour permettre à des petits groupes de personnes de profiter d’un cadre très privé pour apprendre à nager, perfectionner sa technique de nage ou profiter d’une séance d’aquagym.

Mais le couple n’a pas vu d’un très bon œil l’arrivée d’un gros projet immobilier avec vue plongeante sur leur jardin et leur piscine. En effet, le 29 mai 2024, la mairie de Rennes a accordé un permis de construire au promoteur Bâti Armor. Ce projet, situé au 311 rue de Nantes, prévoit la construction d’un bâtiment de huit étages comprenant une résidence pour personnes âgées de 58 logements, des bureaux et des activités commerciales. Mme et M. Saget ont donc demandé devant le tribunal administratif de Rennes la suspension de l’exécution du permis de construire, estimant que ce projet immobilier allait nuire à leur activité en créant des vues sur leur bassin. Le projet se situant à moins de 20 mètres de la piscine BlueNat.

Un intérêt à agir reconnu

Suite à l’audience du 16 décembre 2025, le tribunal administratif de Rennes à rendu sa décision. Selon l’ordonnance du 23 décembre 2025, consultée par Le Télégramme, le juge a donné raison au couple Saget et a validé leur légitimité à contester le projet immobilier en tant que voisins. Le juge des référés a retenu que les caractéristiques de l’immeuble – une hauteur dépassant 26 mètres sur huit étages et la création de nouvelles ouvertures – généreraient des vues directes sur leur piscine, dégradant ainsi « leurs conditions de jouissance ».

Le tribunal administratif a aussi retenu le caractère « urgent » d’une situation qui « porte atteinte, de manière suffisamment grave et immédiate » aux intérêts que défend le couple. « La construction d’un bâtiment autorisée par un permis de construire présente un caractère difficilement réversible », poursuit le juge dans ses conclusions.

Des doutes sérieux sur la légalité

De plus, des doutes sur la légalité du projet ont été mis en cause par l’avocate du couple, Me Paulic. Celui-ci ne précise pas suffisamment l’état initial de la végétation, ni le traitement futur des espaces libres. Le projet prévoit également la suppression de quatre arbres mais seulement trois devaient être remplacés. Le juge a souligné l’absence de justification pour le quatrième arbre, alors qu’une surface disponible de 173 m² permettrait sa replantation.

Le juge des référés a donc ordonné la suspension de l’exécution du permis de construire en attendant que celui-ci « soit statué au fond sur sa légitimité » lors d’une prochaine audience devant le tribunal. Le promoteur immobilier et la mairie de Rennes peuvent faire appel de cette décision.