Publié le
23 déc. 2025 à 17h32
« J’ai été victime de harcèlement sexuel par un professeur de Sciences Po pendant un an et demi », a lancé une étudiante de Bordeaux dans une vidéo diffusée sur TikTok vendredi 12 décembre 2025. « J’avais 16 ans et lui 37. » Les faits qu’elle rapporte concernent un enseignant de l’établissement parisien, alors qu’elle était en terminale.
Son lycée de la région bordelaise avait un partenariat avec Sciences Po Paris. « Les élèves avaient la possibilité de rencontrer les professeurs, d’échanger avec des élèves, de visiter le campus, etc. », relate la jeune femme qui rêvait d’intégrer l’établissement depuis plusieurs années.
Des messages sur son physique
Les échanges ont commencé par mail de manière « très cordiale », puis la conversation a continué par messages. « J’étais très heureuse de voir que quelqu’un comme lui s’intéressait à moi parce qu’il y a un besoin de reconnaissance qui est extrême quand on passe ce genre de concours. La confiance que j’avais en moi était à zéro », se souvient l’étudiante.
Très rapidement, les messages se seraient dirigés vers son physique : « Mes lèvres, mes mains, ma manucure, mon maquillage, la façon dont je m’habillais, ce que je pouvais faire aux hommes », liste la jeune femme.
( Prof/responsable à Scp Paris, aujourd’hui je suis à Bordeaux. ) #sciencespo #concoursiep
Elle se rappelle qu’il lui proposait « très souvent » d’aller prendre des cafés ou manger au restaurant. Il lui fait aussi passer des tests sur ses « connaissances par rapport à certaines pratiques [sexuelles] et des IST ».
« Je me suis très très vite sentie isolée », relate l’étudiante. Le professeur était alors « membre du jury et relisait les lettres d’admission ». « D’un point de vue légal, je ne pouvais pas dire que c’était de la pédocriminalité », souligne la jeune femme qui pensait être « la seule ».
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« J’avais jamais voulu en parler, c’était quelque chose qui me salissait beaucoup. J’avais envie de préserver une safe space autour de moi. Ce n’était pas possible pour moi de briser le seul endroit où il n’était pas présent ».
L’homme qu’elle accuse lui aurait envoyé des messages tous les jours, puis toutes les semaines alors même qu’elle avait arrêté de lui répondre. Et puis début décembre, elle apprend qu’il « s’était passé la même chose avec une autre fille » de son lycée. C’est le déclic.
Il a été mis à pied
Si elle a posté sa vidéo, c’est pour trouver d’autres potentielles victimes et « monter un vrai dossier » devant la justice. Le jour même, les deux femmes ont signalé les faits auprès de Sciences Po Paris. L’homme mis en cause n’est plus enseignant mais membre du personnel administratif.
D’après l’AFP, il a été reçu lundi 15 décembre par la direction et immédiatement mis à pied « dans l’attente des suites de la procédure pouvant conduire à son licenciement ». Il n’aurait pas nié les faits qui « sont circonstanciés ».
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L’école a indiqué à l’AFP avoir reçu « sept témoignages supplémentaires » en une semaine et « réfléchir » à saisir la justice. De son côté, l’Union étudiante mentionne « une vingtaine de victimes », après de nouvelles manifestations. « Cette nouvelle affaire doit permettre une libération de la parole ».
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