Une Maison du rugby qui permettrait de créer un véritable campus pour les jeunes joueurs de l’USAP, voilà le nouveau très grand projet de François RIvière. Le président du club catalan travaille « depuis cinq ans » à la création de deux nouveaux bâtiments qui viendraient s’intégrer à la plaine des jeux André Sannac. Un second centre d’entraînement viendrait rejoindre celui inauguré en juillet dernier, mais aussi un institut de formation ou encore des logements. Plus de 7,5 millions d’euros devraient être mis sur la table.

Le président de l’USAP, François Rivière, n’est pas connu pour être un homme de mesure. Mais il l’assure sans détour : « Ce projet sera le plus important dans l’histoire de l’USAP depuis dix ans et il marquera la fin de ma présidence ». Il fait ainsi référence à un grand chantier qu’il voudrait voir sortir de terre à la plaine des jeux André Sannac, là où a déjà été construit le centre d’entraînement de l’équipe professionnelle. C’est ici qu’il imagine l’édification d’une Maison du rugby et d’un ensemble de logements destinés aux jeunes joueurs en formation.

Si, depuis juillet dernier, les hommes de Laurent Labit s’entraînent dans leur centre de la plaine des jeux, tous les rugbymen et rugbywomen de l’USAP n’ont pas ce luxe. François Rivière veut ainsi créer un second centre d’entraînement destiné aux jeunes, aux espoirs et aux féminines. Un équipement qui serait intégré dans une « Maison du rugby » à plus large vocation. « Elle sera également dédiée à la formation. Aujourd’hui, l’USAP accompagne 150 jeunes âgés entre 16 et 22 ans qui sont dans notre institut de formation. Jusque très récemment, ils étaient dispersés dans des classes un peu partout. Depuis peu, nous avons trouvé une solution transitoire pour les regrouper en récupérant les anciens locaux de la ligue de rugby à côté du collège Marcel-Pagnol. Mais ce n’est pas une solution durable. Nous intégrerons leurs salles de classe directement dans la Maison du rugby ». L’idée étant donc de concevoir au cœur du Vernet un véritable Campus USAP où les jeunes pourront s’entraîner, étudier dans des formations de sport, commerce, tourisme ou management, se restaurer et dormir. Par ailleurs, ce lieu accueillerait toutes les actions dites d’intérêt général du club, à l’instar du rugby santé ou du rugby handicap, qui ont accompagné l’an passé 5 500 personnes.

25 studios en construction

Toujours dans cette volonté d’améliorer la formation de ses jeunes, François Rivière voudrait l’édification d’un second bâtiment où seraient construits « 25 petits studios par Perpignan Habitat ». Il justifie cette volonté par une nécessité d’améliorer les conditions d’accueil des rugbymen en herbe : « Quand on reçoit des jeunes de 17 ans, si les conditions de logement ne conviennent pas à leurs parents car il se trouve dans un quartier en grande difficulté, nous ne pouvons pas lutter. Je pourrais malheureusement citer des dizaines de cas qu’on a vécus depuis plusieurs années où les parents ont refusé de nous les confier, compte tenu des conditions de logement ».

Le projet s’intégrerait à la plaine des jeux, là où a déjà été construit le centre d’entraînement.

Le projet s’intégrerait à la plaine des jeux, là où a déjà été construit le centre d’entraînement.
L’Indépendant – Nicolas Parent

Selon François Rivière, la Maison du rugby serait construite entre les deux terrains de rugby, synthétique et naturel. Cela nécessiterait la démolition de la halle en béton existante. Ce nouveau bâtiment aurait la même forme architecturale que le centre d’entraînement déjà en place. L’immeuble consacré aux logements serait édifié juste derrière. En cours de budgétisation, le premier chantier nécessiterait un investissement de « 6 millions d’euros » qui serait financé « à 50 % minimum par moi, et le reste par les collectivités », précise François Rivière. Et le second avoisinerait « 1,5 million d’euros financé par Perpignan Habitat ».

« Que l’on s’entende bien, c’est un investissement qui sera déficitaire pour moi, lâche le président de l’USAP. Mais si je le fais, c’est pour structurer l’avenir du club qui a besoin d’un outil de formation complet. On va vraiment faire un site dédié à la mise en valeur du rugby, pour les jeunes notamment, pour les féminines et pour toutes les personnes en difficulté de vie. »

Selon ses prévisions, François Rivière espérerait obtenir les permis de construire courant 2026, pour des projets sortis de terre un an et demi à deux ans plus tard.

Contactée, la Ville de Perpignan n’a pas souhaité s’exprimer.

« Si l’USAP avait dû prendre cet investissement en charge, il n’y avait plus de club »

Le sujet de la plaine des jeux a provoqué quelques débats au dernier conseil municipal de Perpignan, le 18 décembre dernier. Quand la question de sa redevance d’occupation pour les trois années à venir a été évoquée, le groupe d’opposition porté par Bruno Nougayrède a interrogé son montage financier. Mais jamais ce projet de Maison de rugby n’a été révélé durant cette session.

Pour comprendre : une autorisation d’occupation de territoire a été signée pour trois ans par la société de François Rivière, La Compagnie des villes, la SASP USAP (le club, NDLR), USAP formation et l’Association USAP. Ces signataires se sont réunis sous la société civile immobilière (SCI) Maison du rugby qui sera chargée de concevoir, de construire et d’exploiter ces nouvelles infrastructures. Dans cette SCI, c’est la société de François Rivière qui apparaît comme majoritaire.

« Nous ne pourrons pas faire ces investissements au nom de l’USAP, assure le président. Quand j’ai repris le club voilà 12 ans, j’ai dû prendre à ma charge 2,5 millions d’euros liés à la brasserie du quai Vauban qui avait failli tuer le club. Aussi, si la SASP USAP avait pris ce nouvel investissement à sa charge, nous aurions été obligés de les intégrer aux finances du club. Si nous investissions 3 à 5 millions dans ce quartier qui n’est pas rassurant économiquement, l’Autorité de régulation du rugby aurait considéré qu’il s’agit d’un investissement à perte et nous aurait obligés à les provisionner. Et, là, il n’y a plus de club. C’est pour cela que je le prends à ma charge en majorité. Ma volonté est de structurer durablement le club pour qu’on ait la possibilité de conserver nos jeunes. J’assume. »

In fine, la SCI « souhaite signer un bail emphytéotique avec la commune de Perpignan, d’une durée comprise entre 50 et 70 ans suffisamment longue pour amortir les investissements réalisés ».