Par
Mathieu Alfonsi
Publié le
23 déc. 2025 à 10h54
La grippe s’invite pour les fêtes, et on aurait aimé l’éviter. Toute la France est en situation d’épidémie depuis plus d’une semaine, selon Santé publique France, et le pic est attendu dans les prochains jours, voire les prochaines semaines. Portée par le sous-clade K du virus A/H3N2 (ou plus simplement le variant K), la grippe sera donc de la partie à Noël.
Vaccin, transmission, risques et symptômes… Pour y voir plus clair sur cette situation, actu.fr vous apporte les réponses aux 10 interrogations clés que vous pouvez vous poser à ce sujet.
1 – Est-ce qu’on peut vraiment parler de « super grippe » cette année ?
C’est encore trop tôt pour qualifier l’épidémie de cette année de « super grippe », selon les dires d’Antoine Flahault, épidémiologiste et professeur à l’université Paris Cité – Inserm, contacté par actu.fr.
« La grippe est une infection virale respiratoire saisonnière qui survient par vagues épidémiques chaque année durant la saison froide », rappelle-t-il, avec des épidémies « plus ou moins fortes ».
Si la grippe cette année est plus précoce que d’ordinaire en France, selon l’institut Pasteur, et que le virus circule activement, pas de quoi la qualifier donc de « super grippe », ce qui n’a pas vraiment de sens scientifique d’ailleurs. Au Royaume-Uni, par contre, pays très touché, les autorités sanitaires parlent d’une « vague sans précédent ».
Dans la carte ci-dessous, basée sur les données de Santé publique France (SPF) de la semaine dernière, concernant les taux de passages aux urgences enregistrés sur notre territoire, actu.fr a mis en lumière les départements de France les plus touchés par le virus de la grippe.
2 – Quels sont les symptômes ?
Selon le site de l’Assurance maladie, la maladie se déclare sous 48 heures en moyenne. Les symptômes sont une forte fièvre (autour de 39 °C) accompagnée de frissons, une fatigue intense, une sensation d’abattement avec perte d’appétit, des douleurs musculaires – comme des courbatures – et articulaires, des maux de tête et une toux sèche et douloureuse.
Des symptômes assez proches de ceux du Covid-19 et de la bronchiolite. Alors comment faire la différence entre les trois virus ?
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On ne sait pas distinguer cliniquement les infections virales respiratoires entre elles dans la plupart des cas. (…) De plus, toutes ces infections peuvent parfois être paucisymptomatiques, c’est-à-dire associées à très peu de symptômes. Enfin, certains symptômes peuvent égarer le diagnostic, notamment lorsque le patient présente des signes digestifs prédominants.
Antoine Flahault
Épidémiologiste
« On observe des symptômes spécifiques tels que l’anosmie, qui est la perte de l’odorat ou du goût des aliments », pour le Covid-19, rappelle l’OMS sur son site. Mais le diagnostic ne peut être apporté que par un test diagnostique rapide ou par PCR, précisait Antoine Flahault dans un précédent article d’actu.fr. Ce que confirme le site de l’Assurance maladie.
Quid de la bronchiolite ? Là aussi, elle présente des symptômes similaires avec la grippe, comme la toux sèche. Mais survient ensuite « une gêne respiratoire qui se traduit par une respiration rapide et sifflante (bruyante à l’expiration) », explique Ameli.fr. Des symptômes qu’on ne retrouve pas dans la grippe.
3 – La grippe est-elle plus mortelle cette année ?
L’année dernière, la grippe avait causé la mort de 17 000 personnes en France. Qu’en sera-t-il cette année ? Pour l’instant, selon Antoine Flahaut, il est encore trop tôt pour « évaluer avec précision la sévérité des souches grippales circulantes ».
Le virus actuel majoritaire en France – le sous-clade K du virus A/H3N2 – a déjà bien circulé dans d’autres pays depuis plusieurs semaines, « sans avoir causé une plus grande sévérité rapportée », rassure-t-il.
Si la grippe est une infection bénigne chez la plupart des patients, elle reste potentiellement très grave et même mortelle chez certaines personnes très âgées et fragiles qui la contractent.
Antoine Flahault
Épidémiologiste
En revanche, il rappelle une règle arithmétique : « Si le nombre d’infections est élevé cette année, alors le nombre d’hospitalisations et de décès suivra également sans que la souche ne soit nécessairement plus virulente ».
4 – Quand le pic de l’épidémie est-il attendu ?
Comme nous l’expliquions dans un précédent article, la circulation du virus de la grippe pourrait avoir un « fort impact » pendant les fêtes de fin d’année sur le système de soins, ont anticipé, mercredi 17 décembre, l’Institut Pasteur et Santé publique France, dans un nouveau rapport.
Les analyses prospectives des deux institutions montrent une poursuite de la dynamique épidémique… avec un maximum de l’activité grippale attendu à court terme, notamment durant la période des vacances de Noël.
Il devrait être accompagné d’une augmentation notable des consultations médicales et des passages à l’hôpital, alors que les établissements de santé sont déjà exsangues à cette période. Attention donc au repas de Noël et aux retrouvailles avec toute la famille, et prudence avec les plus anciens.
5 – Combien de temps est-on contagieux ?
Pour la grippe, la réponse est simple : les personnes touchées sont contagieuses lorsqu’elles présentent des symptômes respiratoires, explique l’expert de l’INSERM.
Surtout, on peut contracter la grippe plusieurs fois au cours de la même saison. Seulement, ce ne sera pas le même virus : « Actuellement circulent plusieurs types de virus grippaux différents (A et B), plusieurs sous-types différents (A/H3N2 et A/H1N1) et plusieurs sous-clades différents de A/H3N2. »
Antoine Flahault ajoute : « Sans parler des virus non grippaux comme le SARS-CoV-2 du Covid ou le VRS de la bronchiolite. Donc oui, on peut très bien attraper plusieurs fois un authentique syndrome grippal à quelques semaines d’intervalle ». En attrapant différents virus à chaque fois.
6 – Quel traitement prendre pour se soigner ?
L’ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament) est formelle : « Évitez de prendre un AINS (ibuprofène, kétoprofène, etc.) [anti-inflammatoires, ndlr] si vous avez les symptômes d’une infection : fièvre, toux, fatigue, douleurs », lit-on sur son site, comme l’explique cet article d’actu.fr.
La raison ? Leur prise peut masquer les symptômes d’une infection bactérienne (streptocoque, pneumocoque) et retarder un traitement adapté, alerte aussi l’ANSM.
En cas de fièvre, les spécialistes recommandent plutôt de prendre « des traitements antipyrétiques à base de paracétamol », comme l’explique Antoine Flahault. Mais aussi de réduire la température ambiante de la chambre la nuit.
L’ANSM recommande aussi de privilégier le paracétamol pour soulager la fièvre ou la douleur si l’on souffre d’une infection courante (angine, rhinopharyngite, otite, infection dentaire ou cutanée). La prise de Doliprane, de Dafalgan et d’Efferalgan par exemple est plus appropriée. « Optez toujours pour la dose efficace la plus faible, le moins longtemps possible », ajoute l’agence.
7 – Quand faut-il s’inquiéter et se rendre aux urgences ?
Les services d’urgence étant déjà saturés, il est recommandé d’éviter de s’y rendre pour une « grippe banale quand on est en bonne santé par ailleurs », explique Antoine Flahault.
Les soignants ne feront rien de plus que le médecin ou le pharmacien, en proposant un traitement symptomatique contre la fièvre et les signes respiratoires bénins.
Antoine Flahault
Épidémiologiste
Vous pouvez vous rendre aux urgences lorsque votre état clinique se détériore et qu’une insuffisance respiratoire apparaît. Autre situation : lorsque vous avez une fragilité particulière. « L’appel du médecin traitant (ou du 15 en son absence) dénouera le problème et orientera éventuellement vers les urgences », explique-t-il.
8 – Pour s’en protéger, il y a le vaccin : mais est-il vraiment efficace ?
Le nouveau variant majoritaire aujourd’hui, le sous-clade K, a été découvert après la création du vaccin annuel. « Le vaccin contre la grippe est connu pour ne pas être très efficace contre l’infection banale de grippe, et le clade K n’a émergé qu’après que l’OMS a formulé ses recommandations sur la composition vaccinale disponible cette année », argue Antoine Flahault dans cet article d’actu.fr.
Ce qui n’améliorera pas la situation, comme en convient le spécialiste. Mais le vaccin confère néanmoins une protection contre les formes sévères, les hospitalisations et les décès aux personnes âgées et fragiles. Cette mesure est recommandée par précaution.
9 – Le vaccin est-il gratuit ? Combien coûte-t-il ?
La campagne de vaccination est ouverte jusqu’au 31 janvier 2026. Le prix de l’injection est pris en charge dans les conditions habituelles par l’Assurance maladie.
En revanche, le vaccin est gratuit pour les personnes à risque. Les personnes en bonne santé, elles, doivent s’acquitter du coût (10 à 13 euros selon les pharmacies).
10 – Les fêtes de fin d’année sont toutes proches, est-il encore utile de se faire vacciner maintenant ?
L’épidémie de grippe peut parfaitement se prolonger dans les prochains mois. Se faire vacciner est donc encore utile (et pas qu’en prévision de Noël), d’autant plus qu’il faut une quinzaine de jours pour qu’il produise une immunité. En revanche, si vous souhaitiez vous faire vacciner avant les fêtes, et protéger ainsi vos proches à risque, le vaccin n’aura aucun effet.
D’autres solutions existent pour s’en protéger. La grippe se transmet par les aérosols de notre respiration dans des lieux clos, bondés et mal ventilés.
« Pour réduire le risque de transmission, notamment à des proches âgés, on peut, en plus de la vaccination, porter un masque FFP2 dans ces situations, et chercher à se rencontrer à l’extérieur ou encore ouvrir largement les fenêtres lorsque le temps le permet », nous explique Antoine Flahault. De quoi réduire les risques à Noël.
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