Depuis dix ans, le plan ouvert s’est imposé
comme le graal des annonces immobilières : grande pièce de vie,
cuisine qui se prolonge dans le salon, circulation fluide. Puis le
quotidien, les confinements et le télétravail ont fissuré ce rêve.
Bruit, bazar, odeurs de cuisine et visioconférences se mélangent
dans une seule et même pièce.
Beaucoup de lecteurs se demandent donc si ces plans
ouverts sont dépassés et s’il faut tout re-cloisonner. Les
designers interrogés en France, au Royaume-Uni et aux États-Unis
décrivent un paysage bien plus nuancé, où l’intimité remonte en
flèche sans que l’on renonce à la lumière ni à la convivialité. La
vraie tendance se cache dans les détails du plan.
Plans ouverts, plans fermés : ce que les designers
observent
Pour la décoratrice Emily LaMarque, le tournant s’est joué
pendant la crise sanitaire : « Pendant la pandémie, énormément de
personnes sont passées au travail et à l »apprentissage à domicile
et avaient besoin d’espaces individualisés », explique Emily
LaMarque, citée par The Spruce. « En conséquence, les maisons avec
des espaces polyvalents qui offrent de l’intimité et des occasions
de silence sont devenues de plus en plus désirables, et ce besoin
n’a vraiment pas diminué ».
Le designer Louis Duncan-He résume bien l’ambivalence actuelle :
certains de ses clients réclament plus de murs pour retrouver des
moments de solitude, d’autres continuent à vouloir de grands
volumes ouverts. De nombreux architectes confirment que le plan
ouvert reste apprécié pour la lumière et le lien entre les
habitants, à condition de mieux cadrer les usages.
Quand les plans ouverts montrent leurs limites au
quotidien
Dans la pratique, les défauts ressortent vite. Sans murs pour
s’abriter, certains trouvent ces grandes pièces peu chaleureuses,
trop bruyantes et fatigantes à vivre au quotidien. Les designers
évoquent le sentiment de ne jamais pouvoir échapper au bazar ni aux
odeurs de cuisine. Si vous hésitez, quelques signaux doivent vous
alerter :
- impossible de passer un appel sans gêner toute la famille
- sensation de désordre permanent, même après avoir rangé
- enfants qui jouent au milieu du coin bureau
- chauffage coûteux d’un immense volume peu utilisé
Autre écueil fréquemment cité par les designers : l’aménagement.
Sans pièces délimitées, il faut créer soi-même des zones, en jouant
avec les tapis, le dos des canapés ou des bibliothèques qui servent
de demi-cloisons. Face à cela, « les maisons avec des plans de style
fermé qui ont plus de murs, de pièces et de petits espaces donnent
souvent une impression plus charmante, chaleureuse,
multifonctionnelle et intime », ajoute Emily LaMarque. Elle prévient
toutefois qu’un excès de pièces fermées peut disperser la famille
et encourager chacun à s’isoler devant ses écrans.
Vers des plans hybrides : zonage et
séparateurs de pièce design
Les professionnels convergent vers une solution médiane : le
plan hybride. L’idée est de conserver une grande
pièce traversante, tout en découpant des recoins lisibles.
Architectes et décorateurs parlent d’agencement fragmenté, avec un
zonage par tapis, orientation des canapés et bibliothèques
ajourées. Leurs conseils insistent aussi sur les détails
architecturaux, les traitements de murs ou de plafonds et un
éclairage différencié pour donner une vraie âme aux espaces
ouverts.
La tendance 2026 marque le retour des séparateurs de
pièce design : paravents textiles, verrières, cloisons en
verre fluté, claustras en bois ou rideaux de lin fixés au plafond
qui se tirent au gré des besoins. Le créateur et designer
d’intérieur @mrphoenixgrey, cité par HouseDigest, rappelle qu’un
séparateur posé au milieu d’un plan ouvert pour
cacher un fouillis ressemble à un cache-misère. Les experts
recommandent de désencombrer avant de poser une cloison amovible,
de respecter les axes de lumière des fenêtres et de choisir des
matières textiles ou bois clair, qui améliorent aussi le confort
acoustique.