Par

Lisa Rodrigues

Publié le

23 déc. 2025 à 17h31

Hervé Gerbi est le candidat investit par le parti Horizons pour les municipales de Grenoble. Avocat de profession – activité qu’il compte maintenir s’il est élu maire -, il a été le premier à se lancer officiellement dans la course à la mairie iséroise en avril 2025.

Sécurité, commerces, école… Il déroule à actu Grenoble les grandes mesures de son programme, portée par la liste « Nous Grenoble » regroupant « des forces du centre, de la société civile et des humanistes ».

Deux candidats centristes aux municipales

Actu : Pierre-Édouard Cardinal, soutenu par Renaissance, est l’autre candidat du bloc central aux municipales de Grenoble. Un rapprochement est-il possible ?

Hervé Gerbi : Occuper une position de centralité, ce n’est pas une question de parti politique. Notre liste a des anciens élus de Michel Destot [ancien maire PS de Grenoble, NDLR], un ex- parlementaire Renaissance et des personnalités de la société civile.
Notre obligation envers les Grenoblois, c’est de réussir l’alternance. Les listes sur un même socle doivent pouvoir converger. J’ai tendu la main à cette autre liste, il y a eu un rejet.

Plus de policiers et de caméras

Si vous êtes élu maire, quelles sont vos grandes mesures contre l’insécurité ? 

HG : La sécurité est une condition de toutes les libertés. Pour moi, les questions d’insécurité, ce ne sont pas des lignes dans un journal : elles ont des noms, des prénoms, des visages. 
On veut augmenter les effectifs de 176 policiers municipaux. Il faut qu’ils soient armés : les tasers ne sont pas des armes de catégories suffisantes pour que la police municipale remplisse ses missions et travaille dans un continuum de sécurité avec la police nationale. Mais, ce n’est pas le rôle de la police municipale de régler le narcotrafic ! 
Il faudra des brigades motorisées, valoriser le salaire des policiers et leur donner du matériel. 

Les contrôles de véhicules dans les zones piétonnes de Grenoble s'intensifient en ce mois de septembre 2024.
Les effectifs de la police municipale seront augmentés si Hervé Gerbi est élu maire de Grenoble en mars 2026. (©Illustration / Ugo Maillard / actu Grenoble)

Quand est-il de la vidéoprotection ? 

HG : Elle est indispensable pour l’identification. Il faut travailler sur des images partagées avec la police nationale, avec un commissariat ouvert 24/24h dès lors que vous avez les effectifs pour le faire. On envisage d’installer près de 500 caméras.
On veut aussi des bornes d’alerte d’urgence et une application pour être géolocalisé et accompagné virtuellement par la police municipale. 

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La cantine gratuite pour tous à l’école

Quelles sont les politiques que vous voulez porter pour la jeunesse grenobloise? 

HG : C’est principalement du côté de l’école. En France, elle est gratuite, universelle, et ne distingue pas les enfants selon leur origine ou leur condition. Il faut l’amplifier avec la gratuité de la cantine. À Grenoble, avec le repas à 8,70 €, beaucoup n’ont pas les moyens de mettre leurs enfants à la cantine. La gratuité doit aussi permettre à tous d’avoir accès à un repas équilibré.
Je souhaite aussi que l’on mette fin aux emplois contractuels de courte durée d’animateurs : les associations d’éducation populaire savent faire et peuvent proposer un programme lisible de long terme.

Les mesures de son « pacte fiscal »

Côté finances publiques, Hervé Gerbi veut « stopper l’augmentation de la taxe foncière » et revoir le fonctionnement des services de la Ville, pour allouer les « moyens nécessaires à l’administration pour remplir sa mission ». « En remettant de l’efficacité, on va mieux gérer le budget de la ville », assure le candidat, qui se veut être un « maire soucieux des deniers publics et gestionnaire en bon père de famille ».

Une « pause » sur les logements sociaux

En tant que maire, que pouvez-vous faire pour aider les Grenoblois à se loger convenablement ?

HG : On a des locaux vacants, mais tout le monde n’est pas logé correctement. On ne va pas résoudre cela en construisant des logements sociaux : il faut faire une pause là-dessus, sauf pour les logements solidaires.
Nous avons aussi beaucoup de logements insalubres, dans le parc social comme privé. Commençons par rénover les logements existants.

La victime a été découverte dans ce hall d'immeuble au Mans, mercredi 12 avril.
La construction de logements sociaux n’est pas la solution à la crise du logement à Grenoble, selon Hervé Gerbi. (©Illustration / actu.fr / Maxime DAVOUST)

Pour les rénovations dans le parc privé, la Ville pourrait-elle accorder des aides aux propriétaires ? 

HG : On ne va pas faire de promesses d’aides, parce qu’il faut qu’on quantifie le besoin. La Ville peut être un accompagnateur, faciliter les démarches et trouver des leviers pour les copropriétés les plus en difficulté. 

Des projets d’aménagement de l’espace public sont en cours, comme la place de Metz, l’Esplanade, le lac de la Villeneuve… Faut-il les poursuivre ?

HG : Il faut voir dans quelle mesure on peut remettre de la concertation sur les projets qui le permettent, sans que ça ne coûte 1€ supplémentaire aux Grenoblois. 
Il faut aussi réinvestir le quartier Saint-Bruno. Je l’ai connu étudiant et je suis très attristé de voir ce qu’il est devenu. Il faut en faire un quartier nouveau, où on se débarrasse du narcotrafic pour redonner cet espace public aux citoyens.

« Que Grenoble soit la ville la plus propre de France »

Est-ce qu’il y a un travail à faire sur la propreté à Grenoble ? 

HG : Je veux qu’on dise, un jour, que Grenoble est la ville la plus propre de France. C’est possible, pour peu qu’on s’en donne la volonté et les moyens. 
Il faut réorganiser la question de la propreté en journée et en nuit. Il faut aussi travailler avec les syndics et entreprises de gestion des déchets – je pense notamment à la question de la sortie des poubelles. 
On a parmi les policiers municipaux, une brigade de l’environnement qui traque la saleté sur Grenoble. Dès lors que vous avez de la vidéoprotection, vous pouvez lutter contre les dépôts sauvages. 

Pour les arrêtés anti-trottinettes 

Sous les mandats d’Éric Piolle, le développement de la piétonnisation en centre-ville s’est accéléré. Est-ce qu’il faut continuer ?

HG : Grenoble est une ville qui se traverse à pied. C’est une richesse et une force, on doit en tenir compte dans nos aménagements. La piétonnisation du cœur de ville reste une bonne chose, mais il faut résoudre la problématique de l’accès pour ceux qui y habitent.
Par contre, quand c’est piéton, c’est piéton ! Comme on n’a personne pour verbaliser, forcément, il y a une certaine forme d’anarchie. Il faut que tous les modes de déplacement puissent cohabiter.

Des arrêtés anti-trottinettes dans les zones piétonnes peuvent donc être envisagés ? 

HG : Ils peuvent lutter contre certains trafics, mais c’est aussi une question de sécurité : je vois dans mon cabinet beaucoup d’accidents avec des traumatismes graves impliquant des trottinettes. Dans certains secteurs, il faudra les interdire. 
Mais on en revient toujours à la même chose : interdire c’est une chose, mais si vous n’avez pas les moyens de contrôler, ça ne sert à rien ! 

Cela fait un mois que l'opérateur Voi propose des trottinettes et vélos électriques sur la Métropole de Grenoble.
Hervé Gerbi est pour la mise en place d’arrêtés anti-trottinettes dans certains secteurs piétons de Grenoble. (©Illustration / Lisa Rodrigues / actu Grenoble)

Et concernant les modes doux, comme le vélo ? 

HG : On ne va pas remettre en cause les Chronovélos. Je pense même qu’il faut aller plus loin, puisqu’on est passé à l’ère du vélo cargo. C’est un mode utile pour transporter des enfants à l’école et les marchandises.

Améliorer l’offre de stationnement

Sur le stationnement en ville : que peut-on faire pour améliorer la situation ? 

HG : Sans doute faut-il revoir les places de livraison. Aujourd’hui, c’est compliqué pour des commerces de se faire livrer. Quand il n’y a pas de place, les camions stationnent dans de mauvaises conditions et ça irrite tout le monde. Je suis favorable à ce qu’on accroisse l’offre pour les livraisons. 
Je suis aussi pour l’augmentation de la gratuité du stationnement les week-ends et sur les périodes où l’activité économique peut être la plus importante. 

Sur l’accès aux transports, est-ce qu’il faut étendre la gratuité dans les transports en commun ?

HG : Les fenêtres de gratuité ont leur intérêt pour des questions d’économie (fêtes de fin d’année, week-ends) et de lutte contre la pollution. 
Avoir une gratuité constante, sachant qu’il y a déjà des tarifs solidaires, je ne suis pas certain de l’intérêt : à un moment donné, tout cela à un coût.

Un commerce durable

Sur le commerce, se pose la question des loyers commerciaux. Faut-il les plafonner ?

HG : La préemption et le plafonnement des loyers sont des outils à manier avec habileté, parce qu’il faut aussi permettre la liberté d’entreprise. 
Il faut lutter contre les commerces succursales du blanchiment d’argent. Le maire doit être plus vigilant et plus ferme à ce sujet. Il a un droit de regard au titre de la sécurité publique pour les interdire.


« Le maire doit être plus vigilant et plus ferme » sur les commerces servant de façade pour des trafics divers, comme les épiceries de nuit, insiste Hervé Gerbi. (©Illustration / Lisa Rodrigues / actu Grenoble)

Que faire pour aider le centre-ville commerçant de Grenoble ?

HG : Il faut d’abord se poser la question : quel type de commerce veut-on dans les 10 ans qui viennent ? Tous ne sont pas nécessairement utiles. 
On a la chance d’être une ville avec une conscience écologique forte. Nos commerces doivent s’imprégner de cela.
Je suis pour le retour de grandes et belles marques dans le centre de Grenoble. Je suis aussi pour le développement de magasins pour toutes les bourses, comme des friperies, et le développement d’une consommation de réparation. Le consommateur a besoin d’une expérience client : le centre-ville de Grenoble peut l’offrir.

Un référendum local de mi-mandat

Vous parlez beaucoup de rapprocher le service public des Grenoblois. Peut-on imaginer la réouverture de locaux, comme un commissariat à Saint-Bruno ? 

HG : Ça n’est pas seulement de façon physique. C’est aussi le lien qu’entretiennent les Grenoblois avec leur mairie. C’est la question d’une information facilement accessible, transparente et directement accessible.
À mi-mandat, il faudra sans doute faire un référendum local sur les perspectives pour la ville. Il faut que le maire accepte de dire, voilà ce que nous avons fait, voilà les perspectives.

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