« Notre-Dame du voyage ». C’est le nom qu’avait donné le père Marey, ancien aumônier des forains et des gitans, à son bus aménagé qui, pendant des années, a sillonné les routes de la Loire et des alentours. Une sorte d’église ambulante qui a abrité les messes et les cérémonies pour les familles itinérantes.

À l’arrêt depuis la fin des années 1970

À la fin de l’année 1985, cet antique autocar est à l’arrêt depuis huit ans, voué à l’abandon. « Un jour, à bout de souffle, son vieux moteur s’est arrêté. Le père Marey a disparu et son vieil autobus s’est mis, tout doucement, à rouiller sur un terrain vague de Saint-Étienne », écrit notre journaliste Henri Colomb dans La Tribune – Le Progrès du lundi 16 décembre 1985.

Mais si l’autocar à l’histoire si insolite refait alors parler de lui, c’est justement parce qu’il s’apprête à sortir de l’oubli. En cette veille de Noël 1985, « le nouvel aumônier diocésain des gens du voyage, l’abbé Frachon, aidé de quelques forains, a entrepris de retaper le vieux car-chapelle ».

Mais pas de miracle pour le moteur de l’antique autobus Berliet. En dépit des bonnes volontés, la restauration ne consiste qu’à rénover l’intérieur, « simplement pour pouvoir y célébrer la messe de minuit du Noël 1985 dans des conditions acceptables ».

Chapelle sans moteur

En effet, cette année-là, le Luna Park n’a pas pu monter ses attractions sur la plaine d’Achille. La messe de minuit qu’on avait l’habitude d’y célébrer ne peut avoir lieu et il fallait trouver une solution de repli. C’est donc tout naturellement qu’on a pensé à dépoussiérer l’antique « Notre-Dame du voyage » du père Marey.

Un bon coup de peinture et l’église sur roues est déplacée de son terrain vague pour rejoindre le Moulin Picon, le long de la rue de La Talaudière à Saint-Étienne. C’est là que, le soir du mardi 24 décembre 1985, les vitres se rallument et le public se presse : la tradition du bus-chapelle est ainsi ressuscitée, le temps d’un Noël. Et avec elle, la mémoire du père du Marey.