Face au refus de Moscou de négocier, le sénateur républicain Lindsey Graham réclame aussi une montée en puissance des pressions américaines sur la Russie.
Une nouvelle pression sur Moscou. Le sénateur républicain Lindsey Graham a tenté de tancer le comportement du Kremlin lundi, affirmant que les négociations menées par les États-Unis et leurs alliés européens risquent de rester vaines si la Russie continue de rejeter les propositions de paix. Dans une interview accordée à l’émission Meet the Press sur NBC News, le sénateur, qui figure parmi les plus proches soutiens de Donald Trump, a estimé que la Russie avait jusqu’ici ignoré à plusieurs reprises les efforts diplomatiques.
Il a également laissé planer le doute sur la volonté réelle de Vladimir Poutine de mettre un terme au conflit, et a même évoqué la possibilité de livrer des missiles Tomahawk à l’Ukraine si la position du dirigeant russe ne changeait pas. « Si Vladimir Poutine (continue de) refuser la paix, il faut changer radicalement la donne, y compris en fournissant des missiles Tomahawk à l’Ukraine pour frapper les usines de drones et de missiles en Russie. Je m’engagerais à fond si Poutine refusait», a lancé le sénateur américain.
Augmenter la pression
Face à ce qu’il décrit comme un refus obstiné de Moscou, le sénateur a proposé une montée en puissance drastique de la pression américaine. Il appelle Donald Trump à signer un projet de loi bipartisan instaurant des tarifs sur les pays, comme la Chine, achetant du pétrole russe à prix réduit, à désigner la Russie comme État sponsor du terrorisme pour l’enlèvement de milliers d’enfants ukrainiens, et à saisir les navires transportant du pétrole russe sanctionné. «Je pense que Poutine continuera à s’emparer du Donbass par la force tant que nous n’augmenterons pas la pression», a justifié Lindsey Graham.
En août, Volodymyr Zelensky avait échangé pendant près de deux heures et demie à la Maison-Blanche avec Donald Trump, notamment pour évoquer ces missiles. «Nous avons besoin de Tomahawk», avait-il dit à Donald Trump, à propos de ces missiles d’une portée de 1600 kilomètres qui permettraient à l’Ukraine de frapper en profondeur et en Russie, en proposant un échange avec des «milliers» de drones ukrainiens.
Poutine fermement opposé à une livraison
Tiré depuis des sous-marins ou des navires de surface, le BGM-109 Tomahawk vole à 880 km/h à quelques dizaines de mètres du sol. Il a été produit à 8959 exemplaires depuis le début du programme, selon des documents budgétaires de l’US Navy, et plus de 2350 ont été tirés depuis leur première utilisation lors de l’opération «Tempête du désert» contre l’Irak en 1991.
Quelque 80 missiles encore été tirés en janvier 2024 contre les Houthis au Yémen et 30 autres contre des sites nucléaires en Iran en juin. Une version du Tomahawk emportant une charge nucléaire a été retirée du service en 2013. La cinquième génération du missile, en service depuis 2021, lui permet notamment d’être redirigé une fois tiré ou de tourner autour de sa cible avant de plonger dessus. Son coût est de 2,5 millions de dollars, selon les documents budgétaires.
Avec sa charge explosive de 450 kilos, le Tomahawk est utilisé contre des sites de défense anti-aériens, des centres de commandement, des aérodromes ou toute cible très défendue. Sa portée est cinq fois supérieure au missile sol-sol ATACMS que Washington a commencé à livrer à Kiev en 2023. Avec le Tomahawk, l’Ukraine pourrait viser au moins 1.655 cibles d’intérêt, dont 67 bases aériennes en Russie, bien au-delà de Moscou, selon l’Institut pour l’étude de la guerre américain (ISW). Pour Vladimir Poutine, la fourniture de Tomahawks à Kiev constituerait «une nouvelle escalade» et affecterait les relations russo-américaines.