Amrum, à l’extrême nord de l’Allemagne, en 1945. Sur cette petite île située tout près du Danemark, la guerre semble loin. Il y a bien des avions qui la survolent, mais ils ne larguent jamais de bombes. Si le conflit armé reste éloigné, le lieu n’est pas épargné par les tensions. Des tensions que Nanning (Jasper Billerbeck), 12 ans, ne remarque pas. Plutôt taiseux et calme, il passe ses journées avec son copain Hermann (Kian Köppke), un garçon doux, solaire et facile d’accès.

Ensemble, ils aident la mère d’Hermann, Tessa (Diane Kruger), à cultiver les champs. Ainsi, Nanning peut-il compléter ce qu’il ramène de la pêche avec quelques légumes, voire un peu de beurre. Ce qu’apprécient particulièrement sa mère Hille (Laura Tonke) et sa tante Ena (Lisa Hagmeister).

C’est une réflexion lancée par Tessa contre le régime nazi qui va déchirer le voile d’insouciance de Nanning. Lorsqu’il sera contraint de la répéter à Hille, cette épouse d’officier allemand qui vénère Hitler, forte de l’assurance conférée par des années d’hégémonie allemande, va dénoncer Tessa au chef nazi local.

Fatih Akin porte à l’écran l’histoire d’un acteur disparu

Nanning est chassé du champ, il doit s’éloigner d’Hermann qui ne comprend pas et commence à regarder sa mère (qui se durcit de plus en plus) d’un œil de plus en plus lucide. Lorsque le Troisième Reich s’écroulera, que Hitler mettra fin à ses jours, Hille, devenue indésirable, devra ravaler sa morgue sous le regard d’un Nanning qui va s’ouvrir à l’humanité.

Ce film est avant tout un chant d’amour de Fatih Akin à son modèle, l’acteur et cinéaste Hark Bohm disparu en novembre dernier, dont le visage regardant l’horizon conclut ce film passionnant. C’est lui qui a écrit cette histoire bouleversante. Fatih Akin s’est chargé de la porter à l’écran, Bohm étant devenu trop faible pour mener à bien un tournage.

Que ce soit par la beauté des paysages, la quête fébrile du jeune garçon de beurre, miel et pain blanc pour sa mère Hille ou certains personnages secondaires (le boulanger, le pêcheur de phoques), Une enfance allemande : île d’Amrum, 1945 est nappé d’une belle poésie. Ce qui n’empêche pas le récit d’être tranchant, particulièrement avec le personnage fanatisé de Hille. En faisant un pas de côté par rapport aux habituels récits de guerre, Fatih Akin et Hark Bohm livrent finalement un message qui entre encore davantage dans les consciences de chaque spectateur.

« Une enfance allemande île d’Amrum, 1945 », durée 1 h 33 – mercredi 24 décembre.