Dans exactement neuf mois, les essais de pré-saison de la nouvelle réglementation 2026 se dérouleront sur le circuit de Barcelone. Bien que la saison 2025 nous offre un certain spectacle, il est difficile de canaliser l’attente quant à cette prochaine saison, qui accueillera l’un des plus grands changements de règlement de ces dernières années en F1.
En raison de ce grand changement, les variables sont énormes et la hiérarchie actuelle de la discipline devrait normalement être chamboulée. Toutefois, l’échéance se rapproche et les écuries ont déjà largement entamé le travail de développement de leur monoplace respective. De nombreuses discussions, avec la FIA notamment, ont eu lieu afin d’étayer au maximum les nouvelles règles afin de contenter au mieux tous ses acteurs, permettant donc au paddock de récolter le plus d’informations possibles.
Mais alors, sur la base de ces informations, que prévoir l’année prochaine ? Les courses seront-elles serrées ? Est-ce qu’il y aura du spectacle ? Ces questions a été posées à trois patrons d’équipes lors de la conférence de presse du vendredi du Grand Prix d’Arabie saoudite.
« Écoutez, je ne suis pas Madame Irma ! », a déclaré Frédéric Vasseur, directeur de Ferrari, fidèle à lui-même. « Je ne peux pas dire que les courses seront serrées dans neuf mois ou je ne sais quoi, on ne sait même pas ce qui va se passer ce soir ou demain ! Ce qui est vrai, c’est qu’à ce stade avec un nouveau règlement – et il faut garder à l’esprit que c’est probablement le plus grand changement en F1 depuis 25 ans – on a d’énormes évolutions sur le moteur, sur le châssis, mais aussi dans le règlement sportif. »
« Ça veut dire qu’en tant qu’équipe, aujourd’hui, nous devons prendre tout ça en compte, et on fait des choix. Je suis sûr qu’on ne prend pas tous les mêmes directions, et on ne sait pas quel sera le résultat en 2026. Je ne peux pas dire que les courses seront plus serrées que cette année. Mais je pense qu’avec la convergence des performances, au fil des années, on est passés de gros écarts à des écarts de six ou sept dixièmes entre tous. De la première à la 16e place, ça se joue en quelques dixièmes. On peut s’attendre à des écarts plus importants l’année prochaine, c’est certain, mais ça fait aussi partie de l’ADN du sport : développer, rattraper. Donc on ne va pas s’en plaindre. On verra l’année prochaine. Restons concentrés sur cette saison. »
Le concept F1 2026 de la FIA
Photo de: FIA
C’est ensuite Andy Cowell, team principal d’Aston Martin qui s’est exprimé : « Je pense que 2026 sera passionnant pour tout le monde : carburants durables, propulsion électrique de 350 kW et, en plus du moteur, nouveaux pneus, nouvelle aéro, réduction de la traînée sur la ligne droite… Il y a plein d’éléments enthousiasmants là-dedans. Fred a raison, le peloton va s’étirer et il y aura des surprises, positives comme négatives. Mais c’est ça qui rend le sport excitant. Si on garde toujours les mêmes règles et qu’on se rapproche de plus en plus, OK, toutes les voitures roulent collées, mais c’est aussi super d’avoir de nouvelles technologies, de nouveaux acteurs, comme l’arrivée d’Audi. »
« J’ai rendu visite à Honda l’autre jour. Ils investissent énormément dans la technologie des batteries, qu’ils jugent pertinente pour les voitures de route, et je pense que d’autres constructeurs partagent cette vision. Donc c’est bien que ces nouvelles règles attirent des fabricants dans le sport, et qu’on développe de nouvelles technologies, de nouvelles façons de faire fonctionner les voitures de course. Ce sera un parcours passionnant. Il y aura beaucoup à voir, beaucoup à commenter, et à beaucoup écrire. »
« Difficile d’ajouter quelque chose », a finalement déclaré Peter Bayer, PDG de Racing Bulls. « Peut-être un élément : si on regarde le dernier grand changement de règlement, il y avait beaucoup de peur et de spéculations, mais au final les équipes, la F1 et la FIA se sont rassemblées et ont fait en sorte que ça fonctionne de façon incroyable. Je pense que c’est notre responsabilité vis-à-vis des fans. Donc j’attends ça avec beaucoup d’impatience. »
Qu’en est-il d’une hiérarchie des moteurs ?
Photo de: Mark Sutton / Motorsport Images
Après la dernière réunion de la Commission F1 de la FIA, le 24 avril dernier, les questions encore très en vogue sur les règlements moteurs de 2026 ont été mises sur la table. Certains ajustements réglementaires, notamment au sujet de la répartition entre la puissance électrique et thermique, ont été discutés bien qu’aucune décision concrète n’ait été prise.
Il semblerait que les différents motoristes ne soient pas au même stade de développement de leur unité de puissance, avec le risque que certaines équipes arrivent la saison prochaine moins prêtes que d’autres. Cela fait écho à un autre point abordé lors de la Commission F1, envisageant des pistes qui permettraient à des motoristes en difficultés de pouvoir rattraper leur retard, et ainsi d’éviter une domination totale d’un groupe motopropulseur.
Toujours pendant la conférence de presse à Djeddah, Vasseur et Cowell ont été interrogés sur cette possibilité de voir des retards dans le développement des moteurs de certaines équipes. Les directeurs ont répondu que, comme c’est le cas pour la hiérarchie des écuries, il est impossible d’avoir une véritable idée de l’avancée et des performances des différentes unités de puissance en construction.
« J’ai essayé de demander à Andy quel est le niveau de performance du moteur Honda – mais il n’a pas voulu répondre ! », a déclaré Vasseur en rigolant. « Et toi, tu ne m’as pas dit où tu en es non plus ! », a répondu Cowell avec malice.
« Honnêtement, je pense qu’il est impossible d’avoir une idée précise du niveau de performance des voitures ou des moteurs de l’année prochaine », a continué le patron de Ferrari. « On ne parle pas uniquement du moteur thermique. La maniabilité sera cruciale. La température sera cruciale. Le moteur thermique comptera. La batterie comptera aussi. Et je ne suis pas sûr que quiconque sache ce que les autres font. Tu peux être au top en 2025 – mais ce qui compte vraiment, c’est 2026. »
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« Exactement, Fred », a renchéri Cowell. « Nous sommes déjà bien engagés dans le développement des groupes motopropulseurs. Comme Fred l’a dit, c’est très difficile de dire que tout repose sur la puissance du vilebrequin, ou sur la batterie, ou sur la gestion thermique. Tous ces paramètres s’équilibrent. Il faut faire des compromis pour avoir la voiture la plus rapide possible. Et on est encore loin d’une introduction. »
« J’imagine que chaque équipe d’ingénierie regarde ce qu’elle a et se dit : ‘Il y a toutes ces façons d’ajouter de la performance. Comment les intégrer ?’ Ensuite viendront des tas de problèmes de fiabilité, comment les résoudre ? La chaîne d’approvisionnement va hurler, parce qu’on demande à la fois performance et fiabilité. Il faut pousser très, très fort et chaque minute compte. Il reste beaucoup de minutes avant la première course. »
« Celui qui est devant maintenant peut reculer. Celui qui est derrière peut avancer. Mais comment mesurer ça ? Au final, ce sera à Melbourne 2026, en qualifications – ce sera la première fois qu’on verra tous les types de voitures, avec les nouveaux moteurs, l’aéro, les pneus… et ce sera le chronomètre qui dira où chacun en est. »
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Téha Courbon
Formule 1
Racing Bulls
Ferrari
Aston Martin
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