Une vente aux enchères des œuvres de la peintre, sculptrice et décoratrice Marie Vassilieff (1884-1957) est prévue, dans un appartement parisien du 9e arrondissement de Paris, samedi 6 juin 2026.
Orchestrée par le commissaire-priseur Aymeric Rouillac, la vente aux enchères réunira des toiles du collectionneur Claude Bernès qui, passionné par cette artiste russe, a consacré quarante années de sa vie à rassembler ses œuvres.
Les estimations n’ont pas encore été rendues publiques, mais certains paramètres de marché existent déjà. Le commissaire priseur du Val de Loire Aymeric Rouillac doit au préalable établir les estimations des œuvres, tout en tenant compte, d’une part, de l’absence des collectionneurs russes qui soutenaient ce marché et, d’autre part, du fait que les artistes femmes de cette époque ne sont pas encore suffisamment reconnues. Il explique aussi que le contexte actuel signale des tendances divergentes. La collection est cependant unique ! Construite avec rigueur pendant des décennies, elle permet une lecture globale et cohérente du parcours de Marie Vassilieff.
Aymeric Rouillac ajoute que l’œuvre Pierrot sa maman et son chat, réalisée par Marie Vassilieff en 1929, a été adjugée 36 000 euros au mois de mai 2025 à Stockholm en Suède.
C’est dans un appartement du 9e arrondissement de Paris que le commissaire priseur présente cette collection unique, trésor de Claude Bernès (1941-2025), un amoureux inconditionnel de la peinture. Claude Bernès fut l’expert incontesté de Marie Vassilieff, contribuant à la préservation de son héritage.
Ce sont dans les années 1970 qu’il acquiert ses premières œuvres de l’artiste d’origine russe lors d’une vente publique. Il en ressort fasciné. A partir de là, il consacre une quarantaine d’années à identifier et à réunir des peintures, des dessins, des documents et des objets liés à Marie Vassilieff, jusqu’à former une collection de plus d’une centaine d’œuvres dont la variété permet aujourd’hui de retracer, au fil des ans, l’évolution stylistique de l’artiste entre les deux Guerres mondiales : les années folles et au-delà…
Claude Bernès
Biographie :
De son nom de naissance, Maria Ivanovna Vassilieva, Marie Vassilieff vint au monde à Smolensk en Russie 12 février 1884. Sa famille est aisée et espère que la jeune Maria Vassilieva se lancera dans des études de médecine. Cependant ce qui intéresse la jeune fille, c’est l’art.
Maria Vassilieff
En 1903, elle a 19 ans et entre à l’Académie impériale des Beaux-Arts de Saint-Pétersbourg. Deux ans plus tard, elle arrive à Paris, capitale artistique du monde. Elle s’intègre rapidement dans la peinture avant-gardiste, notamment en fréquentant l’atelier du peintre Henri Matisse (1869-1954) à l’école des Beaux Arts, avec lequel elle se lie d’amitié, et participe à la vie artistique.
En parallèle, pour gagner sa vie, elle est correspondante pour plusieurs journaux russes. Lorsque l’atelier d’Henri Matisse ferme, Marie Vassilieff, à la personnalité singulière, ouvre l’Académie Vassilieff, avenue du Maine dans le 14e arrondissement, en 1912. Autour de son atelier, une grande partie de la communauté du quartier Montparnasse s’organise.
Au cours d’un séjour en Russie de deux ans, où elle revoit une dernière fois ses parents, elle expose en mars 1916 à Moscou, pour la première fois, les poupées qui la rendront célèbre. Outre ses dessins et ses peintures, elle fabrique désormais des poupées représentant ses amis et ses connaissances ; elles sont assemblées à partir de matériaux tels le carton et les chutes de tissus.
Marie Vassilieff retrouve sa place sur la scène de Montparnasse en 1917. Maintenant maman, elle peint de nombreux portraits de son fils Pierre. Elle devient une artiste pluridisciplinaire et conçoit des affiches publicitaires pour des bals, mais pas seulement. Son art se déploie dans plusieurs univers.
En 1927, elle participe, avec de nombreux autres artistes, à la décoration intérieure de la célèbre brasserie La Coupole sur le boulevard du Montparnasse, aujourd’hui considérée comme un lieu emblématique de la vie nocturne parisienne. Elle réalise la décoration de deux piliers dont l’un accueille le portrait de son ami compositeur Claude Duboscq avec un renard juché sur son épaule et la Vierge noire.
Dans les années 1940, Marie Vassilieff se lance dans la céramique pour créer des pièces de table, des vases et des sculptures. Elle réalise aussi, en 1949, des sculptures mystiques et érotiques.
Marie Vassilieff se retire de la scène artistique dans les années 1950. Elle réside à la Maison nationale de retraite des artistes de Nogent-sur-Marne (94). Elle s’éteint, à l’âge de 73 ans, le 14 mai 1957, et est inhumée au cimetière de Nogent-sur-Marne.
La vente représentera un banc d’essai pour la réévaluation critique et économique de Marie Vassilieff. Cette collection unique, construite avec rigueur pendant des décennies, permettra une lecture globale et cohérente de son parcours.