Sydney Sweeney (Millie), Amanda Seyfried (Nina) dans le film « La femme de ménage »
EN BREF • Le film La Femme de Ménage adapation du best-seller de Freida McFadden sort ce mercredi 24 décembre au cinéma.
• Les personnages, interprétés par Sydney Sweeney, Amanda Seyfried et Brandon Sklenar, évoluent dans une atmosphère lourde et anxiogène.
• Le suspense psychologique du livre cède la place à une tension constante, avec des choix de réalisation signés Paul Feig qui changent la perception de l’intrigue.
Difficile de ne pas avoir entendu parler de ce best-seller de Freida McFadden. La Femme de ménage s’est hissé en tête des ventes, en France, en 2024, grâce à un suspense psychologique redoutablement efficace et un bouche-à-oreille impressionnant. Son adaptation au cinéma par Paul Feig (Sos Fantome) en salle ce mercredi 24 décembre est donc très attendue.
Autant le dire tout de suite : le film est très surprenant. Mais pas forcément là où on l’imaginait. Pour celles et ceux qui connaissent déjà l’intrigue, impossible de ne pas être déstabilisés dès les premières minutes puisque la Femme de ménage se dévoile sous une autre facette. Bien plus sombre, bien plus frontale et horrifique. Un changement de taille qui modifie profondément l’expérience, surtout si l’on compare le film au premier tome du roman paru en 2024.
L’histoire reste la même. Millie très bien jouée par Sydney Sweeney, en liberté conditionnelle après un meurtre, cherche désespérément un emploi pour ne pas retourner en prison. Vivant dans sa voiture, elle décroche ce qui ressemble au job idéal : devenir gouvernante chez les Winchester, dans une immense maison luxueuse de New York. Amanda Seyfried et Brandon Sklenar incarnent le mystérieux couple formé par Nina et Andrew Winchester, parents de la jeune Cecilia, insupportable petite fille, interprétée par Indiana Elle.
« La Femme de Ménage » version encore plus horrifique
Dès l’arrivée de Millie, quelque chose cloche. Mais quoi ? Dans le livre, l’intrigue est racontée du point de vue de la nouvelle gouvernante. Le malaise s’installe lentement. On doute, on observe, sans jamais savoir précisément où se situe le danger. Nina est-elle folle ? Andrew est-il simplement trop parfait ? Le film, lui, ne laisse que peu de place au doute. Paul Feig plonge immédiatement le spectateur dans une atmosphère lourde. La maison devient un décor anxiogène. Les silences sont pesants, les regards insistants. Et surtout, Andrew apparaît très vite comme inquiétant.
Là où le roman présentait un mari chaleureux et rassurant avant de révéler sa vraie nature le film montre d’emblée un personnage froid, distant, au sourire troublant. Brandon Sklenar incarne un Andrew chez qui quelque chose ne va immédiatement pas. Un choix qui fonctionne à l’écran, mais qui change radicalement la perception de l’intrigue lorsqu’on passe de lecteur à spectateur. C’est troublant.
Face à lui, Amanda Seyfried livre une performance intense dès le début. Dans la peau de Nina, elle crie, casse tout, accuse à tort, déborde. Sa folie, parfois exagérée, est assumée et visuellement marquante. Par son remarquable jeu maléfique, violent parfois même vulgaire, elle prend beaucoup de place. Vous saurez la détester puis finirez sûrement par l’apprécier, grâce à son jeu d’actrice impressionnant et maîtrisé.
Pas de temps mort avec Paul Feig
Dans La femme de ménage le suspense psychologique cède sa place à une tension constante. Le film avance à vive allure, enchaînant les scènes sans véritable respiration, porté par une bande-son sinistre. Les éléments intrigants comme le jardinier tentant d’alerter Millie sont traités de manière plus brutale que dans le livre, par jeu de caméra à la fois rapide et pesant. Ce qui laisse place à l’interrogation.
Pourquoi aussi peu de subtilité dans la réalisation de Paul Feig ? Même les décors participent à ce virage. La chambre de bonne de Millie, censée être minuscule et terrifiante dans le roman, apparaît plus grande et presque esthétique à l’écran que celle que l’on s’imagine grâce à la narration de Millie dans le livre. Loin de l’espace oppressant marqué par les griffures inquiétantes sur les murs. D’ailleurs on a beau chercher on ne les trouve pas. Un détail important qui disparaît, certainement pour laisser place au suspens sur les sorts de l’héroïne dans cette pièce. Un choix intriguant et cohérent avec la vision du réalisateur mais qui fait perdre une part de la narration intérieure en comparaison au livre de Freida McFadden.
Avec ses 2h11, La Femme de ménage enchaîne les rebondissements : du sang, des verres en éclats, des cris, de quoi faire voler le pop-corn pour les spectateurs qui découvrent l’histoire au cinéma. Au final, le film reste fidèle à l’intrigue du roman, mais en change radicalement le ton. Un parti pris qui séduira les amateurs de films d’horreur, mais qui risque de frustrer les lecteurs attachés à la lente montée du malaise imaginée par Freida McFadden. Comme souvent, mieux vaut ne pas se fier aux apparences, et ça, on le remarque dès le départ.