Par
Clémence Pays
Publié le
24 déc. 2025 à 9h56
Le parquet de la Juridiction interrégionale spécialisée de Rennes (Jirs) a mis au jour un réseau criminel européen de trafic de tabac. Plus de 29 tonnes de cigarettes ont été retrouvées lors de perquisitions et trois hommes ont été placés en détention provisoire. Retour sur l’enquête qui a permis de démanteler le réseau.
Une première saisie par la douane
Dans un communiqué de presse, Frédéric Teillet, procureur de la République à Rennes, explique que tout remonte à juillet 2024, lorsque la direction des douanes de Loire-Atlantique a saisi 15 tonnes de cigarettes.
Le parquet de Nantes s’était dessaisi au profit du parquet de la Jirs de Rennes.
Cette dernière a ouvert une information judiciaire « pour détention en bande organisée de tabac, participation à une association de malfaiteurs ainsi que pour des faits de blanchiment en bande organisée », énumère le procureur de Rennes.
Trois hommes, âgés de 36 à 51 ans, « et de nationalité moldave pour deux d’entre eux », ont été mis en examen. « Ces derniers n’avaient pas d’antécédent judiciaire », précise Frédéric Teillet.
Un réseau « structuré » et des « moyens poussés »
Les investigations se sont poursuivies sur commission rogatoire confiée à l’Office national anti-fraude (Onaf), « aux fins d’identifier le circuit d’approvisionnement du réseau et ses commanditaires ».
Les enquêteurs ont réussi à identifier « un réseau structuré autour de membres de la communauté bulgare, toujours très actifs malgré la saisie de juillet 2024 ».
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Cette organisation frauduleuse de « haut niveau » employait des profils d’intervenants et des moyens poussés dans le but de déjouer les contrôles, notamment douaniers, en « sécurisant » les convois.
Frédéric Teillet
Procureur de la République au parquet de Rennes
Des convois depuis la Bulgarie et l’Italie
« Ce réseau organisait des transports de cigarettes, depuis la Bulgarie et l’Italie et empruntait le territoire français par les axes autoroutiers menant en Belgique », poursuit le procureur.
D’après le magistrat, cette organisation fonctionnait selon « un schéma classique », c’est-à-dire en convois de poids lourds « porteurs » et de véhicules légers « ouvreurs ».
Le déchargement avait lieu en Belgique, dans un entrepôt dit « tampon », avant l’acheminement de la marchandise par une flotte de véhicules légers vers leurs lieux de destination finale, en France et en Europe.
De grosses saisies
« La coopération judiciaire pénale internationale a permis, à l’automne, l’identification et la localisation d’un premier entrepôt en banlieue bruxelloise et la saisie par les partenaires belges de 450 kg de cigarettes, de 14,7 tonnes de tabac brut et de plusieurs palettes de produits précurseurs », dévoile Frédéric Teillet.
Après « une pause de l’organisation de plusieurs semaines », le principal responsable de convoyage – identifié comme le bras droit de l’organisateur bulgare – a été localisé dans la soirée du 3 décembre 2025, dans la ville de Langres (Haute-Marne).
Il semblait manifestement en attente des véhicules porteurs dans l’objectif de leur « ouvrir » la route vers la Belgique. En parallèle, des poids lourds susceptibles de transporter les cigarettes furent repérés comme approchant du secteur le lendemain.
Frédéric Teillet
Procureur de la République au parquet de Rennes
Jeudi 4 décembre, en début de soirée, les enquêteurs de l’Onaf ont procédé à l’interpellation du responsable des convois et des deux chauffeurs des poids lourds stationnés à proximité.
« Les perquisitions des deux ensembles routiers ont abouti à la saisie de 33 palettes de cigarettes dans chaque moyen de transport, pour une quantité totale de 29,7 tonnes de cigarettes, présentées sous une marque contrefaite », révèle le procureur.
Trois hommes en détention provisoire
Ces trois hommes, âgés de 41 à 57 ans, « sont de nationalité bulgare, pays dans lequel ils résident ». Leur casier judiciaire français et européen est vierge.
À l’issue de leurs gardes à vue, ils ont été mis en examen et placés en détention provisoire. « Les investigations se poursuivent en France et à l’étranger aux fins d’identifier et d’interpeller les autres coauteurs », conclut Frédéric Teillet.
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