Par
Théo Zuili
Publié le
29 avr. 2025 à 15h45
Le pain frais ne sera pas au rendez-vous dans de nombreuses boulangeries de Lyon et du Rhône ce jeudi 1ᵉʳ mai 2025. Jusqu’ici tolérée, l’ouverture des boulangeries du Rhône lors du 1ᵉʳ-Mai est désormais interdite, au grand dam des artisans. Face à la menace d’amendes, le syndicat des artisans boulangers du Rhône recommande à ses adhérents de ne pas ouvrir et réclame une dérogation.
Des sanctions lourdes en cas d’ouverture
Jusqu’à présent, les boulangers pouvaient travailler sur la base du volontariat, en payant double leur personnel, à l’occasion de la journée de lutte pour le droit des travailleurs et travailleuses.
Pour Éric Amieux, président de la Maison de la Boulangerie Loire-Rhône, c’est une rupture brutale : « C’est la première fois qu’on nous interdit strictement d’ouvrir avec du personnel. On bénéficiait d’une dérogation depuis 1986. »
En 2025, le message est clair : toute infraction constatée expose à des sanctions pouvant atteindre 750 € par salarié et 1 500 € par apprenti. « Le tout, multiplié par cinq si vous êtes une société. »
Avec 14 salariés dans sa propre boulangerie, Éric Amieux n’a pas mis longtemps à faire le calcul : « Ce serait une addition impossible à payer. » Dans les faits, la plupart des artisans n’auront donc pas d’autre choix que de baisser le rideau.
Une journée stratégique sacrifiée
Pour les artisans, le 1ᵉʳ mai n’est pas une journée comme les autres. « C’est une très grosse journée de chiffre d’affaires », insiste le représentant du syndicat. « À l’échelle nationale, c’est 70 millions d’euros perdus. » Un manque à gagner considérable, « y compris pour l’État ».
Pour éviter le risque d’amende, Éric Amieux appelle ses confrères à éteindre leurs fours et baisser leurs rideaux, bien que tous ne seront pas contrôlés : « On est 550 sur le Rhône, ce serait impossible. »
C’est deux poids deux mesures : si on ferme et qu’on voit des supérettes vendre des baguettes, ça va vraiment nous mettre en colère.
Éric Amieux
Président de la Maison de la Boulangerie Loire-Rhône
« Alors que Bayrou demande aux Français de travailler plus », l’incohérence de cette interdiction saute aux yeux des artisans. « C’est incompréhensible. À un moment, il faut choisir : soit on veut un pays où tout est fermé le 1er mai, soit on permet à ceux qui le souhaitent de bosser dans un cadre clair. »
Un changement pour 2026 ?
Un projet de loi est d’ailleurs en discussion pour assouplir la réglementation. Les artisans appellent « tous les députés et sénateurs » à se mobiliser et espèrent de quoi garantir une ouverture encadrée en 2026 sans crainte de sanction. Mais rien ne sera prêt pour cette année.
Le syndicat n’exclut pas une mobilisation si rien ne bouge, à terme. « On a des confrères très en colère. On n’exclut pas de mener des actions symboliques qui restent à définir pour nous faire entendre. »
En attendant ce jeudi, même si certains boulangers prendront le risque d’ouvrir, il ne faudra donc pas oublier d’acheter sa baguette la veille…
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