« Désolé, la ferme n’a pas pu nous livrer, mais on en aura demain ou après-demain », explique une vendeuse, dans une épicerie bretonne. Dans cette supérette du centre-ville de Rennes, des petits producteurs ont posé une affichette sur le rayon quasi-vide : « Ce n’est pas un mauvais tour de nos poules, mais bien une difficulté passagère qui touche toute la filière française ».
« Il n’y a aucun risque de pénurie »
L’interprofession de l’œuf confirme des ruptures ponctuelles d’approvisionnement, ici ou là, notamment dans les territoires les plus éloignés des sites de production, comme la région parisienne ou les cœurs de métropoles. « Mais il n’y a aucun risque de pénurie », précise d’emblée Yves-Marie Beaudet, éleveur à Landéhen (Côtes-d’Armor) et président du Comité national pour la promotion de l’œuf, qui rassemble tous les acteurs de la filière, dont quelque 3200 producteurs. C’est 48 millions de poules pondeuses, dont 60 % en Bretagne, Pays-de-la-Loire et Normandie.
Or les Français plébiscitent ce produit alimentaire. « On en consomme 300 millions de plus chaque année depuis trois ans, c’est la production d’un million de poules pondeuses », résume le producteur. Les éleveurs font ce qu’ils peuvent pour assouvir cet appétit. En cette période de fêtes, c’est encore plus tendu. « Il y aura encore quelques tensions dans les six mois à venir, mais elles vont s’estomper. »
300 nouveaux bâtiments prévus d’ici à 2030
Pour renforcer leurs capacités, les professionnels ont lancé en juin 2024 un plan de filière qui prévoit la construction de 300 nouveaux bâtiments d’ici 2030 et l’abandon des cages au profit de modes alternatifs (sol et plein air). « Nous visons 90 % d’œufs hors cage d’ici 2030, contre 77 % actuellement. » Cette mutation en profondeur prive la filière d’une partie de sa capacité à produire. « Quand votre bâtiment est en travaux, la production s’arrête. »