On peut adorer la couleur, les motifs et les souvenirs de voyage
et, malgré tout, se retrouver avec un salon plus ringard que
chaleureux. Le goût reste subjectif, mais certains détails de
décoration intérieure déclenchent souvent la même
réaction chez les pros : « ça fait kitsch ».

Nous avons interrogé des designers, dont Melanie Coddington et
Kelly Hoppen, et croisé leurs réponses avec les analyses d’experts.
Sept choix reviennent en boucle, du fameux total look aux tissus
trop brillants. Certains risquent de vous surprendre.

Quand le kitsch devient un langage à part entière en design
intérieur

Dans les écoles d’art comme sur les réseaux, le kitsch n’est
plus seulement synonyme de mauvais goût. « Le kitsch est devenu un
code esthétique, à la fois repoussant et fascinant, immédiatement
reconnaissable, hautement différenciant », analyse l’article du site
Étapes. Couleurs criardes, typographies naïves, effets à la WordArt
: ce vocabulaire visuel s’invite désormais aussi dans la
maison.

Derrière ce retour assumé se mêlent ironie et nostalgie :
beaucoup rejouent les codes des années 1990-2000. Pour ces
créateurs, recycler Comic Sans ou des dégradés arc-en-ciel, c’est
« Une manière de se réapproprier des codes populaires autrefois
jugés indignes du design “sérieux” ». Quand ce langage est appliqué
sans recul, « Il ne choque plus, il habille. Il ne remet plus en
cause, il devient tendance ». Nos intérieurs basculent alors dans le
kitsch involontaire.

Les 7 choix de déco que les designers jugent presque toujours
kitsch

Premier faux pas pour les experts : les ensembles trop
coordonnés, chambre complète assortie ou salon décliné dans un seul
ton très tendance. « Ces éléments peuvent devenir rapidement démodés
et ne pas résister à l »épreuve du temps, il est essentiel de
trouver un équilibre et de se concentrer sur des principes de
conception durables pour une esthétique intemporelle », explique
Melanie Coddington, designer d’intérieur, dans une interview
accordée au site The Spruce. Elle pointe aussi le piège des
textiles tape à l’œil : « J’ai tendance à éviter les tissus ultra
brillants, car ils peuvent sembler kitsch et avoir une esthétique
de courte durée. Optez plutôt pour des matériaux avec une brillance
plus discrète ou une finition mate ».

Kelly Hoppen se montre catégorique sur les plans de travail en
stratifié premier prix : « Je déteste le stratifié en plastique,
c’est kitsch et cela n’apporte rien à une cuisine ou une salle de
bains ». Côté couleurs, Melanie Coddington met en garde contre
l’association des trois primaires vives : « Je trouve difficile
d’intégrer du rouge, du bleu et du jaune vifs dans des pièces de
vie pour adultes sans que le design paraisse trop simpliste ou
enfantin ». Même prudence pour les motifs, comme le papier peint à
fleurs qu’elle cite en exemple : « Par exemple, un papier peint à
fleurs, utilisez-le comme accent et faites-en une pièce star sur un
fond neutre et atténué, mais contentez-vous d’une niche ou d’un
seul mur ».

Éviter le kitsch involontaire et
assumer celui que l’on choisit

Les deux derniers pièges concernent l’ensemble de la pièce :
faux maximalisme et absence d’équilibre, avec trop d’objets et trop
de couleurs fortes, aucune hiérarchie. « Éviter l’encombrement et
veiller à ce que chaque objet contribue de manière significative à
l’esthétique générale aide à empêcher que l’espace paraisse
étouffant ou kitsch », rappelle Melanie Coddington. Une designer
résume la règle d’or : « Le design est une question d’équilibre dans
tous les aspects, c’est comme lorsque vous vous habillez, quand
vous en faites trop avec les bijoux, le maquillage et les
accessoires, cela en dit trop ».

L’article évoque « Une forme de langage visuel post-sincère, où
le kitsch devient un miroir de notre époque confuse, hybride,
instable ». Pour la maison, tout se joue sur l’intention : un canapé
en velours coloré ou un mur à motifs fort peuvent devenir des choix
de déco kitsch revendiqués, à condition de laisser
autour d’eux des zones plus calmes et de vérifier que l’ensemble
reste lisible et respirable.