Fabrice Boutet, le président de la Ligue nationale (LNH) était à Montpellier, vendredi 19 décembre pour assister à la victoire du MHB contre Saint-Rapahël (44-34). Il en a profité pour faire le point sur différents chantiers.

Quel bilan tirez-vous 9 mois après votre élection à la tête de la LNH ?

J’ai trouvé beaucoup de dynamisme, au sein des équipes de la Ligue. Du dynamisme au niveau de l’implication des présidents. Même des clubs qui ne sont pas dans le comité directeur. Un championnat qui se resserre et devient de plus en plus compétitif. J’ai aussi perçu la problématique économique, parce que l’État on sait dans quel état il est. On voit bien qu’en fonction de la participation des collectivités, les clubs sont plus ou moins rassurés ou fragiles. Pas ultra-fragiles non plus. Nous avons une belle notoriété. Mais on n’a pas la visibilité qu’on mérite. Et c’est un constat qui nous oblige d’aller en chercher plus. De comprendre comment on peut encore attirer plus de fans, de téléspectateurs…

La prolongation du contrat avec BeIn Sport, pour 5 ans, peut y contribuer ?

Oui, c’est un peu l’objectif. Ce contrat est un vrai partenariat. Quelque chose qui se fait dans la longueur et qui nous sécurise puisqu’il a été renouvelé sur cinq ans. C’est vraiment un signe fort de BeIn. Deuxième chose, c’est la plus-value, la volonté aussi de BeIN et de la Ligue d’avoir notre propre magazine. On ouvre une petite lucarne dans cette télévision et on se dit, on va essayer de voir les arcanes de notre sport, comment, derrière, ça se passe avec les présidents, les entraîneurs et autres.

Dans quelle santé financière se trouvent les clubs pros ?

On a en très grande majorité des clubs qui sont assis sur une intelligence de gestion et une capacité à avoir des partenaires du privé et du public. On a d’autres clubs qui souffrent un peu plus, parce qu’ils sont montés en Proligue, mais avec le budget minimum. Et on voit que le budget minimum, ça signifie qu’il faut gérer au plus court l’économie. On a quelques questionnements, mais on n’a pas de zone d’alerte. Si on n’en veut pas demain, c’est maintenant qu’il faut continuer de construire.

La Ligue va proposer une nouvelle formule pour la Starligue, pour quelle raison ?

Quand je suis arrivé, il y avait déjà tout un travail qui avait été réalisé sur des formules de championnat. Mais on avait du mal à le comprendre. Donc on a mis en place un groupe de travail, et tout le monde convient qu’il faut qu’on regarde quelque chose d’un petit peu différent pour plusieurs raisons.

La première, c’est d’aller chercher le suspense le plus longtemps possible, monter l’adrénaline chez nos fans, pour que chacun d’entre eux se dise qu’il y a de l’enjeu. La deuxième chose, c’est aussi qu’on a des clubs phares, Montpellier évidemment, Paris, Nantes. Et on veut que les autres clubs aient envie d’être à ce niveau-là. Pour ça, il faut leur donner aussi l’accès à un moment qu’il n’y ait pas trop de décrochages et qu’on puisse se dire, “j’ai toujours la possibilité de remonter dans le classement ou d’aller chercher, d’aller titiller le meilleur niveau”.

Une nouvelle formule en 2026

La Ligue Nationale de handball devrait adopter une nouvelle formule de championnat dès la saison prochaine en incluant des play-offs. Les 4 premiers de saison régulière seraient qualifiés pour des phases finales, avec des demi-finales en matches aller-retour. Les vainqueurs de ces demies seraient opposés en finale sur un match sec qui se déroulerait chaque année dans une grande salle. Selon L’Équipe, une discussion est également en cours pour instaurer des barrages de qualification pour la Ligue Européenne. En revanche aucun changement n’est prévu concernant la relégation.

La troisième chose, c’est l’économie. Quand vous avez une salle avec 10 600 personnes à Nantes, on se dit que si on a une formule qui nous permet d’avoir plusieurs de ces matches à enjeu, c’est l’économie du handball professionnel qui est en jeu.
Et puis, ce qu’on veut, c’est avoir de plus en plus de fans. Nous, ce qui nous intéresse, c’est que les gens pensent, vivent, parlent handball et viennent dans nos salles parce que c’est quand même là qu’on est au vrai contact. Il faut que les résultats portent.

« On vise le modèle allemand »

Est-ce aussi l’opportunité d’aller chercher des titres européens ?

Alors ça, c’est dans le mandat qu’on m’a fait l’honneur de prendre. Il y a une notion de performance. On veut installer les clubs français sur le toit de l’Europe. C’est une volonté.
La deuxième chose est l’économie une fois encore. Le championnat allemand est un exemple devant nous. Il y a de la compétitivité à l’intérieur de notre championnat. Il faut qu’il se renforce pour tirer vers le haut. Il faut peut-être qu’on garde aussi nos joueurs chez nous. On parle de la formation, parce qu’on est très bon. On est un beau pays de formation au niveau du handball. On n’a vraiment pas à rougir, même vis-à-vis des Allemands. Mais on se fait grignoter nos joueurs. L’idée, c’est de dire comment on peut combiner la formation, garder nos joueurs, l’économie, et la capacité d’avoir une vraie compétitivité dans le championnat. On vise, effectivement plutôt le modèle allemand. C’est un des objectifs très précis du mandat dans lequel on s’est inscrit.

Que représente pour vous, un club comme Montpellier ?

J’aime beaucoup l’état d’esprit de Montpellier. J’aime beaucoup discuter avec son président, c’est quelqu’un qui est dans un état d’esprit d’ouverture, de modernité. Montpellier, c’est une belle histoire. Même moi, dans mon milieu du ski, on me parle des quelques stars, et de Montpellier. Parce que c’est une histoire. À un moment, le handball du plus haut niveau français était porté par Montpellier. Et on sent encore cette ambiance.