Noël est une période magique, surtout lorsque l’on est enfant et que l’on attend sagement (ou pas) la venue du père Noël la nuit du 24 au 25 décembre. C’est en tout cas comme ça que Nadine aurait aimé passer les fêtes lorsqu’elle était petite. À 72 ans aujourd’hui, cette Iséroise est encore marquée par ce Noël qu’elle n’a pas eu étant enfant.
« Nous n’avions jamais entendu parler de Noël chez nous. En revanche, en 1958, lorsque nous sommes allés chez mon grand-père, en Isère, il nous a parlé de Saint-Nicolas et nous a offert une orange pour cette occasion, que nous avons divisée en quatre pour la partager avec mon frère et ma sœur. Je me souviens encore du plaisir, du goût, de l’odeur. C’était si bon que nous avons mangé la peau sans savoir que celle-ci n’était pas consommable », se remémore-t-elle.
« Nous n’étions que des enfants »
Lorsqu’elle rentre en CP, à Lyon, là où elle vit avec ses parents et ses frères et sœurs, elle entend alors parler pour la première fois du père Noël dans la cour d’école. « J’ai grandi avec des parents communistes qui m’ont tout de suite expliqué que le père Noël n’existait pas. On ne fêtait d’ailleurs pas Noël. Qu’importe, je ne voulais pas les croire », rembobine Nicole.
Elle entend par ses camarades de classe qu’il faut laisser ses souliers devant la cheminée le soir du 24 décembre pour espérer avoir un cadeau. Elle embarque alors sa grande sœur et son grand frère dans cette histoire et les convainc de laisser leurs souliers devant le poêle à mazout. Quelle ne fût pas leur surprise et leur désarroi lorsque le matin de Noël, ils ont trouvé… des poireaux dans leurs chaussures. « Ils ont certainement voulu nous faire une blague, c’était un milieu assez cynique, mais nous n’étions que des enfants, nous étions sidérés », se rappelle-t-elle.
Devant cette tentative ratée de célébrer Noël, Nicole abandonne et ne croit plus aux mythes qui entourent cette fête, quoi qu’en disent ses camarades de classe. Pour tenter de se rattraper, leurs parents leur ont offert un jeu de l’oie le 1ᵉʳ janvier, par le « père Janvier », qui est l’ancêtre du père Noël. Mais c’est trop tard, le mal est fait. « La cruauté qui en découle est restée gravée en moi », regrette Nicole.
Ce n’est qu’à 18 ans, lorsqu’elle se marie, qu’elle découvre les repas de Noël en famille. « J’ai tenté de créer de nouvelles habitudes, mais ça a été une grande déception, parce que ça n’a jamais été ce que j’attendais. L’esprit de Noël n’a pas pris, il manquait de chaleur humaine, de la joie. Finalement, j’ai arrêté, mis à part pour mes enfants », soupire-t-elle.
À la recherche de chaleur humaine
Aujourd’hui, ses deux garçons sont grands, puisqu’ils ont 51 et 53 ans, mais elle se souvient les avoir gâtés tant qu’elle pouvait, enchaînant les heures supplémentaires et les petits boulots pour pouvoir déposer des cadeaux au pied du sapin et voir la joie sur leurs visages d’enfants. « Je m’aperçois que tout ça, je l’ai finalement peut-être fait pour moi, pour réparer quelque chose que je n’ai pas eu étant petite. Ça a certainement joué sur les attentes que j’ai autour de cette fête, je n’ai jamais eu le Noël de mes rêves, dont me parlaient mes copines à l’école. Même si je ne porte plus la tristesse de ce moment avec mes parents, il y aura toujours un manque », songe-t-elle.
Pour autant, elle ne veut pas abandonner l’esprit de Noël qui sommeille en elle. Son réconfort : « Je collectionne des petites figurines anciennes pour faire des grandes crèches tous les ans, même quand je suis toute seule, c’est rare, mais avec un fils qui travaille à Noël et un autre qui habite en Norvège, ça peut arriver. Je ne suis jamais triste parce que j’ai tout mon petit entourage », confie-t-elle.
Son autre plaisir : lorsqu’elle le peut, elle rend visite à son fils en Norvège pendant les fêtes et s’imprègne de l’esprit de Noël qui règne dans ce pays. « Je me régale, il y a des décorations, des bougies de partout et surtout beaucoup de joie, c’est un moment important pour eux », souligne l’Iséroise. Cette année, elle passera le Noël chez elle, entourée de ses neveux et nièces, en essayant de retrouver cette chaleur humaine des fêtes qu’elle n’a pas connue lorsqu’elle était enfant.