A Toulouse, une crèche a été développée sur quatre niveaux. Une configuration inhabituelle qui a permis la création de vastes terrasses.

A Toulouse (Haute-Garonne), il n’est pas vraiment d’usage d’empiler les tout-petits. Toutefois, dans la ZAC Guillaumet, qui grandit sur l’ancien site du Centre d’essais aéronautiques de Toulouse (CEAT), la parcelle dévolue à la création d’un centre d’accueil petite enfance municipal était si contrainte que l’équipement a dû être développé sur quatre niveaux.

A configuration inhabituelle, réponse particulière : la crèche, qui a ouvert en janvier dernier dans ce nouveau quartier sans caractère, se distingue par ses vastes terrasses.

A l’abri de deux beaux pins historiques, l’équipement réalisé par l’agence Pierre-Luc Morel Architectes, en association avec Eric Poucheret, a des allures de grande maison de vacances familiale, robuste et joyeuse. Confortable, aussi.

Volume élémentaire

Pour se conformer à la constructibilité limitée à 1 060 m² SP et aux règles de prospect, qui obligeaient la crèche à s’aligner sur les immeubles voisins, l’équipe de maîtrise d’œuvre a conçu un volume élémentaire. « Un quasi-cube mais plutôt épais, notent Pierre-Luc Morel et Eric Poucheret. Cela rendait difficile son éclairement naturel. Pour cette raison, nous avons choisi de le décoller du bâtiment de logements situé à l’arrière. » La faille ainsi créée, dans laquelle se glissent des escaliers et des coursives extérieures, permet d’assurer un apport de lumière et une meilleure ventilation des locaux.

Alors que le rez-de-chaussée a été spécifiquement aménagé en Relais petite enfance, destiné à l’accueil des parents et des assistantes maternelles, les espaces sont répartis de la même façon dans les étages. Ils s’organisent selon un plan à trois bandes : la partie nord, côté faille, est réservée aux lieux les plus privatifs, comme les dortoirs et les salles de change ; la vie en communauté s’établit au centre, avec une zone de repas et une grande salle de jeu contiguës ; ces dernières ouvrent, enfin, sur une terrasse de 110 m² orientée plein sud. Cette organisation pragmatique et ce ratio généreux d’un tiers d’espaces extérieurs pour deux tiers d’intérieurs permettent d’envisager une gestion innovante de l’établissement.

Espaces autonomes

Chaque étage peut, en effet, fonctionner en autonomie, comme une mini-crèche dans la crèche. Par ailleurs, plus d’activités sont susceptibles d’être organisées en extérieur, y compris la sieste. « Puisque les terrasses sont couvertes, les enfants peuvent également sortir quand il pleut des trombes », explique l’équipe de l’établissement. Seule la terrasse du troisième étage, abritée uniquement par une pergola, offre une protection moindre. Il faudra attendre que les plantes grimpantes des jardinières colonisent sa couverture pour qu’elle soit réellement ombragée et un peu plus fraîche l’été. Les grands bacs de plantations, ajoutés à la profondeur des plateformes, garantissent une certaine intimité aux enfants et, ce faisant, participent à leur sécurité. Depuis la rue, par-delà le petit jardin avant de la crèche, les passants ont une vue en contre-plongée sur les terrasses, et en particulier sur leurs sous-faces en voûtains de terre cuite.

Identité toulousaine oblige, l’usage de la brique était prescrit. Tout en misant d’abord sur la simplicité d’une structure poteaux-poutres en béton apparente, les architectes ont donc eu recours à ce matériau pour les planchers, mais aussi pour la vêture extérieure, constituée de bardeaux de terre cuite. Les concepteurs les ont sélectionnés dans un format large, pour bien les différencier de la brique traditionnelle. Le contraste ainsi obtenu avec l’aspect domestique des bâtiments environnants souligne le caractère institutionnel de la crèche. Affirmer la présence de ce service public, la Ville de Toulouse y tenait.

Informations techniques

Maîtrise d’ouvrage : mairie de Toulouse.

Maîtrise d’œuvre : Pierre-Luc Morel Architectes (mandataire), Eric Poucheret (architecte, associé), Delphine Beaudouin (paysagiste), BA Bat et Ingeba (structure), Ecozimut (CVC, fluides), Emacoustic (acoustique).

Principales entreprises : CGEM (structure, gros œuvre et menuiseries intérieures), Soprema (étanchéité), Labastère (menuiseries extérieures), ETP (doublages, cloisons, plafonds).

Surfaces : 1 060 m² SP pour le bâti, 440 m² pour les terrasses.

Coût des travaux : 3,1 M€ HT.

Equipement public : les terrasses forment la jeunessePHOTOS : VINCENT BOUTIN 11348_637079_k3_k1_1520143.jpg Les 90 m² de l’espace de vie, présent à chaque étage, forment un tout avec la salle de jeux et la zone des repas. Une cloison mobile permet de les isoler le cas échéant. L’ensemble donne directement sur la terrasse. Equipement public : les terrasses forment la jeunessePHOTOS : VINCENT BOUTIN 11348_637079_k4_k1_1520145.jpg Chaque niveau dispose de 110 m² d’espaces en plein air où tout peut être facilement organisé, les jeux comme la sieste.