Mais qu’est-ce que tout ce vacarme, cette lumière et ces voix qui réverbèrent, dans un langage qui ne ressemble à rien de connu ? Quel étrange spectacle que ces milliers d’humains emmaillotés sous plusieurs épaisses couches qui nous regardent passer comme si notre présence était extraordinaire. On nous avait promis que l’on retournerait vite au Mas pour passer le Réveillon au chaud, mais on s’est encore fait avoir. On a beau être belles, en bonne santé, faire le show, ce n’est pas notre spécialité mais on va bien se tenir et marcher en rang serré, comme ça, à peine descendues du camion.
Au moins 10 000 personnes ont assisté ce mercredi 24 décembre à la descente des bergers, qui rassemblent passionnés, amateurs de folklore et curieux à Allauch. / PHOTO LP – Frederic Speich
Voilà, à peu de chose près, ce qu’on pourrait imaginer qu’il se passe dans la tête d’une des brebis ou d’une des chèvres du Rove qui sont les stars, l’un des raisons d’être de la traditionnelle descente des bergers, rejouée tous les 24 décembre dans le village d’Allauch. En réalité, on ne sait pas grand-chose de ce que pensent ces bêtes – élevées dans un troupeau à Saint-Étienne du Grès – de cette célébration toute Provençale. On sait en revanche qu’elles ont contribué à ramener cette année encore environ 10 000 spectateurs, selon la commune, pour la veillée de Noël.
« C’est un peu notre fierté »
Les 150 figurants et comédiens de la scène de l’annonce de la naissance de l’enfant Jésus y sont aussi pour beaucoup dans le succès de cet événement. La plupart des participants ont plusieurs décennies d’expérience et ils ont entraîné leur descendance dans la tradition. « C’est un peu notre fierté et celle du village que d’honorer ce moment avec passion année après année », témoigne Paul, 69 ans, dont trente à enfiler le costume chaque hiver. Muriel, son épouse, sait déjà qu’elle sera émue dès que les premières notes de chant seront lancées sur la colline, « ça fait quelque chose de voir autant de joie en une soirée, de voir le public se prendre au jeu ». Leurs petits enfants, Eden et Naël ont débarqué de Cannes exprès pour pouvoir défiler – sous une pluie fine et agaçante – avec le reste de la troupe. « Moi j’aime bien faire la star, qu’on me voit et qu’on m’applaudisse », sourit la petite fille, Eden, qui a même fait un exposé à sa classe sur la descente.
Au moins 10 000 personnes ont assisté ce mercredi 24 décembre à la descente des bergers, qui rassemblent passionnés, amateurs de folklore et curieux à Allauch. / PHOTO LP – Frederic SpeichUne Bretonne à la découverte des costumes
Yvon « du Frioul », comme il se fait appeler (il organise des visites de l’île), ne peut que renchérir aux propos de l’enfant puisqu’il ne quitte pas son costume de meunier depuis 29 ans pour encore pouvoir goûter à la ferveur de cette soirée particulière. « J’adore cette ambiance, c’est une vraie fête à laquelle on a envie de participer encore et encore », constate le meunier, sabot de bois aux pieds.
Au moins 10 000 personnes ont assisté ce mercredi 24 décembre à la descente des bergers, qui rassemblent passionnés, amateurs de folklore et curieux à Allauch. / PHOTO LP – Frederic Speich
Même des touristes avaient fait le déplacement ce soir-là pour découvrir cette tradition. « J’adore les costumes, j’avais hâte de découvrir ceux-là. Ça change tellement des nôtres », se réjouit Solène, une Bretonne de 54 ans. De quoi enorgueillir les Allaudiens autour d’elle qui se rassemble autour de ce spectacle davantage comme un pèlerinage que pour redécouvrir chaque détail des scènes de la nativité.