Alzheimer chez le chat : une réalité qui s’impose avec
l’âge

Un chat qui se met à miauler la nuit, se perd dans le couloir ou
oublie sa litière ne manifeste pas qu’une lubie de vieux compagnon.
Des travaux récents montrent que les félins âgés peuvent développer
une affection cérébrale proche d’Alzheimer. Publiée dans le
European Journal of Neuroscience, une étude détaille les
mécanismes biologiques en jeu. À la maison, ces scènes du quotidien
prennent soudain un autre sens.

Le contexte d’âge compte. Un chat senior est
considéré à partir d’environ 8 ans, et les premiers signes de
vieillissement apparaissent souvent entre 10 et 12 ans. Chez les
plus de 15 ans, près de la moitié présenterait au moins un symptôme
de déclin cognitif. La suite se joue dans le cerveau.

Ce que l’étude de l’Université d’Édimbourg a mis au jour

Menée par l’Université d’Édimbourg avec le
UK Dementia Research Institute et l’Université de
Californie, l’étude a analysé des cerveaux de chats âgés en
microscopie confocale. Les chercheurs y ont observé des dépôts de
plaques d’amyloïde-bêta qui s’incrustent jusque
dans les synapses, ces jonctions où les neurones
échangent les informations. Fait marquant, le vieux cerveau félin
reproduit spontanément des étapes précoces décrites chez les
patients humains.

Autre point clé, la réaction des cellules de soutien. Les
microglies et les astrocytes,
chargées de “nettoyer” les circuits pendant le développement, se
mettent ici à engloutir les synapses marquées par l’amyloïde. Cette
ingestion synaptique s’intensifie au voisinage des plaques, avec
une co-localisation mesurable entre synapse, protéine toxique et
cellules gliales. Ce n’est pas un simple vieillissement mais un
processus actif de déconnexion.

Symptômes, âges, diagnostic : lire les signes sans se
tromper

Dans le foyer, la démence féline – ou
syndrome de dysfonctionnement cognitif – se
traduit par des miaulements nocturnes, une
désorientation dans un lieu familier, des
déjections hors litière, des troubles du sommeil ou de l’appétit,
un arrêt de la toilette ou un léchage excessif, mais aussi des
changements de comportement, plus collant ou plus irritable. Ces
manifestations dépassent les simples « petites manies » du grand
âge.

Le diagnostic reste vétérinaire et d’exclusion : il faut écarter
une hyperthyroïdie, une insuffisance rénale, une tumeur cérébrale,
une perte de vue, d’ouïe ou d’odorat, un diabète ou de l’arthrose.
Documenter les scènes à la maison, décrire l’horaire des vocalises,
les erreurs de litière, l’appétit, aide le praticien. Et oui,
l’ensemble concorde avec ce que révèle l’étude sur les synapses
malmenées.

Comment aider un chat concerné et que
peut-on apprendre pour l’humain ?

On ne guérit pas, mais on peut soulager. Parlez avec votre
vétérinaire de traitements possibles et de compléments censés
soutenir les fonctions cognitives. À la maison, gardez les repères
stables (ne pas déplacer gamelle, litière, couchage), aménagez un
coin calme, évitez les frayeurs. Continuez à jouer, proposez des
routines simples, rassurez d’une voix douce quand il s’égare.
L’objectif est de réduire le stress et de stimuler doucement.

Ces résultats offrent un modèle naturel plus proche de l’humain
que la souris transgénique, où les lésions émergent sans
manipulation. En ciblant les cellules gliales et la protection des
synapses, la recherche pourrait affiner des pistes
thérapeutiques pour les deux espèces. Les chats n’ont pas choisi,
c’est vrai. Leur vieillissement, lui, nous apprend déjà comment et
où le cerveau commence à décrocher. Une fenêtre scientifique
précieuse.