- Le roi d’Angleterre s’est plié au discours annuel de Noël, diffusé à la télévision britannique le 25 décembre à 15h pétantes.
- Son allocution aux accents très politiques a rendu hommage à la notion de pèlerinage qui fait signe « d’avancer vers l’avenir tout en revenant vers le passé pour s’en souvenir et en tirer des leçons ».
- Une prise de parole conclue par une interprétation d’un chant de Noël traditionnel par une chorale ukrainienne en tenues traditionnelles.
Dans un monde en constante évolution, certaines choses restent immuables. C’est le cas du discours de Noël du souverain britannique qui inonde les ondes britanniques chaque 25 décembre depuis 1932. Charles III a poursuivi la tradition familiale ce jeudi avec une allocution qui, entre les lignes, révèle l’état d’esprit du roi d’Angleterre. Pour la deuxième fois depuis son accession au trône, le septuagénaire a fait le choix d’enregistrer son discours hors des résidences royales. C’est depuis l’abbaye de Westminster qu’il s’est adressé à la nation britannique, en écho au fil conducteur de son message : le pèlerinage.
Avec la grande diversité de nos communautés, nous pouvons trouver la force de faire en sorte que le bien triomphe du mal
Charles III
Charles III a commencé en évoquant le « moment historique d’unité spirituelle » qu’a représenté son déplacement au Vatican en octobre dernier. Une visite lors de laquelle il a prié avec le pape Léon XIV, du jamais-vu depuis le schisme anglican au XVIᵉ siècle. Cette rencontre a eu lieu alors que l’Église catholique célébrait son jubilé sur le thème « Pèlerins de l’espérance ». « Le mot pèlerinage est moins employé aujourd’hui, mais il a une signification particulière pour notre monde moderne, et surtout à Noël : il s’agit d’avancer vers l’avenir tout en revenant vers le passé pour s’en souvenir et en tirer des leçons », a déclaré le monarque.
Le roi a aussi salué la transmission de la mémoire de la Seconde Guerre mondiale, après les célébrations du 80e anniversaire de la fin de ce conflit. « Le courage et le sacrifice de nos militaires, ainsi que la manière dont les communautés se sont rassemblées face à une si grande épreuve, portent pour nous un message intemporel. Ce sont toutes ces valeurs qui ont façonné notre pays et le Commonwealth », poursuit-il.
Il a salué aussi le « courage spontané » de ceux qui aident dans les situations d’urgence alors qu’apparaissaient des images de l’attaque de Bondi, en Australie, lors de laquelle un homme est intervenu pour arrêter les terroristes. Des photos du roi avec les survivants de l’attaque de la synagogue de Manchester, qui a fait deux morts début octobre, ont aussi été diffusées.
Qualifiant l’époque actuelle d' »incertaine », Charles III estime qu’avec « la grande diversité de nos communautés, nous pouvons trouver la force de faire en sorte que le bien triomphe du mal ». Certains commentateurs y verront une réponse au mouvement anti-immigration qui prend de l’ampleur au Royaume-Uni.
Pas d’évocation du cancer, ni d’Andrew
« Il me semble que nous devons chérir les valeurs de compassion et de réconciliation », souligne-t-il. « Alors que nous entendons parler de divisions, tant chez nous qu’à l’étranger, ce sont là des valeurs que nous ne devons jamais perdre de vue », insiste-t-il encore. « Lorsque je rencontre des personnes de différentes confessions, je trouve extrêmement encourageant d’entendre tout ce que nous avons en commun : un désir partagé de paix et un profond respect pour toute vie », détaille le roi, qui a toujours montré un intérêt poussé pour le dialogue interreligieux.
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Ne cherchez pas d’allusion à sa vie privée dans son discours. Seuls Camilla, William, Kate et leurs enfants ont eu droit d’apparaître dans les images d’illustration en tant que membres actifs de la famille royale. Charles III a choisi de ne pas parler de son cancer, après avoir annoncé à la télévision que son traitement va être « réduit » en 2026. Rien non plus sur son frère déchu Andrew, à qui il a retiré tous ses titres en novembre à cause de ses liens avec le pédocriminel Jeffrey Epstein. Son cadet n’a même pas assisté à la messe familiale ce jeudi à Sandringham, contrairement à ses filles Beatrice et Eugenie.
Le seul élément personnel de ce discours réside sans doute dans le choix de sa conclusion. Le roi a fait appel à une chorale ukrainienne pour reprendre « Carol of the Bells », un chant de Noël bien connu des Anglo-Saxons. Fervent soutien de Kiev, il a à plusieurs reprises reçu Volodymyr Zelensky depuis le début de la guerre face à la Russie il y a quatre ans.
Delphine DE FREITAS avec AFP
