L’administration Trump a annoncé mardi 23 décembre des sanctions visant cinq personnalités européennes engagées pour une stricte régulation de la technologie et contre la désinformation en ligne. Un ancien commissaire européen Français, Thierry Breton, qui fut également ministre, fait partie de cette liste. Les quatre autres personnes sanctionnées sont des représentants d’ONG luttant contre la désinformation et la haine en ligne au Royaume-Uni et en Allemagne.
Les agissements de ces personnes, qui se voient interdites de séjour aux États-Unis, s’apparentent à de la « censure » au détriment des intérêts américains, a justifié le département d’État. « Depuis trop longtemps, les idéologues européens mènent des actions concertées pour contraindre les plateformes américaines à sanctionner les opinions américaines auxquelles ils s’opposent », a fustigé le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, sur X.
Thierry Breton a, lui, dénoncé sur X, réseau social appartenant au milliardaire américain Elon Musk, un « vent de maccarthysme » aux États-Unis, en référence à la chasse aux sorcières anticommuniste menée par le sénateur américain Joseph McCarthy dans les années 1950. « La censure n’est pas là où vous le pensez », a-t-il lancé aux Américains.
« Nous ne sommes pas une colonie des États-Unis ! »
L’annonce de ces sanctions a provoqué nombre de réactions en France. « Ces mesures relèvent de l’intimidation et de la coercition à l’encontre de la souveraineté numérique européenne », a dénoncé sur X Emmanuel Macron, promettant de continuer à défendre « notre autonomie réglementaire ». Jean-Noël Barrot, le ministre des Affaires étrangères, a affirmé, également sur X, que « les peuples de l’Europe sont libres et souverains et ne sauraient se faire imposer par d’autres les règles s’appliquant à leur espace numérique ».
« Nous ne sommes pas une colonie des États-Unis ! Nous sommes Européens, nous devons défendre nos lois, nos principes, nos intérêts », a tempêté le député européen social-démocrate Raphaël Glucksmann sur X. Gabriel Attal, le secrétaire général de Renaissance, a interpellé son homologue du RN, Jordan Bardella : « Les admirateurs français de Donald Trump trouveront-ils l’énergie de réagir face à une nouvelle remise en cause de notre souveraineté par un pays pourtant allié ? », s’est-il demandé. Au RN, justement, les avis étaient partagés. « L’administration Trump non seulement se trompe sur le fond mais se trompe sur l’image qu’elle renvoie des États-Unis au monde entier », a ainsi critiqué son vice-président, Sébastien Chenu, sur RTL.
L’ambiguïté du RN
En revanche, deux eurodéputées RN ont montré de la compréhension vis-à-vis de la décision américaine. « Thierry Breton avait menacé (en 2024) le propriétaire du réseau social (X) de (faire) respecter les réglementations de l’UE. Un visa enlevé un an et demi après, ils ont fait preuve de beaucoup de patience ! », a jugé ainsi Virginie Joron en référence aux différends entre Elon Musk et l’UE. Les États-Unis « ne se sacrifieront pas pour un continent sans libertés où l’on annule même des élections », en référence à la présidentielle roumaine, a renchéri Catherine Griset.
Plusieurs représentants d’institutions européennes ont également réagi avec vigueur à l’annonce de ces sanctions. Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, a souligné sur X que « la liberté d’expression est la base de notre démocratie européenne forte et vivante. Nous en sommes fiers, nous la protégerons ». La présidente du Parlement européen Roberta Metsola a qualifié ces sanctions « d’inacceptables » et enjoint aux États-Unis de « les annuler rapidement ».