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Rédaction Normandie

Publié le

25 déc. 2025 à 17h04

Un conseil municipal s’est tenu, à Bonsecours, près de Rouen, à la mi-novembre. Cinq délibérations étaient à l’ordre du jour, parmi lesquelles l’adoption, malgré l’abstention des oppositions, d’un emprunt de 500 000 euros. La séance s’est conclue sur des échanges tendus entre le maire et l’opposition au sujet de l’insécurité et de « propriétaires de chiens dangereux »…

«L’emprunt souscrit est un emprunt d’équilibre »

« Les investissements financés par l’emprunt, cela n’existe pas ! Par principe, dans les règles de la comptabilité publique, l’emprunt qui est souscrit est un emprunt d’équilibre. La règle de la non-affectation fait partie des quatre règles budgétaires des finances publiques. Globalement, il va permettre d’équilibrer notre section d’investissement. Comme dans toutes les communes de France, il va répondre à cette exigence », a déclaré le maire Laurent Grelaud, ajoutant que ce montant d’emprunt de 500 000 euros est plutôt bas et qu’il correspond à la limite que la commune s’est fixée, hors circonstances particulières, à savoir « des investissements extraordinaires comme nous avons dû le faire pour le centre de loisirs ».

La spirale de la dette finit toujours par un naufrage.

Laurent Grelaud

Le maire a continué son intervention en expliquant que cet emprunt va permettre à la Ville de « poursuivre notre désendettement tout en menant une politique d’investissement dynamique, raisonnable et donc finançable, sans mettre à mal notre santé budgétaire et par ricochet le portefeuille des Bonauxiliens ».

Et, il a rappelé que lorsqu’il a été élu maire, la dette s’élevait à 6 millions d’euros : « elle est aujourd’hui de 3,9 millions d’euros. La spirale de la dette finit toujours par un naufrage », a lancé le maire Laurent Grelaud, visiblement agacé après une question sur l’affectation de la somme, à laquelle il constate devoir répondre tous les ans.

Comme bien souvent, et pas seulement à Bonsecours, ce sont les questions diverses qui ont apporté le plus d’informations, de débats, voire d’invectives. Une coutume respectée lors de cette séance !

Le point sur les locaux de la Caisse d’Épargne

Après avoir informé les élus sur la situation des locaux de la Caisse d’Épargne rachetés en mai 2025 par la Ville, mais inaccessibles après l’incendie des deux logements situés au-dessus (lire notre précédent article), Laurent Grelaud a indiqué que sept assurances interviennent, soit autant d’experts.

Sept experts ont essayé de déterminer les causes de l'incendie des logements au-dessus de la Caisse d'Épargne. 
Sept experts ont essayé de déterminer les causes de l’incendie des logements au-dessus de la Caisse d’Épargne. (©Le Bulletin)

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« Je ne dis pas que cela se passe mal. Le maître mot va être la patience. La dernière expertise contradictoire a eu lieu début septembre. Chaque expert a déposé son dossier en sachant que pour le moment, on ne connaît toujours pas la cause de l’incendie. On sait qu’il a pris dans un appartement. C’est compliqué. On attend ! », a souligné le maire.

C’est ensuite que les choses se sont tendues avec les oppositions qui ont décidé de s’allier pour les municipales 2026. Elles ont posé trois questions sur la sécurité à Bonsecours : « combien de cambriolages ? Quelle coopération avec les polices municipales du secteur ? Avons-nous un conseil local ou intercommunal de prévention de la délinquance (CLSPD) ? »

Questions sur la sécurité : « une préoccupation légitime »

Laurent Grelaud a fait une réponse globale sur « une préoccupation évidemment légitime, mais nationale. Fort heureusement, nous sommes, à Bonsecours, une commune qui reste préservée. Mais nous ne sommes pas sous une cloche de verre. Elle ne peut pas l’être. Elle ne doit pas l’être. Nous avons des actes malveillants qui se résument à 70 % de cambriolages. Depuis le début de l’année, nous en sommes à 25. Deux par mois. Deux de trop », a détaillé l’élu, indiquant que les autres faits concernent des accidents ou encore des conflits familiaux.

Il a ensuite rappelé que, non, la commune ne dispose pas de CLSPD, car elle « ne justifie pas un déploiement de moyens et d’actions spécifiques. En octobre-novembre, Bonsecours a représenté au total 16 % des interventions de la Police nationale. Sur ces 16 %, il y a environ 30 % de problèmes familiaux. C’est pour montrer qu’en matière de sécurité, nous sommes dans une situation plutôt enviable », a estimé le maire, mettant en évidence le bon travail de la police municipale, qui connaît parfaitement son territoire, et qui travaille en collaboration avec ses collègues du Mesnil-Esnard.

Le débat s’envenime autour de mains courantes

Toutefois, Laurent Grelaud a ajouté que « tout acte d’incivilité et d’insécurité est un acte de trop ». Et c’est à ce moment que les débats se sont, pour le moins, envenimés. Le maire a en effet tenu à souligner que les faits d’incivilité ou de délinquance ne se résument pas à des cambriolages : il a ainsi évoqué les conflits de voisinage, les excès de vitesse et aussi « les propriétaires de chiens dangereux », visant plus particulièrement un conseiller municipal d’opposition.

Le maire a alors fait référence à quatre mains courantes déposées à la police municipale pour des attaques par un chien qui appartiendrait au dit conseiller municipal d’opposition. Ce dernier s’est alors étonné que son cas soit cité : « Qu’est-ce que cela vient faire dans un conseil municipal ? », a-t-il objecté.

Une histoire de chien sans laisse ni muselière…

Ce à quoi Laurent Grelaud a rétorqué : « vous m’avez posé une question sur l’insécurité. C’est une notion large. Je signale que vous êtes le seul Bonauxilien qui m’a contraint à prendre un arrêté municipal pour vous obliger à tenir votre chien en laisse et lui faire porter une muselière ».

« Il faut que vous vous acharniez sur l’opposition »

L’intéressé a alors enchaîné : « Pouvons-nous passer à autre chose ? Ce qui me fait sourire, c’est la nature de votre intervention, c’est qu’il faut que vous vous acharniez sur l’opposition. Il y en a toujours un avec vous. Là, vous êtes juge et partie. Êtes-vous venu me rencontrer ? Vous me faites des reproches sans vous renseigner. Restons en là ! »

Mais, pour Laurent Grelaud, pas question de clore cette affaire, sans indiquer à l’opposant que c’est « son attitude », qui l’a contraint à évoquer ce fait qu’il déplore, d’autant plus quand il vient d’un élu municipal.

Une attaque personnelle selon Guillaume Brunet

Guillaume Brunet, conseiller municipal d’opposition et tête de liste pour les prochaines municipales, est aussi intervenu en déplorant les faits, mais également pour regretter que la discussion ait « glissé un peu vite sur quelque chose de personnel. Je veux bien croire que ce n’était pas votre intention, cependant cela devient une attaque personnelle envers un membre du conseil municipal. Ce n’est pas le lieu. C’est quelque chose de récurrent dans ce conseil ».

La réaction de l’opposant Guillaume Brunet

Au lendemain de cet échange tendu au conseil municipal, Guillaume Brunet a adressé ce message à la Rédaction. « Le maire ayant décidé de discréditer un conseiller municipal lors du conseil municipal, je me suis étonné de la divulgation du contenu de mains courantes. J’ai donc effectué des recherches sur le cadre légal des mains courantes. Il en ressort que, dans un avis de 2014, la Commission d’accès aux documents administratifs estime que les extraits du registre de main courante sont communicables aux seules personnes intéressées, en vertu de l’article 6 de la loi de 1978, c’est-à-dire à la personne qui en est à l’initiative ou aux personnes mises en cause », fait valoir le conseiller municipal d’opposition.

Il poursuit : « il semble donc que, dans un but électoraliste pour discréditer un membre de l’équipe de son (potentiel ?) adversaire, Monsieur le maire se soit mis hors la loi. J’ignore si le conseiller municipal décidera de porter plainte pour atteinte à la vie privée. Quoi qu’il en soit, la polémique que Monsieur Grelaud a déclenchée lui-même lors du conseil municipal, accompagnée d’une indignation surjouée du premier adjoint, démontre une fois de plus qu’il préfère s’attaquer aux personnes plus qu’aux problèmes de fond du quotidien des Bonauxiliens ».

Ce à quoi Laurent Grelaud a rétorqué vivement : « Merci maître ! Cette plaidoirie vise à défendre un conseiller et à me rendre responsable de ce qui se passe. Mais, comme toute plaidoirie, elle a un parti pris. Je ne vous le reproche pas. Ici, il n’y a aucune attaque personnelle », a assuré le maire, martelant que sa réaction est la conséquence de l’attitude du conseiller municipal mis en cause…

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