Le Kremlin a mentionné jeudi être en contact avec les autorités françaises concernant le sort d’un politologue français, Laurent Vinatier, qui purge une peine de trois ans de prison en Russie et serait de nouveau inculpé d’espionnage.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a indiqué à la presse que la Russie avait fait «une proposition à la France» au sujet de Laurent Vinatier, arrêté à Moscou l’an dernier et condamné pour collecte de renseignements militaires.

Il a précisé que «la balle est désormais dans le camp de la France». Il a refusé de donner plus de détails, invoquant la sensibilité du dossier.

Le président français Emmanuel Macron suit de près la situation de M. Vinatier, a indiqué son cabinet dans un communiqué.

Le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Pascal Confavreux, a déclaré jeudi que tous les services de l’État étaient pleinement mobilisés pour apporter un soutien consulaire à M. Vinatier et œuvrer à sa libération dans les meilleurs délais.

Les déclarations de M. Peskov interviennent après que le journaliste Jérôme Garro, de la chaîne de télévision française TF1, a interrogé le président Vladimir Poutine lors de sa conférence de presse annuelle le 19 décembre sur la possibilité pour la famille de M. Vinatier d’espérer une grâce présidentielle ou sa libération dans le cadre d’un échange de prisonniers. M. Poutine a affirmé ne rien savoir de l’affaire, mais a promis de se renseigner.

M. Vinatier a été arrêté à Moscou en juin 2024. Les autorités russes l’ont accusé de ne pas s’être enregistré comme «agent de l’étranger» alors qu’il collectait des informations sur les «activités militaro-techniques» de la Russie, susceptibles d’être utilisées au détriment de la sécurité nationale.

Cette arrestation est intervenue dans un contexte de fortes tensions entre Moscou et Paris, à la suite des déclarations du président français Emmanuel Macron concernant un éventuel déploiement de troupes françaises en Ukraine.

Les avocats de M. Vinatier ont demandé une amende, mais le juge l’a condamné en octobre 2024 à trois ans de prison, une peine qualifiée d’«extrêmement sévère» par le ministère français des Affaires étrangères, qui a exigé la libération immédiate du chercheur.

Les arrestations pour espionnage et collecte de données sensibles sont devenues de plus en plus fréquentes en Russie et dans son système judiciaire fortement politisé depuis l’invasion de l’Ukraine par Moscou en février 2022.

Outre ses critiques concernant sa condamnation, le ministère français des Affaires étrangères a exhorté à l’abrogation des lois russes sur les agents étrangers, qui soumettent les personnes qualifiées d’agents étrangers à un contrôle gouvernemental accru et à de nombreuses restrictions.

Les infractions sont passibles de poursuites pénales. Le ministère a déclaré que cette législation «contribue à une violation systématique des libertés fondamentales en Russie, telles que la liberté d’association, la liberté d’opinion et la liberté d’expression».

M. Vinatier est conseiller au Centre pour le dialogue humanitaire, une organisation non gouvernementale établie en Suisse, qui a déclaré en juin 2024 faire «tout son possible pour l’aider».

Avant le prononcé du verdict, M. Vinatier a plaidé la clémence auprès du juge, évoquant ses deux enfants et ses parents âgés dont il doit s’occuper.

Les charges retenues contre M. Vinatier sont liées à une loi qui oblige toute personne collectant des informations sur des questions militaires à s’enregistrer auprès des autorités en tant qu’agent étranger.

Les défenseurs des droits de la personne ont critiqué cette loi et d’autres textes législatifs récents, y voyant une répression menée par le Kremlin contre les médias indépendants et les militants politiques, visant à étouffer toute critique de la guerre en Ukraine.

En août 2025, l’agence de presse russe TASS a rapporté que M. Vinatier était également inculpé d’espionnage, citant des documents judiciaires sans fournir de détails. En Russie, les personnes reconnues coupables d’espionnage encourent des peines de 10 à 20 ans de prison.