Repas de Noël : et si ses bienfaits sur la santé mentale
étaient sous-estimés ?
Sur le papier, le réveillon coche toutes les cases de l’excès :
menus XXL, organisation au cordeau, discussions qui s’enflamment.
En réalité, un autre phénomène se joue. Autour de la table, on se
retrouve, on rit, on se raconte l’année. Derrière le faste, quelque
chose d’intime se tisse et, d’après plusieurs psychologues, il
pourrait peser bien plus qu’on ne le croit sur notre moral.
La promesse intrigue parce qu’on parle souvent calories et
digestion, rarement de santé mentale. Pourtant, un
repas partagé en famille ou entre amis installe une atmosphère
singulière, faite de repères, de souvenirs et d’attentions. Une
parenthèse qui ne ressemble pas aux autres soirs. Et si la clé ne
se trouvait pas dans l’assiette, mais dans ce qui se passe autour
?
Lien social et rituels de Noël : le vrai moteur du moral
Visages familiers, anecdotes ressassées, rires qui fusent : ce
décor réactive le sentiment d’appartenance. « C’est
un moment de pause dans un quotidien souvent frénétique », reconnaît
Amélie Boukhobza, citée par Marmiton. « Un moment hors un temps,
déconnecté des responsabilités habituelles pour se reconnecter à
l’essentiel : les autres », poursuit-elle. Cette impression d’être
attendu, à sa place, agit comme un ressort sur le moral.
Le contenu des assiettes compte moins que le geste de partager.
« Bien manger, rire, partager des souvenirs ou réinventer des
traditions… C’est un moment où on savoure au sens large, où on se
laisse un peu aller à l’excès avec la certitude que ça nourrit plus
que le corps », poursuit l’experte. Les rituels de Noël, même
simples, servent de repères rassurants et renforcent la cohésion
autour de la table. Ils encadrent la soirée sans l’enfermer.
Endorphines, dopamine et appartenance : ce que dit le
corps
Cuisiner ensemble, dresser la table, réussir un plat attendu
depuis l’enfance : ce projet festif commun valorise chacun. Rires,
jeux, petites victoires collectives stimulent les
endorphines, ces messagères liées à la détente et
à la satisfaction. La dégustation et les saveurs familières
activent la dopamine, signal du plaisir et de la
récompense. Résultat, le réveillon crée un environnement propice au
bien-être psychologique.
Le décor sensoriel amplifie encore l’effet. Bougies, lumières,
musiques de saison et odeurs de cuisine enveloppent les convives
dans une bulle chaleureuse. « Et ce sentiment, même fugace, fait un
bien fou », rappelle la psychologue, « il nous ancre, nous rassure,
nous réchauffe et nous rappelle que nous ne sommes pas seuls ». Ce
retour à un cercle, aussi imparfait soit-il, soutient le moral,
surtout quand l’année a été rude.
Comment faire du repas de Noël un vrai
rempart pour la santé mentale ?
Le cadre ne fait pas tout. La psychologue Ariane Calvo observe
un pic d’anxiété la semaine précédant le réveillon. Entre crises
qui saturent l’actualité et débats familiaux, la tension peut
monter, d’autant que plus de 79 % des Français adhèrent à au moins
une théorie du complot. Pour préserver la bulle de
convivialité, poser des limites sur les sujets sensibles,
prévoir des pauses pour soi et veiller à l’alcool évite fatigue,
irritabilité et conflits.
Autre réflexe utile : déplacer les conversations délicates hors
de table, lors d’une balade ou d’un chocolat chaud, afin d’offrir à
chacun la possibilité de sortir du dialogue. Et quand Noël ravive
la solitude, un deuil ou des tensions, mieux vaut alléger la
pression, déléguer, voire préparer le terrain en amont. Le
rendez-vous reste libre : on peut choisir les moments où l’on veut
être, et privilégier ce qui fait vraiment du bien. L’objectif reste
simple : retrouver un peu de calme et de chaleur au milieu du
tourbillon.