Cette annonce surprise intervient alors que Paris et Moscou ont récemment manifesté publiquement leur intérêt à un contact direct entre les Présidents Vladimir Poutine et Emmanuel Macron.
«La balle est dans le camp de la France maintenant.»
«Il y a eu des contacts appropriés entre notre partie et les Français. En effet, une proposition a été faite aux Français concernant Vinatier », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. « La balle est dans le camp de la France maintenant », a-t-il ajouté, en affirmant ne « pas pouvoir fournir de détails » car « c’est un domaine très sensible ».
Emmanuel Macron est “pleinement mobilisé” pour obtenir la libération “le plus rapidement possible” du chercheur, a fait savoir son entourage jeudi soir.
L’avocat français de Laurent Vinatier, Me Frédéric Belot, a indiqué que la famille du chercheur « espère qu’il puisse être libéré pendant les fêtes » de fin d’année d’ici au Noël orthodoxe le 7 janvier. Selon lui, un échange de prisonniers est « envisageable » mais « il convient d’être extrêmement prudent ». « Nous avons toute confiance dans la diplomatie française qui fait son maximum », a-t-il ajouté.
Solution «positive»
Interrogé par un journaliste français sur ce sujet vendredi dernier lors de sa conférence de presse annuelle, le Président Vladimir Poutine avait affirmé « ne rien savoir » de l’affaire de Laurent Vinatier et en entendre parler pour la première fois. « Je vous promets que je vais me renseigner. Et s’il y a la moindre chance de résoudre cette question de manière positive, si la loi russe le permet, nous ferons tout notre possible », avait-il alors assuré.
Des relations franco-russes glaciales
Une cinquantaine de personnalités, dont les écrivains Emmanuel Carrère et Annie Ernaux, ont demandé à la France d’œuvrer à sa libération dans une tribune publiée par le journal Le Monde, estimant qu’il est « prisonnier d’un jeu politique et diplomatique qui le dépasse ».
Les relations entre Paris et Moscou ont été glaciales ces dernières années, la France accusant la Russie d’actes de déstabilisation et de désinformation sur son territoire, tandis que Paris se voit reprocher par Moscou son soutien militaire à l’Ukraine ou encore de censurer les médias russes. Fin novembre, trois personnes ont par ailleurs été mises en examen et écrouées à Paris dans le cadre d’une double affaire d’ingérence et d’espionnage économique au profit de Moscou.
Un nouveau procès pour espionnage fin février 2026?
Laurent Vinatier a été condamné en octobre 2024 par un tribunal russe à trois ans de prison pour ne pas s’être enregistré en tant qu’« agent de l’étranger », alors qu’il collectait des « informations militaires » pouvant être « utilisées contre la sécurité » de la Russie. L’intéressé avait reconnu les faits, mais plaidé l’ignorance. En août, il avait comparu devant un tribunal russe pour des accusations d’« espionnage » qui, si elles étaient confirmées, risqueraient d’alourdir considérablement sa peine. L’enquête a été prolongée et il pourrait faire l’objet d’un nouveau procès pour espionnage fin février 2026, selon son avocat français.
Laurent Vinatier avait déclaré en août ne s’attendre « à rien de bien, à rien de positif » après avoir appris ces nouvelles accusations. Ses parents avaient assuré que leur fils était un « prisonnier politique », un « pion » utilisé par les Russes pour « faire pression ».
Ce chercheur de 49 ans, spécialiste de l’espace post-soviétique, était employé par le Centre pour le dialogue humanitaire, une ONG suisse qui fait de la médiation dans des conflits hors des circuits diplomatiques officiels, notamment s’agissant de l’Ukraine.