À Agen, la vitrine de la galerie Graal a été retrouvée brisée dimanche matin. Un nouvel épisode vécu comme un choc pour sa responsable, Myriam Peslier, qui relie cet acte à un climat de tensions présent depuis de nombreuses années autour du lieu.

Dimanche, à l’ouverture de la galerie Graal, rue Rambard-Dupont à Agen, la vitrine a été découverte brisée. Myriam Peslier, qui dirige la galerie depuis trente ans, évoque un moment de sidération. « On a ouvert ce dimanche et on s’est rendu compte… », explique-t-elle, encore marquée par l’événement. Aucun vol n’est constaté, mais le geste interroge et inquiète.

Installée à Agen depuis trois décennies, la galerie Graal expose des artistes reconnus sur le marché de l’art et travaille avec une clientèle nationale et internationale, notamment grâce à Internet. Mais derrière cette activité culturelle, la responsable décrit un quotidien de plus en plus difficile, marqué par des tensions récurrentes aux abords du local.

Un climat d’insécurité ancien et persistant

Pour Myriam Peslier, cet acte n’est pas isolé. Elle affirme subir depuis une dizaine d’années des problèmes constants liés à la présence de groupes qu’elle décrit comme marginaux. « La question qu’on se pose c’est : qu’est-ce qu’ils vont viser après ? Est-ce que c’est les gens qui vont être visés ? », s’interroge-t-elle. Elle dit avoir déjà reçu plusieurs menaces de mort après avoir tenté d’éloigner des personnes qui squattaient devant sa vitrine.

Selon elle, ces situations l’ont contrainte à adapter l’aménagement extérieur de la galerie, avec des planches inclinées pour empêcher les regroupements. Elle décrit des consommations d’alcool et de drogues, des cris jour et nuit, des bagarres et des dégradations répétées. « On vit sur place, donc on les entend tout le temps hurler », confie-t-elle, évoquant une fatigue morale importante.

Une intervention rapide mais des limites reconnues

Le jour de la vitre brisée, Myriam Peslier a contacté les forces de l’ordre. La police municipale est intervenue rapidement et a aidé à sécuriser la vitrine, en lien avec les services municipaux. Elle tient à souligner leur implication : « La police, ils font ce qu’ils peuvent. Franchement, ils sont chouettes pour ça. »

Elle reconnaît toutefois les limites de ces interventions. Les personnes éloignées reviennent souvent après le départ des forces de l’ordre. « C’est cette sorte de manège, mais tout le temps », résume-t-elle. Un sentiment d’usure partagé, selon elle, par plusieurs commerçants du quartier.

Malgré la situation, la galeriste continue son activité, expédiant des œuvres en France et à l’étranger. « J’ai envie de contrer cette vilainie qu’il y a à l’extérieur par la beauté qu’il y a à l’intérieur », explique-t-elle, tout en reconnaissant que la charge devient de plus en plus lourde au quotidien.