Le demi d’ouverture de l’UBB enchaîne les prestations magistrales ces derniers mois. Suffisant pour bousculer la hiérarchie en équipe de France et passer devant Romain Ntamack ?

«Encore une masterclass», «sur une autre planète»… Les semaines passent et Matthieu Jalibert, l’ouvreur de Bordeaux-Bègles, désormais bien meilleur en défense, ne cesse de régaler, au point de rouvrir le débat sur le poste de numéro 10 en équipe de France avant le prochain Tournoi des six nations. Désigné homme du match lors des deux victoires de l’UBB cet automne en Champions Cup, et encore détonateur dimanche contre Toulon avec sa 19e passe décisive sur l’année civile en Top 14, Jalibert surfe sur une vague irrésistible, animé «d’un altruisme, d’un leadership et d’une envie de donner du carburant à toute l’équipe», dit son manager Yannick Bru.

«Pour moi c’est un des meilleurs 10 du monde, peut-être le meilleur, avec sa capacité à attaquer l’espace, sa vitesse pas vraiment normale pour un 10, sa longueur de pied», résume Noel McNamara, l’entraîneur de l’attaque de l’UBB. «Il a cette capacité à scanner les défenses et à vite prendre la bonne décision. Il a une valise pleine de solutions», ajoute-t-il.

Top 14 : en vidéo, le coup de pied de mammouth et maîtrisé de Jalibert qui trouve une sublime touche avec l’UBB


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À sa palette offensive, avec déjà six essais à son compteur cette saison, l’ouvreur de 27 ans a aussi rajouté de l’impact défensif, ce qu’on lui a souvent reproché dès qu’il enfilait le maillot bleu. Une progression due à sa collaboration avec Aurélien Cologni, issu du rugby à XIII et chargé des ateliers défensifs à l’UBB depuis plus d’un an.

«Matthieu est un très bon défenseur, il en a tout le bagage, disait ce dernier en septembre. C’est juste que ça dormait en lui.» «C’est surprenant mais c’est effectivement la première chose qu’il m’a dite», confirme Jalibert, qui a pensé «soit il est fou, soit il a vu quelque chose en moi que personne n’a encore perçu».

Je n’ai jamais considéré que j’étais un joueur qui s’échappait

Matthieu Jalibert

«Je sais que (la défense) n’est pas mon point fort, mais je n’ai jamais considéré que j’étais un joueur qui s’échappait», poursuit l’ouvreur, qui a travaillé sur des situations réelles pouvant se reproduire en match. «C’est loin d’être parfait, je vous l’accorde, mais en tout cas, je donne mon max pour augmenter mes stats et ma qualité de défense.» De là à remettre en question la hiérarchie des ouvreurs tricolores, visiblement figée depuis la défaite en Angleterre (26-25) de février dernier, à l’issue de laquelle Jalibert avait été ciblé par la critique alors que les Bleus menaient encore 18-12 à sa sortie du terrain, à la 67e minute ?

Les prestations neutres de l’actuel titulaire du poste Romain Ntamack cet automne, couplées à celles majuscules de Jalibert en club, auraient pu insinuer un certain doute. Sauf que le récent retour aux affaires du patron Antoine Dupont, après huit mois d’absence sur blessure, ne plaide pas en ce sens. Si sur les 35 sélections de Jalibert en Bleu, douze l’ont été avec Dupont en demi de mêlée, beaucoup estiment, et le sélectionneur Fabien Galthié aussi apparemment, que les deux joueurs, réputés plus animateurs attaquants que gestionnaires, ne peuvent cohabiter au nom d’un certain équilibre.

Rôle majeur dans le titre en Champions Cup

Entre Jalibert et l’équipe de France, qu’il a côtoyée la première fois en février 2018, à tout juste 19 ans, ça a toujours été «Je t’aime moi non plus». Quelques coups de génie, des fulgurances pour sauver la patrie à Rome en 2023, mais aussi des rendez-vous manqués et des états d’âme médiatisés l’an dernier avec le sélectionneur qui l’avait déclassé dans la hiérarchie des ouvreurs avant le Tournoi 2025.

Rugby, Champions Cup : le petit bijou de Jalibert, maestro de l’UBB contre les Scarlets (vidéo)


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«J’ai eu une longue discussion avec (Galthié), ça restera entre nous. Il m’a dit qu’il ne me sentait pas très bien, que je pouvais rentrer chez moi. Donc je lui ai dit que je préférais rentrer», avait confié Jalibert à l’époque. Depuis, le Bordelo-Béglais a progressé défensivement, étoffé son palmarès avec une Champions Cup en y jouant un rôle majeur – deux passes décisives en finale contre Northampton – et marche sur l’eau…