Et si une habitude ordinaire que vous répétez chaque jour, sans même y penser, laissait une trace durable sur vos os ? C’est cette idée simple que des chercheurs australiens ont décidé de tester, non pas sur quelques semaines, mais sur plus de dix ans. Leur objectif : observer, dans la vraie vie, si certaines boissons consommées quotidiennement pouvaient être associées à des variations de la densité minérale osseuse chez les femmes. Les résultats ont été publiés dans la revue scientifique Nutrients.
Une étude de dix ans pour observer les os au fil du temps
Pour observer ce lien, l’équipe de l’Université Flinders s’est appuyée sur les données de près de 10 000 femmes âgées de 65 ans et plus. Toutes ont été suivies pendant plus de 10 ans, avec des évaluations régulières de leur densité minérale osseuse, notamment au niveau de la hanche et du col du fémur, deux zones particulièrement exposées aux fractures.
En parallèle, les participantes déclaraient leurs habitudes de consommation de thé et de café. L’objectif n’était pas de juger ou de modifier les comportements, mais bien d’observer, dans la durée, si des tendances se dessinaient.
Ce suivi au long cours permet d’observer des tendances réelles, loin des effets ponctuels ou des conclusions hâtives. « Même de petites différences de densité osseuse, lorsqu’elles concernent de vastes populations, peuvent avoir des conséquences importantes en matière de fractures », explique Enwu Liu, professeur agrégé adjoint et auteur principal de l’étude.

Thé et café font partie du quotidien de millions de femmes. Une étude australienne menée sur plus de dix ans montre que le thé est associé à une densité osseuse légèrement plus élevée, tandis qu’une consommation élevée de café pourrait avoir l’effet inverse. © shadowmoon30, Adobe Stock
Le thé associé à des os légèrement plus solides
Les résultats montrent une différence nette entre les deux boissons. Les femmes qui consommaient régulièrement du thé présentaient une densité minérale osseuse de la hanche légèrement plus élevée que celles qui n’en buvaient pas.
Le café, en revanche, affiche un profil plus nuancé. Une consommation modérée, deux à trois tasses par jour, ne semble pas associée à une baisse de la densité osseuse. En revanche, une consommation plus élevée, au-delà de cinq tasses quotidiennes, est liée à une densité minérale osseuse plus faible, en particulier chez les femmes ayant consommé davantage d’alcool au cours de leur vie.
Selon Ryan Liu, co-auteur de l’étude, ces différences pourraient s’expliquer par la composition même des boissons. Le thé contient notamment des catéchines, des composés antioxydants susceptibles de favoriser la formation osseuse. À l’inverse, une forte teneur en caféine peut légèrement interférer avec l’absorption du calcium, même si cet effet reste limité et peut être compensé par certains apports alimentaires.
Cette étude ne remet pas en cause les recommandations classiques en matière de santé osseuse, ni ne suggère de changer radicalement ses habitudes. Les effets observés restent modestes et doivent être replacés dans une approche globale, où l’alimentation, l’activité physique, le calcium et la vitamine D jouent un rôle central. « Il ne s’agit pas d’abandonner le café ou de consommer une boisson en excès », souligne Enwu Liu, mais de rappeler que « savourer une tasse de thé quotidienne pourrait être plus qu’un simple rituel réconfortant : cela pourrait constituer un petit pas vers des os plus solides. »