Ce programme entend répondre à une urgence sanitaire et sociale, alors que Lyon figure parmi les métropoles françaises les plus exposées au réchauffement climatique, avec une hausse rapide des températures et des quartiers où la température au sol dépasse déjà 55 °C en été.
Le diagnostic posé est sévère : selon le candidat aux municipales, la Métropole de Lyon n’aurait jamais mis en place de véritable stratégie globale de rafraîchissement urbain, se limitant à des actions jugées fragmentées et insuffisamment coordonnées. Le plan ambitionne donc de faire du rafraîchissement un axe central de politique publique, au même titre que le logement ou les mobilités.
Pensé pour préparer la ville aux étés 2040-2050, le projet repose sur une approche globale combinant végétation, eau, urbanisme, bâti et innovation technique.
Cinq piliers structurent cette stratégie.
Le premier vise la création d’une grande forêt urbaine lyonnaise, conçue comme un véritable équipement climatique. L’objectif affiché est de constituer, à long terme, une trame forestière continue de plusieurs centaines d’hectares, notamment le long du Rhône et de la Saône, sur des emprises ferroviaires ou portuaires mutables et dans les grands secteurs d’aménagement comme Gerland ou la Confluence. Cette forêt pourrait permettre selon les estimations de Coeur Lyonnais une baisse de 2 à 4 °C de la température ressentie dans les zones adjacentes.
Le deuxième pilier concerne l’eau, avec un programme intitulé “100 îlots de fraîcheur, 1000 fontaines”. Il prévoit la remise en service de fontaines existantes, la création de nouveaux points d’eau peu profonds et un meilleur usage des eaux pluviales. Le projet inclut également des “Maisons de l’eau”, inspirées de modèles européens, afin de garantir un accès à une eau potable sûre en période de canicule.
Troisième axe : l’urbanisme et le bâti. La révision du PLU annoncée pour 2026 est identifiée comme un levier clé pour imposer la végétalisation des toitures lorsque c’est possible, favoriser des matériaux clairs et perméables, réduire l’usage des enrobés noirs et accélérer la désimperméabilisation des sols, aujourd’hui considérée comme un angle mort des politiques publiques. Les écoles et bâtiments municipaux sont identifiés comme prioritaires pour des aménagements rapides contre la chaleur.
Le plan refuse en revanche une généralisation de la climatisation individuelle, jugée énergivore et inégalitaire. Il privilégie des solutions collectives, comme le développement du réseau de froid, et mise sur l’innovation avec la création d’une task force européenne de recherche appliquée et d’un Institut de l’Adaptation au changement climatique.
Enfin, le projet entend redonner une place centrale aux fleuves Rhône et Saône, en visant à terme leur baignabilité, à travers une amélioration progressive de la qualité de l’eau, une surveillance sanitaire renforcée et l’identification de sites pilotes pour accueillir les baigneurs lors des épisodes de forte chaleur.
« Ni symbolique ni incantatoire », le Plan Lyon Fraîcheur répond au projet Rive Droite des écologistes, qui veulent en finir avec l’autoroute urbaine des quais du Rhône, le long du Grand Hôtel-Dieu jusqu’à l’Hôtel de Ville, en réduisant les voies de circulation et en végétalisant.