Grippe et Covid-19 ne menacent pas uniquement les voies
respiratoires. Chez les personnes déjà fragiles du cœur, ces virus
de l’hiver augmentent fortement le risque d’infarctus ou d’accident
vasculaire cérébral, au-delà des simples symptômes de fièvre ou de
toux. Pourtant, la vaccination reste souvent perçue comme un simple
geste de saison.
Les études récentes montrent pourtant un effet bien plus large.
Chez les patients souffrant de maladies
cardiovasculaires, mais aussi chez les seniors, la
vaccination contre la grippe, la Covid-19 ou le zona réduit le
risque de complications cardiaques sévères et même la mortalité. Un
bénéfice encore méconnu.
Pourquoi grippe et Covid fragilisent un cœur déjà malade
Pour le cardiologue François Roubille, l’infection agit comme un
test d’effort extrême imposé au cœur. « L’infection déstabilise le
système cardiovasculaire des personnes atteintes d’une maladie
cardiaque, notamment à cause de l’inflammation et d’une demande en
oxygène accru de la part du muscle cardiaque », a expliqué le Pr
François Roubille, chef de l’Unité de soins intensifs
cardiologiques du CHU de Montpellier, au magazine Femme Actuelle.
Il souligne aussi : « Le risque immédiat, c’est une aggravation
brutale de la pathologie cardiovasculaire pourtant contrôlée par
les médicaments, avec à la clé une hospitalisation voire un
décès ».
Les dégâts ne se limitent pas à la phase aiguë. Le spécialiste
rappelle que « les infections peuvent être à l’origine de séquelles
irréversibles entraînant une aggravation des symptômes de la
maladie cardiovasculaire par paliers, comme des marches d’escalier
impossibles à remonter ensuite ». Des travaux ont montré qu’après
une grippe confirmée, le risque d’infarctus du myocarde est
multiplié par environ quatre et celui d’AVC par cinq, et qu’après
une infection Covid-19 il reste augmenté pendant des mois.
Vaccination grippe et Covid : un vrai bouclier
cardiovasculaire
Face à ces risques, la Société européenne de cardiologie estime
que la vaccination doit devenir un pilier de la
prévention cardiovasculaire, au même titre que les traitements et
l’arrêt du tabac. Les méta-analyses montrent qu’un vaccin contre la
grippe réduit d’environ 30 % le risque d’infarctus du myocarde et
de 15 à 20 % celui d’AVC. Chez des personnes hypertendues, cette
injection s’est accompagnée d’une baisse de 18 % de la mortalité,
tandis qu’un vaccin contre le zona a été lié à une réduction
d’environ 23 % des événements cardiaques majeurs.
Pour la vaccination Covid-19, les études
françaises d’EPI-PHARE retrouvent l’absence de sur-risque
d’infarctus, d’AVC ou d’embolie pulmonaire après les vaccins à
ARNm, et même une tendance à moins d’événements cardiovasculaires
chez les personnes vaccinées. Dans ce contexte, le Pr François
Roubille rappelle : « La vaccination ne dépend pas seulement des
médecins généralistes. Il ne faut pas hésiter à en parler avec son
cardiologue, son pneumologue ou son diabétologue. Eux aussi peuvent
vacciner ».
Qui doit se vacciner en priorité pour
protéger son cœur ?
Qui est concerné par ce « bonus » cardiaque des vaccins ? Les
cardiologues ciblent en priorité les personnes atteintes
d’hypertension, d’hypercholestérolémie, de coronaropathie,
d’insuffisance cardiaque ou de valvulopathie, mais aussi les
diabétiques, les patients souffrant de BPCO ou d’insuffisance
respiratoire, et ceux qui ont déjà vécu un infarctus ou un AVC. Le
Pr François Roubille insiste : « Mais aussi tous les plus de 65 ans,
qui présentent naturellement un risque cardiovasculaire accru ».
S’ajoutent les femmes enceintes, les personnes immunodéprimées et
les transplantés cardiaques, pour lesquels une grippe ou une
Covid-19 sévère peut bouleverser un équilibre déjà précaire.