Un homme en pleine conversation téléphonique, son haut-parleur activé, un bébé et une personne âgée criant aussi fort l’un que l’autre, un ado renfrogné portant sa casquette à l’envers et un convive sous la table qui a peut-être un peu trop forcé sur la bouteille. À l’image de la une du Spiegel daté du 24 décembre, les repas de famille peuvent tourner au chaos.
“Tenez-vous bien !” exhorte l’hebdomadaire allemand en couverture de ce numéro. Partant du constat qu’il existe “une aspiration au retour des bonnes manières” en Allemagne, Der Spiegel va au-delà du contexte des fêtes de fin d’année pour livrer ses “50 règles de savoir-vivre pour une coexistence réussie” en toutes circonstances, ou presque.
Non sans humour, le magazine hambourgeois suggère par exemple de vous tourner vers “la personne la moins importante” si vous devez vous moucher à table et de faire court lorsque vous envoyez un message vocal – “à vitesse double, vous devriez pouvoir les écouter en moins d’une minute. Sinon, ça énerve.” Et donne une astuce consistant à plier son paquet de chips pour éviter de faire du bruit lorsque l’on en mange au cinéma.
Les autres, ces malpolis
Sur un ton un peu plus sérieux, Der Spiegel explique notamment comment réagir face à des propos “politiquement incorrects” : “En cas de racisme ou de sexisme, il est de votre devoir d’intervenir. Si cela n’aide pas, prenez vos distances, puis adressez-vous directement à la personne plus tard.” Ou encore répond à la question de savoir si un homme peut complimenter une collègue : “Pour la qualité de son travail, absolument.”
À travers son dossier, l’hebdomadaire explore aussi un paradoxe : “Les Allemands rêvent de cohabitation respectueuse et du retour des bonnes manières – or les interactions sont souvent de plus en plus brutales.” Dans un article au titre bien senti (“ce sont toujours les autres qui sont malpolis”), on peut lire qu’“une grande partie de la société en a assez de la dégradation des mœurs”, à tel point que certains parents inscrivent leurs enfants à des “cours de bonnes manières” ou qu’il existe des influenceurs à succès dans ce domaine.
Enfin, le magazine interroge Stephan Grünewald, psychologue et auteur à succès. Pour ce dernier, les Allemands “ont un net besoin de normes”, parce qu’ils n’ont pas d’“image stable d’eux-mêmes” – en raison de leur histoire –, contrairement aux Français et leur “culture du plaisir”, par exemple. Et de conclure : “En l’absence d’une image qui fonctionne, un ensemble de règles strictes peut s’y substituer.”