Les sanctions décidées par l’administration Trump contre cinq Européens, dont l’ex commissaire Thierry Breton, pour leur engagement en faveur de la régulation des géants du numérique ont soulevé un tollé mercredi 24 décembre de ce côté de l’Atlantique.
Aux États-Unis, la contre-attaque s’organise aussi. Le Britannique Imran Ahmed, qui y réside mais a été interdit de séjour comme les autres, a porté plainte contre l’administration de Donald Trump, écartant temporairement le risque d’être expulsé du pays.
Sa plainte déposée mercredi devant un tribunal de New York stipulait qu’il faisait face à la « perspective imminente d’une arrestation anticonstitutionnelle, d’une détention punitive et d’une expulsion », ce qu’un juge a temporairement bloqué jeudi. Une première audience est prévue lundi, selon une décision de justice consultée par l’AFP.
Donald Trump accuse l’Europe de censurer les plateformes américaines
« Je ne me laisserais pas intimider ni détourner de l’œuvre de ma vie », a déclaré jeudi à l’AFP le Britannique âgé de 47 ans, qui vit « légalement » aux États-Unis depuis 2021, dispose d’une « carte verte » de résident permanent, et dont l’épouse et la fille sont Américaines.
Imran Ahmed, à la tête du Center for Countering Digital Hate (CCDH), qui étudie les politiques de modération des grands médias sociaux et a dénoncé à de nombreuses reprises les pratiques de X, propriété d’Elon Musk, a été inscrit sur la liste de noire de l’administration Trump en même temps que Thierry Breton, et trois responsables d’ONG : Clare Melford, à la tête d’un index de la désinformation (GDI) établi au Royaume-Uni, Anna-Lena von Hodenberg, fondatrice de HateAid, et Josephine Ballon, de la même association allemande.
« Depuis trop longtemps, les idéologues européens mènent des actions concertées pour contraindre les plateformes américaines à sanctionner les opinions américaines auxquelles ils s’opposent, a justifié sur X le secrétaire d’État, Marco Rubio. L’administration Trump ne tolérera plus ces actes flagrants de censure extraterritoriale. »
Les tensions s’intensifient entre États-Unis et Union européenne
Concernant l’ONG d’Imran Ahmed, le gouvernement états-unien lui reproche d’avoir « appelé les plateformes à déréférencer douze ”anti-vax” américains », dont l’actuel ministre de la Santé américain Robert F. Kennedy Jr, a détaillé sur X la sous-secrétaire d’État pour la diplomatie publique, Sarah Rogers. Un condensé de l’offensive menée depuis des mois par Donald Trump et son équipe contre toute velléité de régulation des géants de la Tech sous couvert de sauvegarde de la liberté d’expression.
L’Union européenne, Paris, Londres, Madrid… L’annonce de ces sanctions a soulevé mercredi une vague de réactions indignées. Ces mesures « relèvent de l’intimidation et de la coercition à l’encontre de la souveraineté numérique européenne », a notamment jugé sur X le président français Emmanuel Macron. « Si nécessaire, nous répondrons rapidement et de manière décisive pour défendre notre autonomie réglementaire contre des mesures injustifiées », a également réagi dans un communiqué la Commission européenne.
La même commission qui a toutefois déjà entrepris de détricoter via une directive Omnibus tout un pan des droits garantis par les règlements sur le numérique – RGPD, IA Act, DSA et DMA, qui encadrent les services et places des marchés numériques –, au profit du business et de la surveillance, sous la pression des États-Unis et de l’industrie du numérique.
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