C’est un féminicide qui ne portait pas encore son nom. Dans la nuit du 26 au 27 juillet 2003, dans un hôtel de Vilnius en Lituanie, Bertrand Cantat, le chanteur de Noir Désir, porte 19 coups mortels à sa compagne, l’actrice Marie Trintignant. Elle s’éteindra après cinq jours de coma.
Pour ce meurtre, le chanteur a été condamné à huit ans de prison. Il restera quatre ans derrière les barreaux, de 2003 à 2007, avant de bénéficier d’une libération conditionnelle. Cette affaire est retracée dans un documentaire sur Netflix, sorti le 27 mars, intitulé De rockstar à tueur : le cas Cantat. L’occasion de mesurer à quel point #MeToo a transformé la société, balayant notamment le terme de « crime passionnel ».
22 ans après le drame, que devient Bertrand Cantat ? Le chanteur mène une vie discrète. Les Bordelais peuvent le croiser en terrasse d’un restaurant place Renaudel ou récemment au cinéma pour aller voir le film Une année difficile. Entouré de proches, il passe inaperçu pour ceux qui ne connaissent pas son visage.
Le suicide de la mère de ses enfants
Dès sa sortie de prison, il a partagé son temps entre Bordeaux et sa maison de Moustey dans les Landes, bien isolée dans la forêt de pins. Son dernier concert près de Bordeaux remonte à 2010 à Bègles, où Noir Désir avait son studio, au festival Le Rendez-vous des Terres Neuves. Quelques semaines plus tard, le groupe explose en raison de « désaccords émotionnels et humains » avec Bertrand Cantat. Le chanteur tente de se relancer avec un album solo, puis l’ouverture d’un café-concert en 2015, rue des Vignes, à Bordeaux, nommé Quartier Libre, dont il s’est récemment retiré.
Entre-temps, la mère de ses enfants, Krisztina Rády, a mis fin à ses jours début 2010 dans leur maison du quartier Nansouty. Elle avait soutenu l’artiste haut et fort durant le procès de Vilnius et ils avaient repris une vie commune. Quelques années plus tard, une avocate portera plainte contre Bertrand Cantat affirmant qu’il avait été violent avec Krisztina. Sa plainte a été classée sans suite.
Un financement participatif controversé
Cette affaire finit de parasiter les velléités de retour sur scène du chanteur. Dates annulées, manifestations, la ministre Roselyne Bachelot qui s’en mêle… Ici même à Bordeaux, une figure du rock local rappelle qu’il est impossible de dissocier l’artiste de celui qui a été condamné pour le meurtre de Marie Trintignant.
À 61 ans, il n’a cependant toujours pas renoncé à sa carrière et malgré les affaires, les fans répondent toujours présents. Avec son groupe, Détroit, il vient de sortir son deuxième album sur une plateforme participative. Le groupe a récolté 217.000 euros par plus de 4.000 contributeurs, ce qui a déclenché une levée de boucliers. La plateforme s’est désolidarisée, indiquant qu’elle allait reverser sa commission à des associations de protection de femmes victimes de violences.
Le disque est quand même sorti et sur les réseaux sociaux, Bertrand Cantat se montre signant des autographes sur les CD envoyés aux contributeurs : « On le fait ensemble cet album », écrit-il. Pas de tournée annoncée pour le moment, et c’est sûrement plus raisonnable.
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