La surenchère permanente : c’est l’un des credo de Donald Trump depuis son élection pour un deuxième mandat. Sa dernière provocation ? Priver de visa l’ancien commissaire européen Thierry Breton, « coupable » d’avoir impulsé l’adoption d’une réglementation (la loi sur les services numériques ou DSA) contraignant les géants de la tech à réguler les fausses informations et combattre les discours haineux sur internet.
Ce nouveau différend entre les États-Unis et l’Europe illustre leurs visions très différentes de la liberté d’expression. L’administration trumpiste et Elon Musk, dont le réseau social X a été condamné à une amende de 120 millions d’euros pour manquement à la DSA, estiment que toute limitation de ce droit fondamental s’apparente à une « censure », quand l’UE considère que la liberté d’expression n’autorise pas à relayer des contenus illégaux.
Un alibi
Cette divergence philosophique n’est toutefois pas le vrai moteur de la décision de Donald Trump. Il s’agit plutôt d’un alibi, quand on considère qu’au sein même des États-Unis, ce prétendu protecteur de la liberté d’expression n’a de cesse de harceler les artistes, médias et personnalités politiques qui combattent ses idées. Ce qui guide le président américain, c’est sa volonté de faire plier toute tentative d’entraver la domination économique de l’Amérique. Il n’hésite pas pour cela à accuser l’Europe de ses propres maux. Cela confirme qu’il ne considère plus l’UE comme une partenaire et alliée, mais comme une concurrente, un obstacle.
Début décembre, la Maison blanche avait dévoilé un document de 33 pages sur la stratégie de sécurité US dans lequel Trump vilipendait les instances européennes et pointait déjà du doigt « la censure de la liberté d’expression ». L’épisode Breton valide le divorce économique, diplomatique et idéologique entre les États-Unis et l’Europe, qui restera, à l’heure du bilan, comme un fait marquant de l’année 2025.