l’essentiel
La galerie d’art La Poissonnerie accueille les œuvres d’Odile Viale, une artiste autodidacte fascinée par les oiseaux et l’enfance. Ses créations sont exposées jusqu’au 3 janvier 2026.

L’énergie d’Odile Viale emplit cet espace petit mais lumineux dès que vous y entrez. Vous vous sentez vu. Souriante et animée, elle accueille les visiteurs, leur laisse le temps de regarder son travail et, s’ils le souhaitent, leur parle avec enthousiasme de sa technique et des idées qui sous-tendent son œuvre. La Poissonnerie, toute nouvelle galerie d’art en cœur de bastide, expose une sélection de différents projets qu’elle a réalisés.

Beaucoup d’oiseaux. « J’aime les oiseaux. Si nous pensions plus comme eux, le monde serait différent. » Elle montre l’œuvre Kyiv Vive, où un oiseau se pose sur un casque, dans lequel il a fait un nid pour ses oisillons. « C’est un casque ukrainien, avec le logo Viking. Il s’agit d’une espèce d’oiseau qui migre entre la Russie et l’Ukraine, sans se soucier des frontières. »

Les oiseaux une source d’inspiration

Viale porte également un regard spirituel sur les oiseaux. « Un corps qui meurt perd 21 grammes, le poids d’une âme. Là, on voit un lien avec les oiseaux. Ils seraient des âmes. J’aime cette pensée et je l’utilise dans mon travail. » Odile Viale est autodidacte, elle n’a jamais suivi de cours de dessin.

« J’apprenais facilement, à l’école je finissais rapidement les exercices et comme je devais faire quelque chose pendant le temps restant, le professeur me laissait dessiner. J’étais fascinée par la Renaissance et j’essayais de reproduire des œuvres de cette époque. J’ai beaucoup appris ainsi. » Les enfants sont souvent présents dans son travail. Dans cette exposition, vous trouverez quatre têtes de filles qui font des grimaces.

L’enfance dans son œuvre

« Ce sont des filles de mon village. J’ai pris des photos de vingt-neuf enfants, qui ont ensuite choisi eux-mêmes la photo que je pouvais utiliser pour le dessin. Une fois les dessins terminés, les enfants ont présenté mon travail. » Ses œuvres sont fragiles, un écriteau le rappelle. Fragiles, les enfants le sont parfois. « De nos jours, les enfants hésitent à se faire prendre en photo.

Il est rare qu’ils prennent une pose naturelle et ils demandent immédiatement à voir le résultat. Ces grimaces représentent une spontanéité qui n’est plus très courante. Elle est devenue fragile », souffle l’artiste. Elle est également professeure d’arts appliqués et aime travailler avec les plus petits. « Je trouve important de les impliquer dans l’art. Qu’ils découvrent comment se déroule un processus créatif : on commence avec une image dans la tête et une feuille blanche, puis on se met au travail pour concrétiser son idée. » Le travail de Viale est parfois né du hasard, comme la toile d’araignée brillante dans un morceau de bois creux, ou d’un amour, comme les nombreuses chouettes, mais en général, elle veut raconter quelque chose.

Partager des sentiments

Dans la Poissonnerie, il y a une œuvre pour laquelle elle a dessiné ses deux fils, l’un grimpant sur le dos de l’autre pour regarder par-dessus quelque chose et se retrouvant alors face à lui-même. « Ici, je montre que les enfants veulent grandir vite, alors qu’il vaut mieux profiter du temps où l’on est encore petit. »

Elle a réalisé plusieurs œuvres sur le thème de la mort. « La mort est souvent considérée comme quelque chose de lourd et de sombre, mais la caducité, la décomposition, nourrissent la nouvelle vie, elles sont indissociables. La mort donne la vie. Je veux montrer à la fois ce côté léger et ce côté lourd dans mon travail. »

Les œuvres d’Odile Viale sont exposées jusqu’au 3 janvier 2026 et l’artiste est présente pendant toutes les heures d’ouverture pour vous parler de son travail. Heures d’ouverture : jeudi, vendredi et samedi de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h 30.

La Poissonnerie, une nouvelle galerie d’art

Cette installation s’insère dans cette volonté de redynamiser la rue de la République. En lieu et place de l’ancienne poissonnerie dont les mosaïques ont été restaurées, la municipalité a ouvert une nouvelle galerie d’art éponyme. Odile Viale inaugure ce nouvel espace artistique. « Aujourd’hui, les commerces qu’on a pu connaître peut-être il y a vingt ans, trente ans, ce n’est plus forcément ce qu’on va retrouver en totalité ici. Les villes utilisent beaucoup le levier culturel, notamment pour attirer du monde en ville et créer du flux », justifie Jean-Sébastien Orcibal, maire de Villefranche-de-Rouergue lors de l’inauguration, vendredi dernier. Le local d’exposition où une rotation d’artistes doit se succéder tout au long de l’année. L’espace est loué gratuitement selon la mairie par les propriétaires de l’immeuble, le promoteur Soliha. Dans la rue d’autres projets sont en cours de réalisation. Côté culturel, l’installation de l’Atelier Blanc pour le premier trimestre 2026. Un lavomatique ainsi qu’une résidence étudiante et différentes associations d’aide à la personne.