« Je suis totalement étranger à ces histoires-là », depuis Perpignan où il s’apprête à se produire, Alil Vardar réagit. Cela fait plusieurs heures que le projecteur #MeToo a été braqué sur le directeur de La Comédie de Nice.
La raison? La publication d’un papier au long cours dans Télérama. La journaliste Marine Lemesle livre le témoignage de plusieurs femmes – « une vingtaine » – qui accusent l’homme de théâtre d’attouchements non consentis et d’humiliations. Certaines évoquent des avances refusées qui leur auraient coûté un rôle quand une de ses anciennes compagnes parle de relation « sous emprise ».
« Il racontait dans tout Paris que je le suçais avant d’entrer sur scène »
« Alil Vardar se frottait à moi dans les coulisses quand on changeait de costume, faisait des remarques incessantes sur mon corps, me proposait de coucher avec lui », raconte Lou (1) qui a joué à ses côtés dans les années 2010.
« Entre deux représentations, il m’a plaquée contre un mur, m’a tripotée. Il a soulevé ma robe, a mis sa main sur mon sexe et a voulu m’enlever la culotte. Je l’ai repoussé et je suis partie », rapporte Murielle (1) qui indique avoir subi la rumeur: « Il racontait dans tout Paris que je le suçais avant d’entrer sur scène. » Océane (1) évoque un baiser avec la langue non consenti: « Nos deux personnages devaient se faire un smack. Lui en a profité au moins une fois pour m’embrasser de façon très intense devant les spectateurs. Je ne lui ai jamais rien dit, car c’était mon patron. »
Du côté de la justice, l’enquête déclenchée – après un signalement de la mairie de Paris (2) auprès du procureur de la République – pour ces accusations de violences sexuelles a été classée sans suite (3). Le parquet indique « qu’aucune des personnes contactées n’a dénoncé d’acte contraint susceptible de caractériser une infraction, ni souhaité déposer plainte ». Dans son article, la journaliste précise: « Certaines comédiennes rencontrées indiquent cependant réfléchir à porter leur affaire » devant les tribunaux.
Après avoir déjà assigné en justice la journaliste autrice du papier, Alil Vardar indique avoir fait de même avec le titre Télérama pour la diffusion « d’informations fausses et calomnieuses ».
« Les Niçois qui viennent me voir n’ont pas une once de doute »
Le metteur en scène et auteur nie les faits reprochés, reconnaît de la drague, argumente, assure avoir même des preuves matérielles – comme des messages textes. L’homme de 55 ans avance: « Face à ces accusations, je ne peux que donner ma bonne foi. » Et dit n’avoir aucune crainte quant aux potentielles répercussions de cet article: « Les Niçois qui viennent me voir savent qui je suis, ils n’ont pas une once de doute là-dessus. J’ai tous les défauts du monde, mais je n’ai jamais fait ce dont on m’accuse. » Il poursuit: « Même si demain je fais condamner tout le monde, l’article est sorti, il restera. Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose… (4) »
L’acteur vit cela comme le revers de la médaille: « J’ai fait beaucoup de succès, les uns après les autres, dans un métier où le meilleur côtoie le pire. Sur un plateau de tournage vous avez des gens qui gagnent un million d’euros et des figurants qui sont là pour 40 euros. Ça crée des jalousies, des haines: des sentiments qui ne m’habitent pas. » Et y voit même un relent de racisme: « Son nom sonne un peu étranger, il a un peu de pognon… »
Un corbeau écrit qu’il est un « prédateur qui terrorise la gent féminine au sein du théâtre parisien »
Comme l’indique Télérama, le père du Clan des divorcés, est la cible d’un corbeau depuis mars 2024. Des lettres anonymes ont été adressées à des professionnels du métier. Elles l’accusent directement d’être un « prédateur qui gère et terrorise la gent féminine au sein du monde du théâtre parisien ». « J’avais porté plainte contre X », indique-t-il. Si l’enquête n’a rien donné de probant, il assure aujourd’hui connaître l’identité de l’épistolier: « Il s’agit d’une directrice de théâtre qui a fait faillite… »
Alil Vardar s’étonne de « l’épaisseur » donnée par Télérama à ces accusations: « Regardez qui dit du bien de moi: Nathalie Marquay-Pernaut, Lola Marois-Bigard… Qui dit du mal de moi? Des nanas qui restent anonymes. Quand vous êtes un comédien qui n’a aucun succès et qu’un journaliste s’intéresse à vous, vous lui dites ce qu’il veut entendre. »
Son état d’esprit? « J’ai de la peine pour les vraies victimes qui se sont fait abuser et qui ne vont pas se faire entendre. Depuis hier mon public m’écrit pour me dire: y’en a ras le bol de ces histoires! À trop crier au loup, cela va faire du tort aux victimes. »
1. Le prénom a été modifié.
2. En avril 2024.
3. Le 18 février 2025.
4. On attribue communément cette citation à Voltaire.