Alors que le parquet avait requis des peines de prison et des amendes importantes, les deux anciens dirigeants de la Semiacs ont été relaxés. Seuls les deux entrepreneurs ont été condamnés.

Les deux anciens dirigeants de la Semiacs, Henri Alonzo et son gendre Thomas Oullion, étaient émus aux larmes après l’énoncé de la décision du tribunal, mardi, dans la tentaculaire et explosive affaire de la gestion des parkings à Nice. Poursuivis depuis 2013 pour une kyrielle de délits financiers, les deux hommes ont été relaxés de tous les faits qui leur étaient reprochés alors que le parquet avait requis de lourdes peines à l’issue d’un dense procès de quatre jours fin mars.

Le ministère public souhaitait infliger de la prison avec une détention à domicile sous bracelet électronique à ces deux anciens responsables près de douze ans après les dénonciations d’un véritable système frauduleux au sein de cette société d’économie mixte en charge des parcs de stationnement à Nice et Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes). L’affaire avait plus que secoué le microcosme politique azuréen puisqu’elle avait conduit au départ de l’ex-premier adjoint du maire Christian Estrosi, qui présidait à l’époque la Semiacs. Lui aussi un temps poursuivi, Benoît Kandel avait fini par être mis hors de cause en 2019.

Seuls les deux entrepreneurs impliqués dans ce dossier ont été condamnés. Laurent Paul, qui gérait l’entreprise répondant au besoin de la Semiacs pour des équipements technologiques dans ses parkings, a été reconnu coupable de faux et abus de biens, choses pour lesquelles il a été condamné à six mois de prison avec sursis et 2000 euros d’amende, loin là aussi des réquisitions de la procureur. Cyril Leclerc, qui avait réalisé des travaux dans la maison d’Henri Alonzo, a aussi été condamné pour faux et complicité à quatre mois avec sursis et 1000 euros d’amende. La Semiacs, partie civile, a été déboutée, et les demandes de la ville de Nice ont aussi été jugées irrecevables.

«Dossier purement politique»

«C’est une décision qui est forcément flatteuse pour la défense, mais on avait des arguments à faire valoir. Il n’y a pas eu d’instruction, il y a eu douze ans de vide et le tribunal en a tiré les conséquences», s’est satisfait Me Michel Cardix, qui défendait Henri Alonzo, ancien gendarme devenu directeur général de le Semiacs. Son client avait par ailleurs été condamné à de la prison ferme pour agressions sexuelles sur une employée de la Semiacs, annonçant le début de la tempête au sein de cette régie.

«On a voulu faire supporter à certaines personnes le poids de choses qui ont été mal faites, mais certainement pas par ceux qui étaient devant le tribunal correctionnel», a soutenu Me Audrey Vazzana, conseil de Thomas Oullion. «Qu’il y ait des choses qui n’ont pas été faites dans les clous, qu’il y ait eu de l’argent gaspillé, c’est une réalité. Mais on s’est aperçu que cela avait été validé au niveau supérieur», a-t-elle poursuivi.

Sans prononcer son nom, l’avocate a certainement songé à Philippe Pradal, en charge de la commission d’appel d’offres à l’époque et qui a été entendu comme témoin lors du procès. Au moment de l’affaire, il avait récupéré la présidence de la Semiacs, le poste de premier adjoint, avant de devenir temporairement maire de Nice en 2016. «Ceux qui pouvaient avoir un pouvoir décisionnel n’ont pas été inquiétés», a-t-elle insisté, preuve de la complexité et sensibilité intactes du dossier autant d’années après.

«C’est un dossier qui était monté de toutes pièces et purement politique», a aussi affirmé Me Valérie Bothy, en défense de l’entrepreneur Laurent Paul et évoquant «dix ans de cauchemar». Car à l’origine, les dénonciations venaient de sa conjointe… Si le parquet a jusqu’au 12 mai pour faire appel, l’affaire de la Semiacs n’est pour autant pas tout à fait close puisque l’ex-magistrat niçois qui supervisait ce dossier a été placé sous le statut de témoin assisté. Il est accusé par Benoît Kandel d’avoir orienté l’instruction à son encontre sans réel motif… Si ce n’est un règlement de comptes politique.