QI élevé : cette particularité physique intrigue les
chercheurs
On pense souvent l’intelligence à travers le raisonnement, la
mémoire, les maths. Pourtant, un détail visible à l’œil nu
reviendrait plus souvent chez les profils au QI
supérieur. Des équipes académiques ont exploré ce lien entre signe
physique simple et performances cognitives, avec un fil rouge : la
façon dont le cerveau connecte ses deux côtés. Rien de magique,
mais un faisceau d’indices solide. La clé se voit… sur la main.
Les travaux cités ces dernières années dessinent un même
portrait : une minorité porte un câblage cérébral singulier, et ce
câblage favoriserait certaines formes d’intelligence. Le point
commun n’est pas un entraînement secret ni une méthode miracle,
plutôt une organisation des hémisphères qui
communiquent vite et bien. Le détail physique qui y est associé a
longtemps été sous-estimé. Et pourtant, il saute aux yeux.
Gauchers et QI : ce que montre l’Université d’Oxford
Oui, cette particularité, c’est être gaucher ou
gauchère. Environ 15 % des Français utilisent majoritairement la
main gauche. L’Université d’Oxford a ravivé le
sujet en analysant l’ADN de 400 000 volontaires de la UK
Biobank, dont 38 332 gauchers, et identifié quatre régions
génétiques associées au fait d’être gaucher. Trois d’entre elles
touchent le cytosquelette, structure qui organise
la forme et le fonctionnement des cellules.
Ce terrain biologique se voit dans le cerveau. Les chercheurs
d’Oxford décrivent une connectivité plus riche entre zones clés, en
particulier celles du langage réparties à gauche et à droite. « Nous
avons découvert que, chez les participants gauchers, les zones
dédiées au langage du côté gauche et du côté droit du cerveau
communiquent entre elles de manière plus coordonnée que chez les
droitiers », a précisé le Dr Akira Wiberg, membre du Conseil des
recherches médicales de l’Université d’Oxford, selon
BibaMagazine.
Corps calleux, langage, créativité : quels effets mesurés
Au centre du jeu, le corps calleux agit comme
un pont entre les deux hémisphères. Plusieurs travaux indiquent
qu’il est en moyenne plus développé chez une partie des gauchers,
ce qui favorise la coordination et la polyvalence. Dans la vraie
vie, cela se traduit par une pensée plus fluide, utile dans l’art,
le sport de duel – Rafael Nadal en est un exemple – ou l’analyse
rapide. Barack Obama ou Beethoven ont aussi été cités comme
gauchers célèbres, simple illustration.
Côté cognition, une étude publiée dans l’American Journal of
Psychology rapporte des performances supérieures en pensée
divergente chez les gauchers, cette capacité à générer des
idées originales et multiples. Sur le plan socio-économique, des
données évoquées par le National Bureau of Economic
Research montrent qu’au sein des diplômés du supérieur,
les gauchers gagneraient en moyenne 26 % de plus
que leurs homologues droitiers. L’effet ne se retrouve pas à tous
les niveaux d’études.
Être gaucher rend-il vraiment plus
intelligent ?
Les chercheurs restent prudents. Les tests de
QI sont contestés sur ce qu’ils mesurent
réellement, et s’entraîner améliore surtout la performance au test,
pas « l’intelligence » au sens large. Les études citées plus haut
suggèrent des avantages ciblés chez les gauchers et gauchères –
langage plus bilatéral, créativité, adaptation – sans certitude
d’une supériorité globale. Autrement dit, corrélation n’est pas
destin.
Un point souvent avancé vient du quotidien : un monde pensé pour
les droitiers oblige les gauchers à inventer des solutions, dès
l’école, face aux outils ou gestes mal adaptés. Cet effort constant
nourrit une forme de créativité et de flexibilité mentale utile
quand l’imprévu surgit. Le tableau se précise donc sans trancher
net. Et la question reste ouverte : comment chacun, droitier ou
gaucher, tire le meilleur de son câblage cérébral unique ?