Au Royaume-Uni, les familles qui bichonnent leur coin de verdure
reçoivent un message clair : arrêter net d’utiliser un produit
pourtant présenté comme respectueux de la nature. Dans les jardins,
sur les terrasses et autour des potagers, ce geste devenu banal
serait en train de mettre en péril la petite faune qui y trouve
refuge.

À l’origine de cette mise en garde, un spécialiste britannique
des semences, David Fryer, responsable technique chez Mr
Fothergill’s. Il vise les sprays écolos, ces
pesticides dits naturels que l’on vaporise pour chasser pucerons ou
maladies. Ils sont censés protéger les plantes et même les légumes,
mais leur usage massif inquiète désormais pour une autre raison. Et
les oiseaux en feraient les frais.

Sprays écolos : le produit dans le viseur des familles
britanniques

Un éco-spray reste un pesticide, même si son
étiquette affiche huiles végétales, savons noirs, ail ou piment.
Ces produits sont conçus pour agir sur les ravageurs tout en se
voulant doux pour l’environnement, les animaux de compagnie et les
plantes comestibles. Beaucoup de foyers les utilisent sur rosiers,
massifs ou salades, persuadés d’opter pour la solution la plus
verte.

Le technicien met pourtant en garde : « Même les sprays naturels
ou « éco’ peuvent nuire aux insectes et aux oiseaux que vous voulez
encourager. Laissez plutôt l’écosystème de votre jardin faire le
travail », a déclaré David Fryer, responsable technique chez Mr
Fothergill’s, cité par le média DevonLive. Il ajoute : « Un jardin
favorable à la faune attire naturellement des prédateurs qui gèrent
les ravageurs, comme les coccinelles, les syrphes et les chrysopes,
réduisant complètement le besoin de produits chimiques. »

Pourquoi ces pesticides de jardin menacent les oiseaux et les
insectes

Ces pulvérisations restent dans l’air et se déposent sur les
feuilles, l’eau des soucoupes ou les graines. Or les
oiseaux de jardin possèdent un système
respiratoire très sensible aux particules et aux vapeurs, même
issues de plantes. Ils peuvent aussi ingérer des résidus en
picorant sur une zone traitée ou en buvant une eau contaminée. Les
insectes, eux, meurent ou disparaissent, privant les oiseaux de
nourriture.

Une large étude participative menée au Royaume-Uni a déjà mis en
évidence une chute d’environ 63 % des insectes volants entre 2021
et 2024, sur fond d’usage généralisé de pesticides de
jardin
. Dans des centaines de jardins, ceux où l’on
utilisait régulièrement du glyphosate comptaient en moyenne près
d’un quart de moineaux domestiques en moins, et jusqu’à 40 % en
moins lorsqu’étaient employés certains granulés anti-limaces.

Quelles alternatives pour un jardin
accueillant pour la faune

Pour garder un jardin vivant sans pulvérisateur, David Fryer
conseille de miser sur la diversité végétale : anémones du Japon,
asters, chrysanthèmes, rudbeckias ou sedums prolongent les
floraisons à l’automne quand les pollinisateurs cherchent encore
nectar et pollen. Des haies d’aubépine, de houx ou de viorne
offrent baies et abris aux oiseaux. Si vous possédez déjà des
sprays écolos, mieux vaut ne plus les utiliser en extérieur et les
déposer en déchetterie, comme tout produit chimique, pour que la
transition vers un jardin sans pesticides reste sûre pour la
faune.