Voilà trois ans que le président du syndicat des nappes de la plaine du Roussillon n’avait pas été aussi enthousiaste. Nicolas Garcia l’assure : les pluies de cette fin décembre ont enfin un effet bénéfique sur les nappes des Pyrénées-Orientales. Celui qui est également premier vice-président du Département en charge de l’eau livre ce vendredi 26 décembre 2025 une première analyse des bienfaits pour les terres catalanes.
Selon les premiers chiffres, il a plu autant sur ce mois de décembre que sur toute l’année 2023 sur le secteur de Perpignan-Rivesaltes. Quelles sont les premières conséquences observées sur les nappes ?
Nicolas Garcia : La semaine dernière, nous avons eu l’équivalent d’un mois et demi de pluie en 24 heures. Cette fin de semaine, les pluies ont été copieuses (jusqu’à 150 millimètres juste sur cette journée de vendredi) mais un peu plus étalées. C’est-à-dire que nous avons des accalmies entre les orages, ce qui permet à l’eau de s’écouler et de rentrer dans la terre. Les nappes vont donc emmagasiner de l’eau durant plusieurs jours.

Les pluies de ce mois de décembre sont enfin bénéfiques pour les Pyrénées-Orientales.
L’Indépendant – Michel Clementz
C’est le scénario idéal ?
Presque oui ! Le Réart (entre Montauriol et Canet-en-Roussillon) et la Canterrane (Terrats) coulent abondamment. La nappe la plus critique, où l’unité de gestion nous fait tout le temps défaut, est celle de l’Aspre. Elle se met en charge uniquement quand le Réart et la Canterrane se mettent eux-mêmes en charge. Les pluies de la semaine dernière n’avaient pas eu d’incidence sur cette nappe par exemple. Ce que nous vivons en cette fin de semaine de décembre est une très bonne nouvelle. Nos piézomètres prendront les mesures après les fêtes de fin d’année mais, a priori, nous devrions être tranquilles jusqu’à l’été.
Carrément ?
Je crois oui. Pour bien comprendre : nous avons la nappe superficielle, le Quaternaire, qui se remplit chaque année avec les pluies et les cours d’eau qui se mettent en charge. C’est dans celle-ci que nous pompons en priorité. Dès qu’elle s’épuise, on bascule dans la nappe profonde, le Pliocène. En condition normale, le pompage dans la nappe profonde ne commence qu’au mois d’août. Depuis la sécheresse, il débutait dès le mois de mai. De mon point de vue, les pluies de cette fin décembre devraient nous permettre de passer allègrement le printemps, pour arriver aux portes de l’été sans soucis.
Ces conditions météorologiques ont vraiment été idéales car nous n’avons pas été noyés d’un seul coup
Quelles sont les conséquences de ces pluies sur les barrages ?
Les barrages sont des écrêteurs de crues. Nous ne pouvons donc pas les remplir comme nous le souhaiterions. Normalement, ils doivent commencer à être remplis au mois de janvier, doucement, pour être prêt aux portes de l’été. La seconde bonne nouvelle, c’est d’ailleurs l’élément qui nous tranquillise, c’est qu’il a beaucoup neigé et très bas. Cela nous fera une réserve d’eau au moment de la fonte des neiges. Ce sera le cas pour le barrage de Vinça, qui est alimenté par le Canigó, mais aussi aux Bouillouses. Cela alimentera aussi le massif du Vallespir et le Tech. C’est une vraie sécurité.

Nicolas Garcia est le président du syndicat des nappes de la plaine du Roussillon.
L’Indépendant – Nicolas Parent
Ces conditions météorologiques ont vraiment été idéales car nous n’avons pas été noyés d’un seul coup. Ce sera réellement bénéfique. La semaine dernière, les pluies avaient trempé les terres en ayant un effet minime sur les nappes. Cette semaine, les nappes se rechargent.
Les Pyrénées-Orientales avaient-elles connu un épisode de pluie aussi bénéfique depuis le début de la sécheresse en 2022 ?
Pour moi, entre la pluie abondante et étalée, couplée avec la neige qui est tombée partout, c’est le meilleur épisode que nous ayons connu depuis le début de la sécheresse.
Quelle serait la suite idéale pour le début d’année 2026 ?
Dans un monde parfait, il nous faudrait quelques jours de tramontane à la rentrée pour sécher les feuillages et que nous ne soyons pas obligés de surtraiter pour sauver les productions. Et un printemps un peu pluvieux pour continuer de recharger les nappes serait l’idéal.