Décembre pluvieux, animations perturbées et épisodes cévenols pour terminer… Les commerçants du centre-ville de Montpellier tirent un bilan morose de l’avant Noël, dans un contexte économique déjà très compliqué.
Client échaudé craint l’eau froide, surtout lorsqu’elle tombe sans discontinuer du ciel héraultais à quelques jours de Noël. Et le dernier rush du 24 décembre, sous un soleil retrouvé, n’aura pas suffi à sauver une période de fin d’année bien morne du côté des commerçants des centres-villes de Montpellier.
« Ce qui est perdu est perdu. On ne le rattrapera jamais », résume, amère, la propriétaire de cette boutique d’accessoires féminins de l’Écusson. Chez Le Tanneur, maroquinier de la Grand-rue Jean-Moulin, le moral est aussi en berne. Et les sacs en cuir, pourtant bien placés sur les listes adressées au Père Noël, n’ont pas vu passer beaucoup de prétendantes. « C’est une année pas top. Pas top du tout. Avec des week-ends pluvieux dès le début du mois de décembre et un déluge pour terminer, les gens ne sont pas venus en ville. »
Fermeture du marché de Noël : « C’est une perte sèche »
Derrière son stand de vin chaud, Thierry relativise. « Qu’est-ce que vous voulez y faire ? C’est la météo qui décide, je suis bien placé pour le savoir ! » Le viticulteur du Pouget participe cette année à son premier marché de Noël montpelliérain. Et comme tous ceux de ses voisins, son chalet de la place du Peyrou est resté fermé pendant deux jours, les 22 et 23 décembre, pour cause d’intempéries. « Deux jours de perdus, ce n’est pas rien. Mais je veux retenir le sourire des Montpelliérains contents de nous retrouver. » Valérie, créatrice d’objets en papier, fait ses comptes. « Le marché a ouvert une semaine plus tard qu’en 2024. Même s’il va se poursuivre plus longtemps, cette semaine va nous manquer. Ces deux jours fermés, c’est une perte sèche. Je vais rembourser mon stand mais quand vous investissez autant de temps, c’est pour faire un peu mieux que de rentrer dans ses frais… »
L’épisode cévenol va laisser des traces
En début de semaine, la Chambre de commerce et d’industrie a fait partir une enquête pour mesurer l’impact réel sur le chiffre d’affaires des commerçants du centre-ville. « Il est encore trop tôt pour quantifier les pertes, mais il est évident que l’activité économique a été touchée par la météo capricieuse du mois de décembre, indique la CCI Hérault. Les clients ne viennent pas se promener en centre-ville quand il pleut, encore moins pendant un épisode cévenol. Le temps nous a également contraints à reporter une grande partie des animations de Noël programmées pour dynamiser les rues commerçantes pendant les fêtes. » Des animations que la chambre consulaire annonce vouloir reprogrammer entre Noël et le jour de l’An, même si leur impact sera forcément moindre.
Derrière le comptoir de L’Opuscule, Waldeck Moreau a déjà fait ses comptes. « -30 % de chiffre d’affaires par rapport au mois de décembre 2024, à la même date. » Le libraire indépendant, qui doit quitter son local en janvier et comptait sur les fêtes de fin d’année pour écouler ses stocks, ne mâche pas ses mots. « C’est catastrophique. Le grand rush de Noël n’a pas eu lieu. C’est simple, on a vu passer personne. En six ans, je n’avais jamais vécu ça… »
Une météo favorable aux achats sur internet
Sur le boulevard du Jeu-de-Paume, à deux jours de Noël, Anaïs a bravé le ciel menaçant. Parapluie à portée de main, la jeune femme reconnaît « avoir plus commandé sur internet que les autres années. » « Je le faisais déjà beaucoup, notamment parce que j’offre des cadeaux de seconde main que j’achète sur des plateformes spécialisées. Mais je viens toujours en centre-ville à Noël pour profiter de l’ambiance, des illuminations, des odeurs… Et je repars souvent avec des achats coup de cœur. »
Même constat pour Inès, qui l’accompagne. « Internet c’est pratique, surtout quand il pleut ! Mais il me reste des cadeaux à faire pour certains de mes proches, et je n’ai pas d’idée. C’est typiquement le cas de figure où je dois venir flâner en ville pour trouver l’inspiration. Chaque année c’est pareil, mais je n’avais jamais bouclé mes cadeaux de Noël aussi tard. C’est un peu stressant ! »
Déjà fragilisés par le contexte économique, les commerçants, eux, espèrent que leurs clients joueront les prolongations pendant les vacances, avant de leur donner rendez-vous en janvier, pour des soldes d’hiver qui s’annoncent décisives pour leur trésorerie.
« Les gens viennent mais achètent moins »
« On est peut-être les moins à plaindre car on a un toit sur la tête, mais l’impact est réel. Disons qu’on a sauvé les meubles dans le contexte d’un Noël 2025 très calme », analyse la directrice du Polygone Aurélie Garnier. Si le centre commercial du cœur de ville a enregistré deux journées de forte fréquentation juste avant Noël – « on a fait + 28 % de visiteurs de 23 décembre » – ses boutiques n’ont pas fait le plein, loin de là, « sur les habituelles quatre plus grosses journées de l’année ». Mais au-delà de la fréquentation, c’est le panier moyen des clients qui interpelle Aurélie Garnier. « Il est en baisse, très clairement. Les gens viennent se balader mais achètent moins. Cela s’explique par un pouvoir d’achat en berne, mais aussi par la proximité avec le Black Friday et ses très bonnes affaires. »