«Je est un autre», écrivait Rimbaud. Mais qu’est-ce qui constitue, «objectivement», notre identité? Ce questionnement est au cœur de l’œuvre de Stéphanie Solinas depuis vingt ans. La plasticienne nous accueille devant une curieuse galerie de portraits, la famille Brils, qui ouvre l’exposition Jouer le je, présentée à la fondation Michalski, à Montricher. Que voit-on, dans ces élégants cadres en bois? Les nombrils d’un couple et de leurs deux enfants, moulés en silicone, avec leurs poils synthétiques (pour le portrait de Monsieur). Et si, au lieu de notre visage, notre nombril figurait sur nos papiers d’identité?

Après avoir étudié les sciences sociales et la statistique, poursuivi sa formation par un diplôme en photographie et un doctorat en arts plastiques, Stéphanie Solinas mène des enquêtes en parallèle dans quatre «terrains»: la France, le Vatican, l’Islande et l’Ouest américain, en particulier la Silicon Valley. Elle s’attache aux zones de frottement entre science et croyance, visible et invisible, algorithmes et rêves d’immortalité. L’exposition Jouer le je constitue une traversée de son travail en onze œuvres clés.