Journaliste spécialiste du 7e art à la RTS, Rafael Wolf livre son best-of cinéma de l’année. Portraits d’une Amérique fracturée, d’une jeunesse en quête de liberté ou road-trip techno dans le désert marocain, découvrez dix films qui ne vous laisseront pas indifférents.
« Une bataille après l’autre » (« One Battle After Another ») de Paul Thomas Anderson
En orchestrant, sur plus de deux heures trente sidérantes de tension, la course-poursuite burlesque entre un ancien révolutionnaire désabusé, un militaire raciste et la fille métisse de l’un ou de l’autre, Paul Thomas Anderson brosse le portrait le plus jubilatoire de l’année d’une Amérique tiraillée entre ses pulsions fascisantes et ses idéaux progressistes.
Ou quand le cinéma se hisse à son firmament.
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>> A lire, la critique du film : « Une bataille après l’autre » de Paul Thomas Anderson, géniale fable politique et familiale
« Mektoub, My Love: Canto Due » d’Abdellatif Kechiche
Après un premier volet d’une beauté époustouflante et un second rendu invisible à cause du scandale qu’il a provoqué, Abdellatif Kechiche évite les scènes sexuelles (trop) attendues et se concentre sur l’essentiel, l’instant, l’ici et le maintenant. Sa caméra filme à fleur de peau, capte le moindre frémissement des visages et magnifie une jeunesse qui palpite de liberté.
Plus que virtuose: miraculeux.
>> A écouter, le film « Mektoub, My Love: Canto Due » en débat dans l’émission Vertigo : En débat : « Mektoub, My Love : Canto Due » d’Abdellatif Kechiche / Vertigo / 5 min. / le 3 décembre 2025
>> A lire aussi : « Mektoub My Love: Canto Due » d’Abdellatif Kechiche, la fin de l’innocence
« Oui » de Nadav Lapid
Après son estomaquant « Genou d’Ahed », le plus critique des cinéastes israéliens revient sur l’après 7 octobre 2023 et s’interroge sur les fondations mêmes de son pays à travers un couple de Tel-Aviv laminé par la vulgarité des élites.
Un tourbillon enragé, épuisant, désenchanté où la folie du cinéma est seule capable de rendre compte de la folie du monde.
>> A écouter, un entretien avec Nadav Lapid à propos de son film « Oui » : Entretien avec le réalisateur et cinéaste Nadav Lapid / 19h30 / 5 min. / le 5 octobre 2025
>> A lire aussi : Nadav Lapid: « Avec son bruit et sa fureur, je pense que ‘Oui’ est fait pour secouer des âmes »
« Eddington » d’Ari Aster
Cousin dégénéré du film « Une bataille après l’autre », « Eddington » (resté inédit en Suisse romande) fait bouillir, dans un lent crescendo, la marmite explosive d’une Amérique où tout le monde s’invective au cœur d’une petite ville en pleine pandémie.
Une satire très cynique, volontairement grotesque, joyeusement foutraque, chant d’adieu à une humanité en stade terminal.
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« Un simple accident » de Jafar Panahi
Palme d’or 2025 au Festival de Cannes, le film de Jafar Panahi réussit à livrer un témoignage douloureux des horreurs commises au nom de la République islamique à travers un récit à la tension digne d’un thriller.
Passionnant de bout en bout, le film impose une complexité morale époustouflante et incarne ses questionnements dans une mosaïque de personnages écrits avec une précision extraordinaire.
>> A voir, un sujet du 19h30 sur le film « Un simple accident » : « Un simple accident » de Jafar Panahi, palme d’or, un film politique et audacieux / 19h30 / 2 min. / le 30 septembre 2025
>> A lire, la critique du film : Avec « Un simple accident », Jafar Panahi transforme un petit incident en thriller haletant
« Sirāt » d’Oliver Laxe
Accompagné par son jeune fils, un père qui recherche sa fille aînée croise un groupe de ravers et embarque pour un road trip dans le désert marocain.
Envoûtant, planant, hypnotique, quelque part entre « Le convoi de la peur » et « Mad Max: Fury Road », « Sirat », Prix du jury à Cannes, « Sirāt » adopte des airs de transe mystique au milieu d’un paysage calcaire, ultime danse, rythmée par la musique électronique, d’une humanité qui roule vers nulle part.
>> A voir, un sujet du 19h30 sur le film « Sirât » : « Sirât », le prix du jury à Cannes, le film choc de la rentrée / 19h30 / 1 min. / le 12 septembre 2025
>> A lire, la critique du film : « Sirât » d’Oliver Laxe, un road-trip mystique dans le désert marocain
« Nouvelle vague » de Richard Linklater
En reconstituant très librement le tournage du mythique « A bout de souffle » de Jean-Luc Godard, le réalisateur Richard Linklater évite autant le mimétisme que l’hommage poussiéreux.
Un film en état de grâce, porté par des comédiens merveilleux de fraîcheur, qui s’affirme comme une déclaration de foi vibrante et sublime à l’instantanéité, à l’audace et à la liberté du cinéma dans sa forme la plus pure.
>> A écouter, le film « Nouvelle vague » en débat dans l’émission Vertigo : Nouvelle vague de Richard Linklater / Vertigo / 5 min. / le 8 octobre 2025
>> A lire aussi : Godard ressuscité dans le fascinant « Nouvelle vague » du réalisateur Richard Linklater
« La chambre d’à côté » de Pedro Almodóvar
Pour son premier film tourné en anglais, Pedro Almodóvar réunit Julianne Moore et Tilda Swinton dans un récit de mort et d’amitié délesté de tout pathos.
Un drame en sourdine, épuré, habité par les tableaux d’Edward Hopper et par « Les gens de Dublin » de James Joyce, dans lequel la vie et l’art, le passé et le présent, les vivants et les morts se confondent avec une grâce et une délicatesse bouleversante.
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>> A lire, la critique du film : Pedro Almodovar voit la mort en jaune dans « La chambre d’à côté »
« La trilogie d’Oslo: amour » de Dag Johan Haugerud
Aux côtés de « Rêve » et « Désir », « Amour » apparaît comme le volet le plus riche et le plus émouvant de cette trilogie très rohmerienne aux dialogues intensifs. Baignant dans la lumière chaude d’Oslo, naviguant au rythme des allers-retours en ferry, le film dynamite les clichés et explore les aspirations amoureuses et sexuelles d’une galerie de personnages qui ouvrent le champ à tous les possibles.
Une ode magnifique à la liberté, à l’hédonisme et au présent.
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« Sinners » de Ryan Coogler
Dans une année très faible en blockbusters réussis, cette plongée au cœur du Mississippi, en 1932, s’est avérée la grosse production la plus réjouissante, la plus jouissive et la plus dingue de 2025.
Aussi torride que saignant, un mélange étonnant de film musical endiablé, de film de vampire et de critique du racisme et de l’appropriation culturelle.
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Vous aimez le cinéma, découvrez le débat cinéma diffusé les mercredis dans l’émission « Vertigo »