Eryn a fait l’unanimité, voilà dix jours, sur la scène de l’Espace Julien. En montant sur les planches à 20 heures, elle était inconnue, mais en en descendant à 2 heures du matin, elle était une star.

À 21 ans, la jeune femme qui a grandi entre Marseille et Sisteron a été élue nouvelle Miss Cagole Nomade, le concours lancé il y a cinq ans par l’entreprise d’événementiel éponyme, pour l’année 2026, succédant ainsi à Selena, la Miss 2025. Un triomphe public pour la jeune Miss qui a régalé des centaines de personnes lors de cette soirée, mais aussi intime pour cette jeune femme joyeuse au grand sourire. Car pleine de vie et d’entrain, elle ne l’a pas toujours été. « Si je suis ici, c’est déjà une victoire », a-t-elle prévenu en préambule de son discours pour la finale du concours.

Pendant longtemps, elle a détesté son corps, son apparence, son poids. « La vie m’a mis à rude épreuve », confie-t-elle aussi, puisqu’elle a connu la violence dans sa chair. Elle s’est relevée grâce à ses grandes sœurs, ses amies, sa passion pour la danse, qu’elle pratique depuis ses trois ans, et son amour pour son métier de coiffeuse. À Vinon-sur-Verdon, le village où elle habite, elle a ouvert « son endroit », le salon d’Eryn.

À 21 ans, la jeune femme est une grande adepte des soirées "Cagole Nomade" et rêvait de pouvoir performer sur scène.À 21 ans, la jeune femme est une grande adepte des soirées « Cagole Nomade » et rêvait de pouvoir performer sur scène. / Photo DR – Nairi

Un moyen d’émancipation pour la jeune femme, dans la vingtaine, qui a aussi livré sur scène sa fierté, « fière de son parcours », « fière de la femme » qu’elle est devenue, fière, aussi « d’être une sale conne », en référence au dérapage de Brigitte Macron à la sortie d’un spectacle d’Ary Abittan interrompu par des militantes féministes.

Un monde « où plus personne ne ferait du mal aux femmes »

Eryn est aussi reconnaissante, envers elle-même avant tout, d’avoir surmonté ses peurs pour monter sur scène et se présenter au concours de Miss Cagole Nomade. Elle ne connaissait d’ailleurs pas le concept de ces soirées, où toute la place est donnée aux femmes, notamment pour des performances artistiques, il y a encore deux ans. « C’est ma grande sœur qui m’a embarqué un soir et ça m’a complètement transporté, je me suis sentie libre, de bouger comme je voulais, sans avoir de regard sur moi. Je n’ai par la suite pas manqué une seule soirée », raconte Eryn.

Après une inscription manquée à l’édition du concours l’année dernière, elle a retenté sa chance cette année, pas vraiment en espérant une victoire, mais pour faire passer un message au public : « Si une seule personne dans cette salle se reconnaît en moi, si une seule se dit : ‘Moi aussi je peux m’aimer comme je suis’, alors j’aurai déjà gagné. » En son pour sa performance qui a achevé de convaincre le jury, elle a passé l’hymne Run the world (Girls) de Beyoncé, pour rêver d’un monde « où plus personne ne ferait du mal aux femmes ».

Avec son titre en poche, certes symbolique, elle espère entrer en contact avec des associations de lutte contre la grossophobie et les violences sexuelles pour aider des femmes qui se battent pour les mêmes combats qu’elle.