Étudiants en médecine, externes, internes, jeunes médecins mais aussi plus âgés et même retraités, la manifestation contre la proposition de loi du député Guillaume Garot, a largement rassemblé ce 29 avril entre Grange Blanche et l’Agence régionale de santé, réunissant 1 800 participants selon la préfecture et 4 500 selon les organisateurs. Tous sont vent debout contre l’article 1 de cette PPL qui prévoit de restreindre la liberté d’installation.

« Cela part toujours d’un mauvais postulat. La démagogie de nos parlementaires est une insulte à toute notre profession », dénonce Amin Benkraiem, représentant des étudiants en médecine de Lyon Est.

« Il faut arrêter d’opposer patients et médecins »

« Le problème, c’est le nombre et pas l’endroit », scandent les manifestants. Cette « génération des déserts médicaux » ne veut pas payer pour « les erreurs du passé ».

« À l’hôpital, on passe notre temps à chercher des médecins pour nos patients à leur sortie. La colère des patients est légitime mais il faut arrêter d’opposer patients et médecins », explique Arnaud Ducoudre, président du SAIHL (syndicat des internes de Lyon), interne en psychiatrie alors que France Assos Santé, qui rassemble des usagers de santé, appelle à voter pour la PPL Garot qui sera examinée le 6 mai à l’Assemblée nationale.

Mais cette PPL repose sur des données erronées, pointent les manifestants reprochant aux agences régionales de santé de ne pas faire la différence entre médecin généraliste et médecin traitant. Un certain nombre de généralistes ont un « exercice particulier » et ne sont pas médecins traitants : ils se sont spécialisés en médecine esthétique, du sport ou du sommeil ou encore sont urgentistes dans les centres de soins non programmés.

« Dans le 8e arrondissement, nous sommes en train de faire la liste de l’ensemble des médecins généralistes et quasiment la moitié ne sont pas généralistes traitants. Sur le 7e arrondissement, c’est pareil : on peut penser qu’il y a pléthore de généralistes traitants mais c’est parce qu’il y a SOS Médecins », explique la Dr Florence Lapica, vice-présidente de MG France.

Des généralistes mais peu de médecins traitants

« Dans le 6e arrondissement, l’ARS dit que nous sommes 112 médecins généralistes mais en fait, nous sommes 52. Les autres sont homéopathes, exercent en médecine esthétique… », témoigne également le Dr Michel Till, représentant du syndicat CSMF MG.

« En Auvergne Rhône-Alpes, 80 % du territoire sont des déserts médicaux. Les consultations qui seront faites dans les territoires sous-dotés ne seront pas faites dans d’autres territoires sous-dotés », souligne le Dr Pierre-Henry Juan, président de SOS Médecin Lyon. Conseillé à l’Ordre des médecins du Rhône, Marcel Garrigou-Granchamp, président de la FMF AuRA, se désole de voir que cette année, sur 150 diplômés seuls 2 ont choisi de s’installer en libéral.

« Les politiques ne nous écoutent pas », déplorent les futurs médecins qui avancent des propositions « concrètes » : libérer du temps médical, améliorer la collaboration interprofessionnelle, alléger l’administratif, proposer des mesures d’aides à l’installation et des mesures d’accompagnement pour découvrir les territoires. En 5e année, Amin Benkraiem a signé avec la ville de Nantua pour recevoir une bourse jusqu’à la fin de ses études en échange de quoi il s’installera sur ce territoire pendant quelques années : « C’est la preuve que l’on ne veut pas juste un petit confort et s’installer là où c’est facile mais qu’on est prêts à aller là où on est bien accompagnés. »