Les histoires d’amour finissent mal en général. Ce titre d’un film français de 1993 ou d’un tube des Rita Mitsouko, pourrait parfaitement être le résumé de l’ère Gamyo qu’a vécue le hockey spinalien. L’idylle a très vite atteint des hauteurs vertigineuses après une union scellée dans le marbre quelques mois auparavant. Si ce mariage s’est conclu après quatre ans par un funeste épisode judiciaire faisant retomber le club au plus bas de l’échelle avec la charge de rembourser des dettes, il en reste des moments inoubliables symbolisés par la campagne de play-off du printemps 2015.

Avec des seyantes tenues orange dénotant dans le panorama et un effectif homogène et de qualité, Épinal se portait d’emblée en haut de tableau. La suite est moins flamboyante. Seulement, les phases finales vont remettre les Gamyo dans la lumière en dépit d’un alignement décimé par les blessures. Les Spinaliens vont ainsi réussir à faire tomber le grand Rouen dès les quarts de finale. Ce qui n’était jamais arrivé dans la formule de Ligue Magnus en vigueur depuis 2005. Cette performance, fomentée dans le chaudron bouillonnant de Poissompré (dont la capacité à ce moment-là était limitée officiellement à 1 500 places), représente certainement le plus grand exploit de toute l’histoire. D’autant plus que sa construction est tout aussi mémorable.

« Le tir au but vainqueur, je le revois »

Le lendemain, rebelote avec une explication longtemps incertaine. Il fallait encore en passer par les tirs au but. Après un duel gagné par Vincent Kara, Grégory Beron remettait le couvert pour envoyer les Dragons en enfer et l’emblématique gardien Fabrice Lhenry à la retraite : « On s’était qualifiés tout juste pour les play-offs. Sortir Rouen c’était magique. C’était un ogre. C’était incroyable. Le tir au but vainqueur, je le revois. Cela fait bizarre de reparler de tout ça. Cela provoque toujours quelque chose de spécial », avoue une décennie plus tard Nicolas Martin avec une émotion non feinte.

Derrière, les Gamyo terrasseront Angers en sept matchs. Les forces disséminées en route feront défaut en finale après avoir mené trois manches à une face à Gap : « Nous étions allés au bout de nous-mêmes à chaque fois (23 matchs joués entre le 17 février et 5 avril), il a manqué un peu d’essence », déplorait Nicolas Martin. La suite sera nettement moins réjouissante. Cependant, cela aura incontestablement permis de décupler la cote du hockey spinalien.